L'APW d'Oran multiplie ses rencontres ouvertes à la société civile sur
divers thèmes liés au développement local, en focalisant sur les problèmes
majeurs d'Oran. Après la régularisation foncière, le transport et la
circulation, l'Assemblée locale présidée par Kazitani Abdelhak a mis le doigt,
hier mercredi, sur un autre gros souci collectif de la cité : les constructions
illicites. A l'évidence, si tout juste si on pouvait caresser cette
problématique multidimensionnelle, qui plus est se rapporte à une métropole en
devenir, en une demi-journée à l'hémicycle. L'initiative de l'APW ne se voulait
pas tant une réunion technique participative en quête de mécanismes pour la
lutte contre la bidonvilisation, plutôt qu'une tribune de sensibilisation sur
le phénomène. Même l'Exécutif avait besoin de s'auto-sensibiliser -pour ainsi
dire- sur ce fait très nuisible contre lequel il répète toujours : mener une
guerre sans merci, alors que ce n'est pas toujours le cas sur le terrain. En
réalité, et contrairement au beau slogan « il n'existe pas un Etat d'échéances
et un Etat hors échéances », le fait est là : le dispositif anti-illicite
devient lâche et mou, particulièrement lors des échéances politiques et
électorales, où la paix sociale passe avant tout. Evidemment, quand la maison,
qui peut-être un pied-à-terre, un taudis ou une villa, s'élève et que la
famille s'y installe, c'est le fait accompli : l'Etat est condamné à
régulariser la situation. Ce n'était pas fortuitement d'ailleurs que le wali,
quand il a été invité par le président de la commission de l'Urbanisme et de
l'Habitat de l'APW à introduire la réunion, a posé la question : « les
constructions illicites, c'est une large gamme, qui va de la baraque en
parpaing et zinc à la villa à plusieurs étages. Le thème du débat, me
semble-t-il, ce sont les maisons de fortune, les bidonvilles, comme indiqué par
les photos illustratives figurant sur le polycopié des organisateurs de cette
journée d'étude ». Le chef de l'Exécutif local, Zâalane Abdelghni, a recommandé
de ramener le phénomène à sa juste dimension : « il ne faut ni dramatiser ni
banaliser le sujet ». « Il est vrai que quand on prend dans l'absolu 9 987
constructions illicites recensées dans la wilaya, c'est en fait beaucoup. Mais
quand on fait dispatcher ce chiffre sur les 26 communes, le degré du fléau
devient moins intense, et en général pas alarmant, à l'échelle de la
collectivité locale, laquelle peut en venir à bout s'il y a une vraie volonté
au sein l'APC. Mais si on prétexte à outrance du même refrain des réquisitions
de la force publique, là c'est au moins la passivité municipale pour ne pas
dire la complaisance, voire même la complicité », a reproché le wali. Avant
lui, le président de l'APW, se considérant un acteur tout aussi responsable que
les organes exécutifs dans ce dossier, s'est permis cette autocritique : « nous
ne disposons même pas d'un recensement actualisé des constructions illicites.
En 2007, il y en avait 9 987, réparties à travers 23 communes, soit 149 sites.
Mais c'était il y a 8 ans ! Aujourd'hui, cette quantité a doublé ou même
triplé. Or, il est indispensable qu'on quantifie d'abord le fait avec
précision, et encore davantage qu'on en freine l'évolution ». Pour le wali : «
heureusement qu'Oran a bénéficié d'un programme fort consistant de logements
pour le social, plus de 108 000 unités, qui nous a permis d'atténuer le
phénomène d'habitat illégal. En 2014, Oran a enregistré une distribution
record, 5 001 logements, soit 4 fois ce qui avait été attribué l'année d'avant.
Pour le quartier des Planteurs, à lui seul, il existe un programme spécial et
exclusif de 11 000 logements?Nous avons donc des solutions pour la
résorption des poches de constructions illicites. Ça aurait été catastrophique
si on n'avait pas ces solutions, ces moyens de résorption », a-t-il estimé.