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Les cycles primaire et moyen de l'éducation nationale

par Ali Derbala*

« La connaissance doit nécessairement débuter par les sens? Pourquoi donc commencer l'enseignement par une exposition verbale des choses et non par une observation réelle des choses? ? » COMENIUS (1592-1670)

L'établissement qui accueille les élèves du cycle primaire et où on donne un enseignement est appelé une école. L'enseignement est dispensé en collectif aux enfants d'âge scolaire et préscolaire. Du dictionnaire, le mot école, pris au latin schola, lui-même emprunté au grec skholê, exprime l'idée de loisir.

A l'école est associée les idées de formation, de conduite des enfants (ped-agogie) et d'instruction. Un enseignant du primaire est aussi appelé un maître, un instituteur ou un éducateur. La démocratisation de l'enseignement est un phénomène qui a prit de l'ampleur. Vers la fin des années 50, l'enseignement primaire s'était ouvert aux élèves musulmans. Après l'indépendance de notre pays en 1962, les enseignements moyen et secondaire se sont démocratisés.

A partir des années 80, l'enseignement supérieur a ouvert ses grandes portes pour arriver de nos jours à un nombre de 1.500.000 étudiants. Le cycle primaire est le socle et le soubassement de notre éducation. C'est à partir de ce cycle, que tout se construit chez l'élève. Un élève en âge de scolarité a devant lui, en moyenne, treize ans de scolarité.

Selon Durkheim, l'école doit transcender les rivalités et les conflits et se conformer aux différentes évolutions de la société pour pouvoir y adapter les individus qu'elle doit socialiser. L'école est un instrument de socialisation qui a deux rôles principaux. Le premier est d'unifier la société autour de valeurs générales comme le respect de la patrie, de la raison et de la discipline ; ce rôle est d'autant plus important, selon Durkheim, que les individus sont Naturellement asociaux et que l'individualisme croissant doit être contré par des valeurs et des principes forts.

Le deuxième rôle de l'école est de préparer les individus aux différents emplois ; ils peuvent ainsi exercer des professions différentes de celles de leurs parents [1].

Les écoles où règne la routine ne sont d'aucuns intérêts pour l'épanouissement des élèves. Leurs maîtres ne prennent aucune initiative pédagogique pour améliorer l'audience ou augmenter l'intérêt de l'élève à l'assiduité, ils ne font plaisir qu'à leurs supérieurs. Ils appliquent scrupuleusement les règlements, des écoles sans histoires jusqu'au marasme. Nous avons besoin d'écoles où s'applique des méthodes d'éducation nouvelle. Le maître découvre l'élève, dégage sa personnalité d'utiliser ses dons et de se mettre lui-même au service de la communauté.

 Les maîtres d'écoles vivent une révolution, ils assistent à un mouvement accéléré de l'évolution de l'école. L'auteur de cet article [2], dans le paragraphe intitulé les mathématiques modernes, atteste que : « de nouvelles instructions ont imposé aux enseignants et aux apprenants l'enseignement de la « mathématique». On leur a demandé, et pour la première fois, de communiquer à leurs élèves une science nouvelle et, pour parler crûment, « d'enseigner ce qu'ils ne savaient pas ». Plus de 50% parmi eux ne comprenaient pas grand-chose aux mathématiques modernes».

Ces maîtres sont appelés à enseigner des choses qui ne connaissent pas, ils sont dépassés    

C'est grave ce qui s'est passé et ce qui se passe dans l'éducation nationale. Un enseignant qui ne maitrise pas sa spécialité doit être remercié ou congédié. Et le plus tôt possible.

Dans l'éducation traditionnelle, les rapports de l'enfant aux parents et à l'éducateur reposent sur une hiérarchie qui place l'enfant sous l'autorité ou la dépendance de l'adulte. Dans la vie courante, tout est fait par l'adulte et pour l'adulte. L'enfant doit s'adapter à la vie d'adulte. Il marche presque toujours dans des sentiers déjà battus par ses parents; presque toujours il agit par imitation; mais il ne lui est guère possible de suivre bien exactement les traces de celui qui lui a précédé, ou d'égaler celui qu'il a entrepris d'imiter. Dans l'éducation nouvelle, l'enfant doit s'épanouir librement. L'enfant ne doit pas être traité comme un adulte. Il ne doit pas subir des contraintes dans la vie familiale, dans la vie sociale et scolaire, des contraintes imposées par les adultes et qui ne sont pas adaptées à son âge d'enfant, âge où ses développements physique et moral ne sont pas achevés. Parfois, il est au cœur des contradictions entre les normes universelles, les mœurs, les us, les coutumes et les traditions locale ou nationale. Dans l'éducation nouvelle, le maître n'est pas au premier plan. Il est un observateur attentif, discret et perspicace. Observateur ne désigne pas spectateur.

L'alimentation est un facteur déterminant pour la santé des élèves. Ce n'est pas toutes les écoles publiques qui servent à déjeuner. Le déjeuner doit être préparé selon un « régime alimentaire » qui est constitué de calories, de protéines, du calcium et du fer. Un repas complet sera composé de potage, plat de viande ou de poissons, légumes, dessert, pain et pâtisserie. Une alimentation insuffisante entraîne à la fois un retard dans la croissance corporelle de l'enfant et un retard dans le développement de son système nerveux, ce qui est la cause d'un retard mental absolument certain. Les troubles de la vue sont les plus fréquents des troubles sensoriels décelés par les instituteurs. Les troubles de l'ouïe constituent le moins fréquent des troubles sensoriels signalés toujours par les maitres. Ils atteignent garçons et filles dans la même proportion selon des études statistiques fréquentes. La santé bucco-dentaire est encore importante car les caries dentaires peuvent provoquer des maladies cardiovasculaires, des complications circulatoires et même des problèmes gastriques. Les dents doivent être soignées avant leur dommage. Chez l'enfant, la prévention des caries, des gencives enflammées et saignantes est menée juste en ayant des habitudes quotidiennes, se brosser les dents pendant 2 à 3 minutes après chaque repas.

L'institution scolaire a longtemps été caractérisée par une frontière forte entre deux ordres d'enseignement, primaire et secondaire. L'idée d'un collège unique avec une pédagogie nouvelle, un tronc commun d'enseignement pour tous les enfants de douze à seize ans, n'est pas nouvelle quand, en 1960, elle commence à être mise en œuvre. Le cycle moyen est un système de prise en charge de la totalité des élèves de cette classe d'âge [3]. L'enseignement ne peut pas être collectif puisque les élèves sont différents dans leur rythme de développement. Les élèves doivent étudier avec assiduité. L'accès généralisé au collège conduit à mettre l'accent non plus sur l'inégalité des chances et la mesure de l'accès des groupes sociaux aux différents niveaux d'enseignement, mais sur le problème de l'adaptation des établissements, des contenus des enseignements, des conditions et modalités d'apprentissage. Les enseignants sont tenus de trouver des solutions pédagogiques adaptées au contexte local du collège. Le recrutement massif d'enseignants compétents s'impose pour faire face à l'augmentation des effectifs d'élèves dans les collèges. Même s'ils sont des fonctionnaires de la fonction publique, les enseignants doivent être considérés comme un peu à part. Leur recrutement, leur carrière et leur évaluation ne doivent dépendre que de leurs pairs siégeant dans des instances représentatives de leurs corps. Tous les trois ans, avant l'octroi d'un échelon, il faut imposer une évaluation de tous les enseignants. La communauté éducative doit être constituée des élèves, des enseignants, des travailleurs, des directeurs des établissements, des surveillants, des parents d'élèves et des membres de la mairie territorialement compétente.

La représentation des parents au sein des conseils de classes de collèges et des conseils d'administration doit être instituée. Il faut un engagement en faveur de la gratuité du collège. Les frais d'inscription à l'examen du BEM sont de 1090DA, frais de la poste inclus. Un parent d'élève dans la précarité, par exemple en chômage, peut ne pas être capable de payer cette somme qui peut sembler dérisoire pour certains. Nous suggérons que les frais d'examens soient prélevés sur impôts des taxes des entreprises publiques et privés.

Conclusion

Dans les pays développés, l'éducation est un nouvel outil qualitatif d'évaluation de leur développement. Le PIB, produit intérieur brut, en est l'outil quantitatif de leur richesse. Faut-il vraiment réformer l'école primaire ou le collège ? A l'école primaire, « Lire, écrire, parler et compter » sont les minimums vitaux d'acquisition du savoir. Ils doivent être les slogans des instituteurs. Sans cela, l'élève ne serait pas autorisé à passer au cycle moyen, quitte à le prendre en charge pédagogiquement pour atteindre ce niveau des études. Des cours publics de mise à niveau sont à imposer. Les programmes des études devraient être conçus comme une indication et non comme une obligation. L'orientation des élèves est normalement fonction de leurs aptitudes intellectuelles. Le milieu familial influence lui aussi sur la sélection, indépendante du niveau intellectuel. Les collégiens « bien doués » vont souvent dans l'enseignement secondaire, classique ou moderne, les « moyens » vers les enseignements technique et commercial. Il faut mener une révolution éducative pour produire un élève en avance sur son temps, un élève en avance sur ses besoins. L'Ecole ne doit pas être une fabrique de « ratés » qui resteraient en marge de la Société. Il faut donner aux élèves de ces cycles de bons outils pour faire face aux immenses responsabilités du futur.

*Universitaire

Références

1. Marc Montoussé et Gilles Renard. 100 fiches pour comprendre la sociologie.

Fiche 59 : Le rôle de l'école dans la mobilité sociale. 4e édition Bréal 2009, p.138.

2. Abdelhamid Benzerari. Papa, pourquoi je n'ai pas la bosse des maths ? Le Quotidien d'Oran, Opinion, Samedi 12 septembre 2015, p.16.

3. Marlaine Cacouault et François ?uvrard. Sociologie de l'éducation. Approches, Casbah Editions, Alger 1998.