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Investissements étrangers: Le 'Malaisien Lion Group' veut investir 6 milliards de dollars en Algérie

par M. Aziza

  Bien que le volume des échanges commerciaux entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) se soit élevé à 46,5 Mds USD, durant les 11 premiers mois de l'année 2023, la plupart des investissements européens directs en Algérie restent limités au secteur des hydrocarbures.

C'est le constat qui a été fait par le ministre de l'Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, qui a mis l'accent sur la nécessité de les élargir et de les renforcer pour réduire la disparité qui caractérise les échanges commerciaux entre les deux parties.

Intervenant jeudi dernier, lors d'une conférence intitulée «Explorer les nouvelles opportunités d'investissement et de Nearshoring en Algérie », organisée par la Délégation de l'Union européenne en Algérie, en partenariat avec l'Agence algérienne pour la promotion de l'investissement (AAPI), au siège de la Banque Nationale de l'Habitat à Alger, le ministre a rappelé la nécessité d'élargir et de renforcer les investissements européens en Algérie.

Précisant que «l'Algérie qui a toujours été un partenaire fiable et sûr pour les pays européens, notamment dans le domaine de l'approvisionnement en gaz naturel, aspire à établir des relations de coopération et de partenariat qui répondent à nos aspirations mutuelles en matière de développement économique».

Le directeur général de l'Agence algérienne pour la promotion des investissements, Omar Rekkache, a abondé dans le même sens, affirmant que les guichets de l'Agence algérienne de promotion de l'investissement, depuis sa création en 2022 à ce jour, ont enregistré 7.000 projets d'investissements déclarés, dont 123 sont formulés par des étrangers. Et sur les 123 projets étrangers, 44 d'entre eux sont des investissements directs étrangers (IDE) et 79 sont des investissements étrangers basés sur des partenariats avec des investisseurs locaux.

Selon M. Rekkache, ces chiffres «sont des indicateurs positifs, résultant des réformes initiées par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à améliorer le climat des investissements et reposant sur l'établissement des bases essentielles permettant de restaurer la confiance des investisseurs locaux et étrangers ».

Soulignant le fait que sur les 123 projets, 12 sont des projets d'investissements qui sont inscrits par des européens, il a affirmé qu'en matière d'échanges commerciaux, les pays européens et les pays de l'Union européenne demeurent les principaux partenaires de l'Algérie. Regrettant, cependant, le fait que le volume des investissements européens en Algérie ne répond pas aux objectifs escomptés.

Il dira que ce forum et le projet de «Partenariat euro-algérien pour l'investissement durable » lancé en 2023, constitue une opportunité pour le renforcement de la coopération économique bilatérale entre l'UE et l'Algérie à travers la promotion des IDE et de projets de nearshoring européens, en mettant l'accent sur la promotion de la transition verte, de la sécurité énergétique et de la création d'emplois. Selon le même intervenant, ce projet donne également la possibilité à la partie algérienne de mettre en exergue ses potentialités et rassure ses partenaires sur notamment les réformes entreprises jusque-là, en matière d'amélioration du climat des affaires en Algérie.

M.Rekkache a affirmé, par ailleurs, que plusieurs méga-entreprises discutent de l'implantation de leurs investissements en Algérie, notamment des groupes asiatiques, en citant le géant malaisien «Lion Group » qui veut réaliser de grands investissements en Algérie, d'une valeur de 6 milliards de dollars, qui seront répartis en trois étapes.

Et de préciser que ces entreprises font partie de plus de 100 entreprises étrangères ayant exprimé leur volonté d'investir en Algérie, dont 45 relevant de pays de l'Union européenne. Ces derniers veulent investir dans différents secteurs et activités, tels que les sidérurgies, le métal et l'aluminium, l'industrie manufacturière, l'agroalimentaire, les énergies renouvelables et l'économie circulaire. Il souligne qu'un travail est en cours avec les porteurs des projets proposés, portant examen des mécanismes assurant la mise en œuvre effective de ces derniers.

Pour ce qui est de la promotion des investissements européens en Algérie, M.Rekkache a indiqué qu'il y a eu déjà deux missions qui ont été déjà accomplies, où la délégation algérienne s'est rendue en Belgique et au Portugal, à la rencontre de partenaires. En précisant qu'une troisième mission est déjà prévue dans une semaine en Italie. Il souligne qu'il y a deux à trois pays européens qui comptent plusieurs investisseurs ayant émis le souhait et leur volonté d'investir en Algérie, en citant l'Italie et l'Allemagne.

L'ambassadeur de l'UE en Algérie, Thomas Eckert, a affirmé pour sa part «nous avons vu pendant cette conférence que l'Algérie reste un pays très intéressant qui attire un grand potentiel pour les investissements». «C'est un grand marché, c'est géographiquement proche à l'Europe, il y a plein de facteurs intéressants entre autres la formation et la qualification des jeunes Algériens, ainsi que d'autres indicateurs assez attractifs », a-t-il plaidé.

M. Eckert a, également, souligné «nous avons fait le point aujourd'hui, pour des activités concrètes et opérationnelles en Europe et sur place, avec les Algériens pour que les investisseurs européens investissent en Algérie». En précisant «on l'a fait en Belgique et au Portugal et les résultats étaient extrêmement prometteurs». Il dira encore «je reste absolument convaincu avec nos partenaires algériens que nous allons identifier les potentiels qui vont se réaliser bientôt».

7.000 entreprises nationales activent en Algérie

Le président du Conseil du renouveau économique, Kamel Moula, a indiqué que l'Algérie dispose d'atouts qui l'érigent en une force économique régionale stable, à la faveur de la mutation profonde et globale du système économique. En évoquant la stabilité du système juridique et d'équité entre tous les investisseurs. Un élément fondamental dans l'amélioration du climat des affaires, selon ses propos.

Et d'affirmer que «l'Algérie compte déjà plus de 7.000 entreprises nationales qui activent, cela montre que les investisseurs locaux ont confiance en leur pays et dans le climat des investissements et le climat des affaires, ça ne peut être qu'un gage de confiance pour les investisseurs étrangers», dit-il. Il ajoute qu'en dépit d'une certaine baisse des importations, la facture demeure élevée, d'où la nécessité de travailler ensemble avec l'Union européenne. En précisant que l'Algérie peut bien être «une base arrière pour l'Union européenne» à travers un travail de complémentarité. «Nous avons une main-d'œuvre formée et d'énormes potentialités» pour lancer dans des partenariats et des investissements gagnants-gagnants, a expliqué le responsable.

400.000 diplômés universitaires annuellement dont 32% d'ingénieurs

L'expert en promotion des investissements, Salim Saïfi a mis en exergue devant l'assistance les facteurs et les potentialités de l'Algérie en matière de promotion des investissements, notamment à la faveur des IDE. Entre autres, la stabilité du cadre juridique des investissements, la création de l'agence algérienne des investissements, mais également l'instance du médiateur de la République. Ainsi que les incitations fiscales pour les projets structurants notamment dans les Hauts Plateaux et le Sud du pays.

Un autre facteur fort intéressant pour la promotion des investissements, dit-il, c'est l'indice du développement humain où l'Algérie est classée au 3ème rang en Afrique et au 1er rang dans l'Afrique du Nord. Le plus intéressant, précise-t-il, est le fait qu'on a 400.000 diplômés universitaires annuellement, dont 32% sont des ingénieurs. Précisant que certains d'entre eux travaillent déjà en Europe et dans certaines entreprises européennes à l'étranger.