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En attendant la 2e section pour boucler la boucle: Une 5e ceinture routière bien loin des objectifs

par Houari Saaïdia

«Oui, mais le 5e périph est bel et bien opérationnel », pourrait-on répliquer à la remarque faite par certains, qu'ils soient spécialistes ou pas des thématiques tournant autour de la route, faisant le parallèle entre ce projet et celui de la voie côtière Oran-Arzew, avec comme points communs : un grand investissement (toute proportion gardée), une sacrée cagnotte et, surtout, une infra à moitié réalisée (on a dans un cas comme dans l'autre un petit bout manquant).

Or, que doit-on entendre par opérationnel ? Doit-on donner à ce terme le sens simpliste : mis en service, ouvert à la circulation, praticable ? Il est clair par de simples tournées répétées, à une fréquence de 3 à 4 fois par semaine et à différentes tranches horaires de la journée, sans qu'on ait forcément besoin de recourir à un comptage automatique du flux, que le trafic qui transite par cette « nouvelle » desserte est très faible, voire insignifiant, par rapport à la moyenne prévue par l'étude d'opportunité. On en a fait l'expérience, à plusieurs reprises espacées dans le temps, depuis le coupé du ruban, en juillet 2020, à ce jour. Le constat est là : après près de 4 années, le 5e boulevard périphérique -dit aussi la 2e Rocade-sud- est très en deçà de ses paramètres optimaux en termes de circulation. Il n'existe pas pour l'heure, doit-on le noter, de dispositifs de comptage de véhicules et de mesure de débit sur cette nouvelle liaison autoroutière, mais l'on peut constater à vue d'œil qu'il n'y a pas eu de progression remarquable et continue de la circulation depuis la mise en fonction à ce jour.

Le phénomène logique et tant attendu de rabattement graduel sur cette nouvelle liaison n'a pas eu lieu. Cette boucle autoroutière dont on attendait surtout un effet désengorgeant et un rôle d'axe structurant de la zone d'expansion urbaine et économique de l'agglomération d'Oran orientée vers sa zone est, a plus que déçu. On est à n'en point douter à mille lieues des objectifs et des enjeux fixés par l'étude d'opportunité et de pertinence du projet. On pensait au tout début que par effet de vases communicants, le trafic aura tendance à s'équilibrer sur les périphériques du réseau routier local au fur et à mesure qu'augmentera le flux transitant par la 5e boucle. Et que par un effet résorbant, le rabattement sur la nouvelle connexion allégera progressivement la tension sur le 4e boulevard, en particulier, liaison qui n'est certes pas au bord de la saturation mais qui est sous forte pression quand même. Il n'en est rien. Pour l'heure en tout cas.

L'EXTREME NECESSITE DE LA 2e SECTION POUR RELIER L'EST A L'OUEST

La cause ? Tout laisse à penser que les raisons de cette « contre-performance » de la 2e rocade sont à rechercher dans le fait que cette ceinture routière, la plus excentrée du réseau périphérique d'Oran, est à moitié réalisée. Tout l'intérêt de cette infrastructure autoroutière réside dans sa structure de boucle reliant l'extrémité est d'Oran-ville, à savoir Bir El-Djir, à son extrémité ouest, à savoir Misserghine.

Le reste est une question d'objectifs secondaires, accessoires. A l'instar de la liaison reliant le port d'Oran à l'autoroute Est-Ouest, en cours d'achèvement, la 2e Rocade-sud porte bien son statut de projet « structurant ». En effet, la 5e couronne d'Oran dont la réalisation a été lancée à la mi-2014 est la plus excentrée des boucles ceignant la ville et, en même temps, la seule à joindre d'un seul trait l'Est (Belgaïd) et l'Ouest (Misserghine) et à raccourcir au maximum les distances de banlieue à banlieue, tout en ayant un impact sûr en termes de synergie et de développement, notamment de par l'enrichissement urbain qu'elle entraînerait sur les périmètres qu'elle traversera.

Inscrit dans le cadre du PCSC exercice 2011, ce projet a pour vocation de relier les différentes communes de la région par la bretelle autoroutière d'Oran, d'assurer le raccordement avec la (future) liaison autoroutière entre le port d'Oran et Belgaïd, de connecter la partie Est de la ville à sa partie Ouest, en desservant 7 agglomérations (El Kerma, Sidi Chahmi, El Braya, Hassi Bounif, Sidi El Bachir et Belgaïd). A cela s'ajoutent deux éléments-clés. Premièrement, ce segment autoroutier assure, en plus de sa fonction de transit, un rôle d'axe structurant de la zone d'expansion urbaine, industrielle et touristique de l'agglomération d'Oran, orientée vers sa zone Est.

Deuxièmement, ce projet constitue une pénétrante autoroutière, sachant que la 2e rocade se raccorde avec la bretelle autoroutière d'Oran au PK0+600, assurant ainsi des échanges rapides entre la région Ouest et l'autoroute Est-Ouest. Il faut savoir que l'AP final de ce projet avoisine les 1.100 milliards de cts. Le projet consiste en la réalisation d'une 1re tranche de la rocade sud, dans le cadre du schéma directeur routier du secteur des TP.