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Aménagement du littoral côtoyant la pénétrante portuaire: Un projet mis en veilleuse après tant d'effets d'annonce

par Houari Saaïdia

Alors que la connexion routière côtoyant le rivage par enrochement sur mer et se frayant un long tunnel en falaise en est à sa dernière ligne droite -à en croire en tout cas les derniers engagements en date du maître d'ouvrage pour la livraison de l'infrastructure avant fin 2024- l'opération « accessoire » d'aménagement de tout l'espace adjacent n'a jamais figuré au menu des réunions sous la voûte de l'hémicycle ni au programme des visites de chantiers. Le moins qu'on puisse dire c'est que ce dossier, dont les effets d'annonce n'ont pas été suivis d'actions, a été mis en veilleuse. Ou plutôt remis au fond d'un tiroir, en attendant, peut-être, l'arrivée de la route. Et à quelques mois de cette « mise en marche » de la pénétrante pour son premier tronçon Port-Canastel -ce qui ne semble pas du tout évident a priori- on ne retient toujours de ce fameux projet que le générique, à savoir : valoriser les ressources paysagères que créera sur son passage cette grande voie littorale. S'il est vulnérable, bien qu'il demeure jusque-là un espace clos hors de portée de la ville, le littoral d'Oran-ville n'en reste pas moins très attractif.

Comment préserver et valoriser durablement un patrimoine naturel riche et hautement convoité ? Comment réussir l'équilibre entre protection de cet espace naturel (déjà existant) et développement des activités humaines (qui devront y émerger) ? Telles sont les vraies questions. De toute évidence, l'arrivée de la route -en voie d'achèvement- devant connecter le port d'Oran avec la grande ceinture est-ouest via Canastel, a déjà secoué le cocotier de la vue étroite, ouvert les horizons d'une ville qui veut vivre et s'épanouir, avoir un pied dans l'eau qui lui était longtemps interdit au nom du tout sécuritaire.

PÉNÉTRANTE FIN PRETE AVANT FIN 2024 ?

RIEN N'EST MOINS SÛR

La route, avant même qu'elle ne s'ouvre, apporte déjà donc la délivrance, l'émancipation, la vie, l'effloraison, le développement, le raz-de-marée en sens inverse. Avec, en perspective, beaucoup d'activité, beaucoup d'ambiance, de mobilier multifonctionnel, d'aménagements de tourisme, de détente, de jeu, de loisirs... sur la bordure de son profil autoroutier sur 8 km, côté mer comme côté falaise. C'est en tout cas ce que nous promet la maquette du maître d'œuvre retenu à l'issue d'un concours d'architecture et de paysage relatif à l'aménagement de la zone maritime côtoyant cette pénétrante portuaire. Une mise en concurrence de bureaux d'études qui a permis de choisir le meilleur « look » à donner à la ligne d'effleurement ville-mer, le profil conciliant le mieux environnement littoral et aménagement urbain. Le premier fruit précoce de cette méga-pénétrante est cette plage mi-naturelle mi- artificielle située aux « Genêts », en contrebas de la falaise. Jadis point de baignade sauvage et de pêche à la ligne, cette petite crique située en contrebas de l'escarpement rocheux à hauteur de « Four Point by Sheraton » s'est transformée début 2019 en une station balnéaire 600 mètres sur 100 de plage sablonneuse.

C'est donc le premier jalon d'un ensemble d'aménagements dans cette zone de contact entre la terre et la mer, ou ce qui pourrait être appelé superficiellement une micro-ZET en milieu citadin. Il est par ailleurs tout à fait évident que pour les pouvoirs publics locaux et les aménageurs (publics et privés) le projet de valorisation de cet espace côtier doit contribuer au développement de la ville d'Oran et la promotion de son image. Ce pan d'espace, en effet, constitue une zone restée longtemps à l'écart des évolutions successives qu'a connues la ville et qui concentre un certain nombre de problèmes qu'il devient urgent de résoudre.

Officiellement, il s'agit de faire d'Oran « une ville au bord de l'eau » -ce qu'elle n'a jamais été- de lui permettre d'acquérir ainsi une nouvelle identité et de diffuser une nouvelle image d'elle-même. En attendant d'en savoir plus, on peut supposer qu'il est question de zones résidentielles de haut standing à aménager, des hôtels, des espaces polyvalents pour bureaux, des centres commerciaux et des lieux de loisirs..., le tout autour d'une marina. Par ailleurs, finalisée et devant être soumise à débat depuis plusieurs années, l'étude du plan de réaménagement du port d'Oran en vue de son ouverture sur la ville, sous l'effet d'entraînement que provoquera inévitablement le passage de la pénétrante autoroutière en voie d'achèvement, n'a pas été encore présentée à la wilaya.