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Après le retrait de l'armée sioniste: Découverte d'un charnier dans un hôpital de Khan Younes

par Mohamed Mehdi

Le génocide en cours de l'armée israélienne à Ghaza depuis le 7 octobre 2023 a fait, jusqu'à hier, au moins 34.097 martyrs et 76.980 blessés, a indiqué dimanche un communiqué du ministère de la Santé de l'enclave. Ce bilan comprend, ajoute la même source, pas moins de 48 martyrs et 79 autres blessés recensés au cours des précédentes 24 heures. « De nombreuses personnes sont encore coincées sous les décombres et sur les routes, car les sauveteurs ne parviennent pas à les atteindre», affirme le communiqué.

Le ministère de la Santé de Ghaza rappelle que le bilan des martyrs est probablement bien plus élevé, en raison des milliers de corps encore sous les décombres des bâtiments bombardés par l'armée sioniste. A ces chiffres il faudra aussi ajouter au moins 210 corps de Palestiniens retrouvés, dimanche, dans un charnier à l'hôpital Nasser de Khan Younes, exécutés lors de l'assaut de l'armée israélienne du 7 avril dernier. La découverte de cette fosse commune intervient au lendemain du vote par la Chambre des représentants des Etats-Unis d'une importante enveloppe d'aide militaire, de plusieurs milliards de dollars, destinée à Israël.

L'hôpital Nasser n'est pas le premier établissement hospitalier où des charniers ont été retrouvés après un assaut de l'armée israélienne. Des dizaines de corps ont été déterrés de fosses communes, il y a plus d'une semaine, à la suite du retrait des troupes sionistes des hôpitaux Al-Shifa, et d'autres corps de martyrs ont été retrouvés à l'hôpital Kamal Adwan, deux mois plus tôt. Hier, 198e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, les bombardements de l'aviation militaire et de l'artillerie sionistes ont ciblé plusieurs régions de Rafah, au sud de Ghaza, et du camp Nuseirat, dans le centre de l'enclave.

Les bombardements, menés dimanche à l'aube par l'aviation militaire et l'artillerie, contre plusieurs maisons dans la ville de Rafah, ont fait au moins 16 martyrs, dont 9 enfants, et plusieurs blessés, a rapporté un correspondant d'Al Jazeera qui a précisé que des équipes d'ambulances ont transporté les corps des martyrs et des blessés à l'hôpital Abou Youssef Al-Najjar.

Dans la mi-journée, l'armée sioniste a bombardé une autre maison au nord de Rafah, faisant un blessé, selon Al Jazeera. Dans le centre de Ghaza, un raid israélien a visé une maison à l'ouest du camp de Nuseirat. Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté que cette attaque a fait 2 martyrs et plusieurs blessés parmi les membres de la famille Al-Nuwairi. En Cisjordanie occupée, « au moins 485 Palestiniens ont été tués et 4.900 autres blessés lors d'attaques menées par les forces israéliennes et les colons depuis octobre dernier », a indiqué le ministère de la Santé à Ramallah.

Au moins 210 corps dans deux charniers

Des dizaines de corps de martyrs ont été retrouvés hier dans un charnier à l'hôpital Nasser de Khan Younes, une semaine environ après le retrait de l'armée israélienne qui a mené un assaut contre cet établissement de santé de Ghaza.

Dès l'annonce de la découverte des premiers corps par les équipes de la Protection civile Palestinienne, les chiffres ont grimpé rapidement de 50, à 150, puis 190 avant de passer à 210 à la mi-journée.

Le porte-parole de la Protection civile, Mahmoud Basal, a indiqué, dans un communiqué, que les corps représentaient des Palestiniens de différents groupes et âges, soulignant qu'il y avait encore environ 500 personnes portées disparues lors du massacre de l'hôpital Nasser par les forces d'occupation israéliennes lors de l'assaut mené contre le complexe hospitalier.

« 2.000 Palestiniens ont disparu après le retrait de l'occupation de plusieurs zones de la bande de Ghaza », a ajouté M. Basal qui a rappelé que l'occupation israélienne a recours « de manière systématique et délibérée » aux disparitions forcées contre la population de Ghaza.

Le correspondant d'Al Jazeera English (AJE), Hani Mahmoud, a décrit des « scènes horribles » de la découverte de ces charniers dans la cour de l'hôpital Nasser, après l'intervention de l'armée israélienne du 7 avril dernier. « Parmi les corps figurent des femmes âgées, des enfants et des jeunes hommes », écrit le journaliste.

« Les sauveteurs affirment que certains corps ont été retrouvés dans des sacs en plastique sur lesquels il y avait des écrits en hébreu. Certains ont les mains liées dans le dos et on dirait qu'ils ont été exécutés puis enterrés ici.

Au cours de la dernière demi-heure, nous avons vu un groupe de personnes arriver ici -des parents en pleurs- à la recherche des corps de leurs proches », ajoute encore le correspondant d'AJE.

De son côté, le directeur général du bureau des médias du gouvernement à Ghaza a déclaré à Al Jazeera qu'il s'attendait à la « présence de 700 martyrs dans des fosses communes qui ont été exécutés par l'occupation à l'intérieur du complexe Nasser ».

« Nous avons découvert deux charniers au complexe médical Nasser et nous allons probablement en retrouver d'autres. L'occupation a exécuté des dizaines de personnes parmi les personnes déplacées, les blessées, les malades et le personnel médical », affirme l'intervenant.

« Dans le complexe Nasser, nous avons trouvé des cadavres sans tête, des corps sans peau, et certains d'entre eux se sont fait voler leurs organes », a ajouté le même responsable, qui a appelé à « l'ouverture d'une enquête internationale pour connaître les raisons de la dissolution et de la décomposition des corps de certains martyrs » pour « connaître la nature des armes utilisées ».

Réagissant à l'annonce de cette macabre découverte, le Mouvement de résistance islamique (Hamas) a déclaré, dimanche, que « le charnier du complexe médical Nasser soulève des questions sur le sort de milliers de Palestiniens portés disparus », ajoutant que « les horribles crimes commis par l'occupation n'auraient pas continué sans le soutien politique et militaire de l'administration Biden ».

Le Hamas a également condamné la nouvelle aide militaire américaine à Israël décidée, samedi, par la Chambre des représentants américaine, la considérant comme un « feu vert à la poursuite de l'agression » contre les Palestiniens.

Le Mouvement a également rendu publique une autre déclaration condamnant le crime commis, dimanche, par des colons sionistes contre un secouriste palestinien dans le camp de réfugiés de Nour Shams à Tulkaram.        

« Les crimes des milices de colons extrémistes, commis à l'instigation du gouvernement d'occupation sioniste et sous la protection de son armée terroriste, ne resteront pas impunis », indique le communiqué du Hamas qui a également appelé « le peuple palestinien en Cisjordanie à s'unir et à se solidariser avec les villages ciblés et à les défendre, ainsi qu'à continuer à protéger les villages et les villes par l'intermédiaire des comités populaires ».

A noter qu'au moins 14 Palestiniens ont été tués dans le camp de réfugiés de Nour Shams au troisième jour de l'assaut de l'armée israélienne. Le Club des prisonniers a annoncé, hier, qu'au moins 50 Palestiniens ont été arrêtés dans cette opération qui est toujours en cours. Hier, à Ramallah, une marche à eu lieu pour dénoncer l'attaque sioniste meurtrière contre le camp de réfugiés Nour Shams.