Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Agression contre Ghaza: L'adhésion de la Palestine à l'ONU sur la table

par Mohamed Mehdi

Au 194e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de victimes a atteint 33.899 martyrs et 76.664 blessés, a affirmé mercredi le ministère de la Santé de l'enclave. La même source a expliqué que ce bilan comprend les 56 martyrs et 89 blessés des 6 massacres commis par l'armée israélienne durant les précédentes 24 heures. Selon les Nations unies, plus de 10.000 femmes ont été tuées à Ghaza depuis le début l'agression sioniste. Hier, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a affirmé que l'hôpital Kamal Adwan, un des rares établissements hospitaliers encore partiellement fonctionnel, «accueille quotidiennement 50 enfants» gravement atteints de «déshydratation et malnutrition». «Nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat pour acheminer l'aide à ceux qui en ont besoin à Ghaza», a expliqué le porte-parole de l'OMS. Mercredi, les troupes de l'armée d'occupation sioniste se sont retirées de Beit Hanoun, au nord de Ghaza. Selon des médias palestiniens, les véhicules de l'armée d'occupation israélienne se sont retirés de Beit Hanoun, après une incursion qui a duré plus de 36 heures, au cours de laquelle ils ont assiégé des abris de personnes réfugiées, arrêté un certain nombre d'entre elles et maltraité les habitants.

Plusieurs vidéos diffusées par des Palestiniens de Ghaza montrent de graves scènes de dévastation causées par les forces d'occupation, qui n'ont pas épargné les terres agricoles totalement défigurées au bulldozer, avant de se retirer de la ville de Beit Hanoun.

Hier, les bombardements israéliens ont visé plusieurs régions de Ghaza, du nord au sud de l'enclave.

Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté 7 Palestiniens martyrs d'un bombardement israélien qui a visé, dans la nuit de mardi à mercredi, une maison au centre de la ville de Rafah, au sud de la bande de Ghaza. Le journaliste a précisé que 4 enfants étaient parmi les martyrs du bombardement qui a ciblé une maison de la famille Abu al-Hinud dans le camp de Yabna, dans la ville de Rafah. Plusieurs zones de la ville de Ghaza ont été également soumises à d'intenses bombardements. Des sources palestiniennes, citées par Al Jazeera, ont indiqué que des avions israéliens avaient lancé des raids sur la rue Salah al-Din et le quartier Al-Zaytoun, au sud-est de la ville. Les bombardements ont ciblé aussi la mosquée Abou Bakr Al-Siddiq, dans le quartier Al-Sabra. La chaîne de télévision Al-Aqsa a rapporté aussi des bombardements d'artillerie sur le quartier Al Shujaiya, à l'est de la ville de Ghaza, tôt dans la journée d'hier, faisant 2 martyrs et plusieurs blessés. Un correspondant d'Al Jazeera, citant la Protection civile palestinienne, a fait état de 9 personnes portées disparues dans ce bombardement. Le journaliste a ajouté qu'un raid israélien a frappé les environs de la région de Tal al-Hawa, au sud-ouest de la ville de Ghaza.

Les bombardements du camp de Nuseirat, dans le centre de Ghaza, ont également repris hier, rapportent des sources palestiniennes qui font état de tirs d'artillerie israélienne ciblant le nord du camp. Mardi, au moins 9 Palestiniens sont tombés en martyrs dans un bombardement israélien du camp de Nuseirat, parallèlement à l'opération militaire que mène l'armée sioniste, soutenue par l'aviation et l'artillerie, depuis une semaine.

Hier, des bombardements israéliens sur le quartier de Cheikh Radwan, dans le nord de l'enclave de Ghaza, ont fait au moins 6 martyrs et plusieurs blessés, selon un correspondant d'Al Jazeera.

La Journée du Prisonnier

Des milliers de Palestiniens se sont rassemblés à Beyt Lahm, en Cisjordanie occupée, pour la «Journée du Prisonnier», rapporte la journaliste Nida Ibrahim d'Al Jazeera English (AJE).

Les Palestiniens viennent à Bethléem pour marquer cette journée en mémoire des prisonniers dans les prisons israéliennes. Parmi les manifestants «figurent des familles de prisonniers palestiniens et des enfants des écoles palestiniennes», affirme AJE qui rappelle que cette journée «est l'occasion pour les familles de rappeler au monde qu'ils ont des détenus dans les prisons israéliennes dans des conditions très difficiles». «Ils souhaitent que les membres de leur famille détenus soient inclus dans un accord d'échange de prisonniers, en particulier ceux qui purgent de longues peines ou des peines à perpétuité. Leur seul espoir de retrouver leurs proches réside dans ces accords d'échange», a écrit Nida Ibrahim. Plus de 9.500 prisonniers politiques palestiniens sont actuellement détenus dans les geôles sionistes, dont 3.660 en détention administrative, c'est-à-dire sans procès ni charges retenues contre eux, et 561 autres condamnés à perpétuité. Le nombre de détenus mineurs est estimé à 200 et celui des femmes à 80.A ces chiffres, il faut ajouter celui des détenus de Ghaza arrêtés depuis le début de l'invasion terrestre. Selon le bureau des médias du gouvernement à Ghaza, l'occupation israélienne a arrêté plus de 5.000 Palestiniens de l'enclave.

L'Algérie met en bleu son projet de résolution sur l'adhésion de la Palestine

Mardi, l'Algérie a mis en bleu son projet de résolution au Conseil de sécurité (CS) des Nations unies recommandant à l'Assemblée générale l'admission de l'Etat de Palestine comme membre de l'Organisation des Nations unies. Cette étape étant la dernière avant le vote du projet de résolution par les membres du Conseil de sécurité, indique l'APS. La résolution, rédigée par l'Algérie, est «fermement soutenue par le Groupe arabe» au sein du CS.

Une «mise en bleu» signifie que la date du débat et du vote sur ce projet de résolution a déjà été fixée. Il aura lieu aujourd'hui, jeudi 18 avril, lors d'une séance prévue à 15h (heure de New York), soit à 20h (heure d'Alger).

Immédiatement après la décision algérienne, le Groupe arabe à New York a publié un communiqué exprimant son «ferme soutien» à la demande d'adhésion de l'Etat de Palestine à l'Organisation des Nations unies, soulignant qu'il s'agit là d'»une mesure tant attendue depuis longtemps et qui aurait dû être mise en œuvre non seulement depuis 2011, mais depuis 1948".

Le Groupe arabe a également appelé tous les membres du Conseil de sécurité à «voter en faveur» du projet de résolution présenté par l'Algérie et a lancé un appel aux membres du Conseil à s'»abstenir, au moins, d'entraver cette initiative décisive», estimant que tout rejet signifie «une abdication flagrante de la responsabilité du Conseil de faire respecter les principes de la Charte des Nations unies et du Droit international». Pour le Groupe arabe, l'adhésion à l'ONU «est un pas décisif dans la bonne direction vers une solution juste et durable de la question palestinienne, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations unies».

La déclaration avertit que «le déni de la place légitime de la Palestine au sein de la communauté des nations a duré trop longtemps et qu'il était temps de corriger cette injustice historique et de réaliser les droits inaliénables du peuple palestinien à l'autodétermination, à la souveraineté et à la création d'un Etat». Pour rappel, jeudi dernier, la présidence du Conseil de sécurité avait annoncé qu'aucun consensus n'avait été atteint sur l'initiative visant à obtenir le statut de membre à part entière de l'ONU, malgré le soutien des deux tiers des membres du Comité d'admission des nouveaux membres du Conseil de sécurité. Par ailleurs, hier, la présidence de l'Autorité palestinienne (AP) a dénoncé les déclarations de la représentante des États-Unis auprès des Nations unies, qui a menacé d'utiliser le veto, affirmant que son pays «ne croit pas que l'adhésion à part entière de la Palestine aux Nations unies contribuera à atteindre une solution à deux États au conflit palestino-israélien ».

Le porte-parole officiel de la présidence palestinienne, Nabil Abou Rudeineh, a rappelé que l'État de Palestine a obtenu l'adhésion à l'Assemblée générale des Nations unies en tant qu'observateur en 2012 avec une «majorité écrasante». «Nous avons le droit d'obtenir une adhésion à part entière, sans laquelle la légitimité d'Israël elle-même restera discutable», a-t-il souligné.