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Agression sioniste contre Ghaza: Des milliers de détenus palestiniens «soumis à la torture»

par Mohamed Mehdi

  Au 193e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de victimes de l'agression israélienne s'est élevé, mardi, à 33.843 martyrs et 76.575 blessés, a annoncé le ministère de la Santé de l'enclave, indiquant que l'occupation israélienne a commis durant les précédentes 24 heures, 5 massacres faisant 46 martyrs et 110 blessés.

Hier, l'armée d'occupation israélienne a poursuivi ses opérations terrestres au nord du camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza, pour le sixième jour consécutif. Des avions israéliens ont bombardé des maisons et des bâtiments résidentiels au nord du camp de réfugiés de Nuseirat, a indiqué un correspondant d'Al Jazeera, ajoutant que des raids ont également ciblé la ville d'Al-Maghraqa, également au nord du camp Nuseirat.

Au moins trois personnes sont tombées martyrs et des dizaines d'autres ont été blessées dans les bombardements israéliens de Nuseirat, dans un bilan annoncé à la mi-journée par la même source. Les bombardements ont, par ailleurs, concerné différentes zones de l'enclave, y compris Rafah, dans le sud, Jabalia au nord, et la ville de Ghaza au centre.

On dénombre au moins 8 martyrs dans un bombardement israélien visant une voiture de police dans le quartier de Tuffah, dans le centre de la ville de Ghaza, affirme encore Al Jazeera. Un correspondant de la chaîne a également rapporté que plusieurs Palestiniens sont tombés en martyrs et d'autres ont été blessés dans un bombardement israélien qui a visé la mosquée Chouhada Al Fakhoura à l'ouest du camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de Ghaza. A Rafah, au sud de l'enclave, un bombardement de l'occupation israélienne visant une maison dans le quartier de Tal al-Sultan, à l'ouest de la ville, a fait, dans un premier bilan, 3 martyrs et plusieurs blessés.

Toujours dans le sud de Ghaza, la Protection civile palestinienne a déclaré que ses équipes ont retrouvé les corps de 15 martyrs palestiniens tués par l'armée israélienne, dont des enfants, dans différentes zones de la ville de Khan Younes.

Dans le nord de Ghaza également, des véhicules de l'armée israélienne ont fait une incursion dans les zones orientales de la région de Beit Hanoun, ont assiégé une école abritant des personnes déplacées, et tiré sur différentes parties de l'école. On signale aussi que l'armée sioniste a coupé les communications et l'internet dans la ville de Beit Hanoun.

Ghaza vulnérable aux maladies infectieuses

Le ministère de la Santé à Ghaza a annoncé ses craintes que les générateurs des quelques hôpitaux opérationnels de l'enclave cessent de fonctionner en raison du manque de carburant et de la coupure d'électricité toujours en vigueur depuis le 7 octobre dernier.

De son côté, la municipalité de la ville de Ghaza a indiqué qu'environ 90.000 tonnes de déchets se sont accumulées dans les rues, ce qui a entraîné la propagation de nombreuses maladies parmi les citoyens.

Un communiqué de «International Rescue Committee» (IRC) a confirmé, mardi, cette situation à Ghaza affirmant que la population est confrontée à «la famine, la malnutrition et des épidémies de maladies infectieuses».

«Aucun hôpital de Ghaza ne fonctionne plus. Le personnel de l'IRC et ses partenaires à Ghaza continuent de constater la dévastation des installations sanitaires restantes», a déclaré le Dr Seema Jilani, conseillère technique principale en santé pour les urgences à l'IRC.

«Alors qu'il n'y a pas eu d'épidémies à grande échelle à Ghaza depuis plus de dix ans, la population est désormais vulnérable aux maladies infectieuses telles que la grippe, le Covid, la pneumonie, la dysenterie bactérienne, le choléra, la polio, la rougeole et la méningite», a ajoute Dr Jilan.

L'IRC a également réitéré son appel en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et d'un accès sans entrave à l'aide afin d'éviter l'effondrement total de la santé publique dans la bande de Ghaza assiégée.

3.000 détenus de Ghaza dans les prisons israéliennes

Depuis le début de l'agression sioniste, «les forces israéliennes ont arrêté au moins 3.000 résidents palestiniens de Ghaza, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées, ainsi que des professionnels tels que des médecins, des infirmières, des enseignants et des journalistes», indique un rapport publié, lundi, par Al Mezan Center for Human Rights (Al Mezan).

L'enquête d'Al Mezan révèle que des milliers de détenus de Ghaza sont «soumis à de multiples formes de cruauté, de torture, de traitements inhumains et dégradants dès leur arrestation et tout au long de leur détention dans les centres d'interrogatoire», et que cela se produit «sans aucun contrôle judiciaire ni protection juridique», dans une «atteinte flagrante du droit international humanitaire», affirme Al Mezan.

La même source estime que le risque est encore plus grand pour plus de la moitié de ces détenus, 1.650 plus exactement, ont été internés «en vertu de la loi sur les combattants illégaux».

Cette catégorie de détenus sont mis dans un «isolement total» dans les prisons de Nafha et du Néguev (Ketziot), ajoute la même source qui fait état d'une «décision de la justice israélienne» interdisant la «divulgation d'informations» à leur sujet et leur déniant le droit de désigner un avocat ou de bénéficier d'une représentation légale.

Al Mezan explique la « ‘'loi sur l'incarcération des combattants illégaux'' -introduite en 2002 et modifiée pour la dernière fois en décembre 2023- accorde au chef d'état-major général de l'armée israélienne le pouvoir d'incarcérer des individus sans inculpation sur la base de soupçons selon lesquels ils sont des ‘'combattants illégaux''».

Le document affirme aussi que «300 autres résidents palestiniens de Ghaza, dont 10 enfants, qui ne sont pas actuellement détenus en vertu de la loi sur les combattants illégaux, sont détenus dans les prisons d'Ashkelon et d'Ofer dans l'attente d'une enquête ».

Des «récits poignants» obtenus par des avocats d'Al Mezan, auprès d'environ «40 détenus dans les prisons d'Ashkelon et d'Ofer», font état de «torture et de traitements inhumains dès le moment de leur arrestation». «Ils ont été forcés de se déshabiller, de porter un bandeau sur les yeux et de se faire attacher les poignets. Ils ont également été brutalement battus, privés de sommeil pendant plusieurs jours, privés de nourriture et délibérément affamés en guise de torture et de punition collective».

Issam Younis, Directeur général d'Al Mezan, a déclaré : «les preuves et témoignages recueillis par notre avocat révèlent un niveau de représailles et de torture qui manque de tout semblant d'humanité. Ce qu'Israël fait aux détenus palestiniens fait partie de son génocide contre le peuple palestinien. Il est impératif de mettre fin à ce génocide et de garantir que les responsables d'actes génocidaires odieux répondent de leurs actes. Le Procureur de la Cour pénale internationale doit émettre rapidement des mandats d'arrêt contre les personnes impliquées dans des crimes internationaux tels que définis par le Statut de Rome, notamment le génocide et les crimes contre l'humanité de torture et de persécution».