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Fédération nationale des éleveurs: L'importation de moutons, une «action salvatrice»

par M. Aziza

Après avoir importé des moutons de Roumanie destinés à l'abattage, durant le mois de Ramadhan écoulé, l'Algérienne des viandes rouges (Alviar) aurait reçu l'autorisation d'importer 100.000 têtes de bétail de Roumanie pour l'Aïd el-Adha, selon les déclarations de la Fédération nationale de viandes, rapportées par différents organes de presse.

Le vice-président de la Fédération nationale des éleveurs, Amrani Brahim, a fait savoir dans une déclaration au « Le Quotidien d'Oran », que la décision de recourir à l'importation des moutons destinés à l'abattage ou à la vente est « une action salvatrice ». « Pas seulement pour faire baisser les prix et rendre la viande rouge accessible aux consommateurs, mais surtout pour protéger notre cheptel de disparition », dit-il, en précisant que « notre cheptel a été fortement impacté par les effets de la sécheresse au cours des trois ou quatre dernières années ». Sans oublier, souligne-t-il, « l'abattage illégal des femelles productives, des vaches, des brebis et des chèvres qui sont souvent égorgées et cédées à travers des boucheries à des prix souvent inaccessibles pour beaucoup ». Pourtant, souligne-t-il, la loi n° 88-08 du 26 janvier 1988 relative aux activités de médecine vétérinaire et à la protection de la santé animale, interdit l'abattage à des fins de boucherie, des animaux reproducteurs, femelles et géniteurs. Il est bien mentionné dans son article 83, qu'en cas d'infraction, les animaux abattus ainsi que toutes leurs parties sont saisis. Et en cas de récidive, les contrevenants sont passibles d'une amende évaluée au triple de la valeur de la saisie. Les responsables du département de l'agriculture avaient déjà évoqué la préparation d'un projet de loi criminalisant l'abattage des femelles du cheptel comme les brebis et les vaches, justement pour mettre fin à ce genre de pratiques irresponsables.

M. Amrani affirme que « l'importation conjoncturelle des moutons pour l'Aïd el-Adha va non seulement nous permettre de faire baisser les prix, mais va surtout nous assurer une régénération de la production et de la productivité du cheptel qui a sérieusement régressé dans les fermes et chez les éleveurs, à hauteur de 50 à 60% ».

Et de rappeler que les éleveurs ont été confrontés à de sérieux problèmes en raison de la sécheresse qui a entraîné une réduction drastique des sites de pâturage et de production fourragère. « On avait l'habitude d'avoir une année mauvaise due à la rareté des pluies, mais on avait la possibilité de récupérer l'année d'après, mais cette fois-ci, la sécheresse a duré dans le temps, trois à quatre ans, c'est beaucoup.

Si on se contente de notre propre production pour satisfaire nos besoins, notamment en période de pic de consommation de cheptel ovin (durant le Ramadhan et l'Aïd el-Adha), on va ainsi condamner notre production. On va ainsi aggraver la situation avec un grand risque d'extinction de nos races locales », explique notre interlocuteur qui souligne qu' «il est vrai que l'importation des moutons n'est pas du tout à la faveur des éleveurs, mais il faut toujours faire primer l'intérêt national sur les intérêts personnels ».