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Agression contre Ghaza: Des centaines de personnes exécutées à l'hôpital Al-Shifa

par Mohamed Mehdi

Au 178e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le bilan des victimes s'alourdit à 32.845 martyrs et au moins 75.392 blessés, a annoncé, lundi, le ministère de la Santé de l'enclave assiégée. Ces chiffres prennent en compte les 63 martyrs et les 94 blessées au cours des bombardements de la précédente journée. Rappelons également que le nombre de martyrs ne comprend pas celui d'environ 8.500 corps restés sous les décombres depuis les premières attaques du 7 octobre 2023.

Hier, lundi, l'artillerie israélienne a bombardé plusieurs maisons à l'ouest de la ville de Ghaza, selon un correspondant d'Al Jazeera.

Le journaliste a également fait état d'explosions dans les régions ouest et est de la ville de Khan Younes au sud de l'enclave.

Par ailleurs, un bombardement israélien visant une voiture dans le camp de Nuseirat, au centre de Ghaza, a fait 2 martyrs et des blessés.

A Rafah, au moins 5 martyrs sont tombés et plusieurs autres blessés dans des bombardements israéliens à l'est du gouvernorat frontalier avec l'Egypte. Des blessés ont été également signalés par un correspondant d'Al Jazeera lors du largage de paquets d'aide humanitaire tombés sur la plage de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Ghaza.

Selon le ministre chypriote des Affaires étrangères, Constantinos Kombos, des «navires transportant des centaines de tonnes d'aide» s'approchaient (hier) de Ghaza. Kombos a déclaré à l'agence Associated Press que les «trois navires avaient reçu l'autorisation de commencer à décharger leur cargaison».

Selon l'association caritative américaine World Central Kitchen, citée par Al Jazeera English, «les navires Jennifer, Open Arms, Ledra Dynamic et une barge transportent suffisamment de plats prêts à cuisiner pour préparer plus d'un million de repas». Ajoutant que les produits acheminés comprennent du riz, des pâtes, de la farine et des légumes en conserve.

Massacre à l'hôpital Al-Shifa

L'armée sioniste a annoncé lundi son retrait de l'intérieur et des environs du complexe médical Al-Shifa, dans la ville de Ghaza, après un énième siège qui a duré 13 jours. Ce que l'armée israélienne appelle des «activités opérationnelles dans la zone de l'hôpital», ce sont les corps de «centaines de personnes exécutées qui ont été retrouvées après le retrait de l'armée sioniste», indiquent des sources médicales à Al Jazeera Arabic (AJA)

Des témoins et des images diffusées par la chaine Al Jazeera montrent un état catastrophique de l'hôpital et des alentours. Des images d'un immense champ de ruines et de morts à l'intérieur du complexe médical Al-Shifa, où plusieurs milliers de Palestiniens déplacés avaient trouvé refuge. Des vidéos circulant sur Internet montrent des bâtiments lourdement endommagés et carbonisés, des monticules de terre remués par des bulldozers et des malades gisant sur des brancards dans des couloirs sombres.

Pour le Croissant-Rouge palestinien (PRCS), Al-Shifa est «totalement hors service». Son représentant, Raed al-Nims, a déclaré hier que les forces israéliennes ont «exécuté de nombreux civils» dont les corps jonchent le sol de l'hôpital al-Shifa, et que plusieurs services ont été «incendiés».

«La situation est désastreuse. Le personnel médical, dont certains ont été tués, d'autres torturés, d'autres sont actuellement détenus, et surtout, ils ont été assiégés pendant deux semaines sans aucun matériel médical, ni même de nourriture ou de l'eau», a déclaré al-Nims à Al Jazeera.

Le PRCS affirme que «plus de 30 hôpitaux de la bande de Ghaza ont cessé de fonctionner». «Les hôpitaux restants souffrent d'un manque de ressources et d'une surpopulation de patients. L'occupation israélienne cible systématiquement le personnel médical», a ajouté al-Nims.

De son côté le porte-parole de la Protection civile à Ghaza, Mahmoud Basal, a déclaré que «l'occupation a exécuté des civils menottés, a rasé au bulldozer toutes les tombes entourant le complexe médical de Shifa et en a déterré les corps. «Aujourd'hui, il est devenu évident que toutes les personnes dont nous avions reçu des appels à l'aide ont été martyrisées au complexe médical d'Al-Shifa. Il est difficile de compter le nombre de martyrs, car l'occupation a rasé les routes au bulldozer et enterré les corps à l'intérieur et autour du complexe». Il a ajouté que les équipes de la protection civile n'étaient pas autorisées à éteindre les incendies allumés à l'hôpital, qui ont causé d'immenses dégâts.

Dans un communiqué rendu public hier, le Hamas a réagi au retrait des forces israéliennes de l'hôpital Al-Shifa, affirmant que «l'administration américaine et le président Biden personnellement responsables des crimes, des massacres et de la destruction systématique de la vie civile dans la bande de Ghaza».

«Nous appelons les instances judiciaires internationales, en particulier la Cour pénale internationale, à entamer les procédures d'enquête sur les crimes et les atrocités qui se sont produits dans le complexe médical d'Al-Shifa», affirme encore le communiqué du Mouvement Hamas.

MSF : l'hôpital Al-Aqsa cible d'une attaque aérienne

Par ailleurs, le ministère de la Santé à Ghaza a lancé un appel d'urgence à la «communauté internationale» pour tenter de «redémarrer l'hôpital Nasser». «Nous appelons les institutions internationales à déployer des efforts pour redémarrer l'hôpital Nasser à Khan Younes et protéger les établissements de santé».

«La fermeture de l'hôpital Nasser privera les patients de l'accès aux soins et constitue un coup dévastateur pour les services de santé, qui sont tombés à leurs niveaux les plus bas», affirme la même source.

A l'hôpital Al-Aqsa la situation n'est guère meilleure. Dimanche, le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré qu'une équipe de l'organisation se trouvait dans l'enceinte de l'hôpital Al-Aqsa lorsque l'armée israélienne a pris pour cible une tente de journalistes dans la cour.

L'organisation Médecin Sans Frontières (MSF) a affirmé, lundi, dans une publication sur X, que son équipe travaillant à l'hôpital Al-Aqsa a dû «se mettre à l'abri» lorsque le complexe a été la cible d'une attaque aérienne israélienne dimanche. MSF a ajouté que la zone située juste à l'extérieur de l'unité d'urgence avait été touchée par les bombardements. L'équipe de MSF fournit des soins médicaux et chirurgicaux aux plaies à l'hôpital, le seul endroit du centre de Gaza à proposer des soins de traumatologie. L'organisation a réitéré son appel à un cessez-le-feu «immédiat et durable». Selon Al Jazeera English (AJE), l'attaque contre l'hôpital Al-Aqsa a fait au moins «4 martyrs et 17 blessés».

Pour le journaliste Tareq Abou Azoum, correspondant d'AJE à Rafah, «la destruction du complexe médical Al-Shifa «mettra la pression sur les hôpitaux du sud». «Seuls 4 hôpitaux restent fonctionnels dans le sud de Ghaza avec des capacités minimales», affirme le journaliste. Et d'ajouter : «Nous parlons de quatre hôpitaux qui fournissent des soins médicaux à plus de 85% de la population de Ghaza. Cela signifie qu'il y aura beaucoup plus de pression sur ces hôpitaux qui fonctionnent actuellement à trois fois leurs capacités officielles».