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Le virage à ne pas rater

par Abdelkrim Zerzouri

L'Industrie automobile en Algérie n'est qu'au stade du montage. C'est une réalité imposée par l'urgence de répondre à une forte demande qui a placé au second rang l'exigence du taux d'intégration pour les constructeurs automobiles autorisés à produire des véhicules localement et, surtout, par l'absence d'un tissu industriel dans la sous-traitance, qui ne peut pas exister sans avoir à qui vendre ses produits.

Sur le plan réglementaire, tout a été fixé par un décret présidentiel paru au Journal officiel N°67 du 18 octobre 2023, et ce, en application des dispositions de l'article 5 du décret du 17 novembre 2022, fixant les conditions et modalités d'exercice de l'activité de construction de véhicules. Ainsi, il est stipulé que le taux d'intégration, fixé à 40 %, est calculé sur la base de la somme des taux contributifs des ensembles, sous-ensembles et/ou accessoires, fabriqués localement et intégrés dans la construction de véhicules, lesquels ensembles, sous-ensembles et accessoires doivent être fabriqués localement par le constructeur ou par les sous-traitants, conformément à la réglementation en vigueur. Mais, dans la pratique, on n'en est qu'au stade de la planification pour la mise en place de ce tissu industriel constitué de sous-traitants qui devraient contribuer, à terme, à la création d'une véritable industrie automobile, comme l'exige la vision des autorités dans ce domaine, pour éviter les erreurs du passé qui ont permis l'installation de chaînes de montages des pièces importées, avec un taux de zéro intégration.

Dans ce sillage, le ministre de l'Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun a affirmé, dimanche, qu' «actuellement, des centaines d'opérateurs locaux sont en train de se positionner pour devenir des fournisseurs des industries automobiles dans différents domaines d'activités, dont une vingtaine sont en mesure de produire pour le secteur automobile, certains ayant même abouti à un contrat de prestation-fourniture avec des constructeurs automobiles après une phase d'accompagnement-homologation».

La sous-traitance concerne, a-t-il détaillé, les composants-produits constitués de siège, de câblage, tapis d'étanchéité, joints d'étanchéité, pièces en plastique, pneumatique, pièces en caoutchouc, batteries, peinture et solvants, vitrage, sellerie, fuseaux de câbles et pièces usinées. Est-ce qu'il ne serait pas plus intéressant encore de lancer des sous-traitants dans des domaines autres que mécaniques, vu que la technologie avec ses logiciels s'intègre intimement dans l'industrie automobile, voire qui façonne son avenir ? C'est un terrain propice à l'éclosion des startups, et une autre manière de rattraper les retards en investissant dans ce créneau vierge.

Pour le moment, le taux contributif des ensembles, sous-ensembles et/ou accessoires, reste limité à la fabrication locale de sièges, câblage, tapis d'étanchéité, joints d'étanchéité, pièces en plastique, pneumatiques, pièces en caoutchouc, batteries, peinture et solvants, vitrage, sellerie, fuseaux de câbles et pièces usinées, mais est-ce que cela exclut du champ d'intégration d'autres ensembles et sous-ensembles électroniques qui sont indispensables dans les nouveaux modèles de véhicule, sans parler des véhicules électriques qui sont bien garnis en logiciels qui usinent l'avenir de l'Industrie automobile ? Un virage à ne pas rater.