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Ghaza: La Chine, la Russie et l'Algérie rejettent une résolution américaine « inadéquate »

par Mohamed Mehdi

Le bilan des victimes de l'agression sioniste à Ghaza a atteint 31.988 martyrs et 74.188 blessés, jusqu'à jeudi, date de publication par le ministère de la Santé des derniers chiffres sur les massacres commis par l'entité sioniste depuis le 7 octobre dernier.

L'armée israélienne a continué ses intenses bombardements durant les journées de jeudi et de vendredi faisant des dizaines de martyrs et davantage de blessés, dans différentes régions de l'enclave de Ghaza.

Hier, vendredi, 168e jour de l'agression israélienne, l'armée de l'occupation a continué d'encercler le complexe médical d'Al-Shifa, dans la ville de Ghaza, pour le cinquième jour consécutif, après un énième assaut de cet hôpital depuis le début des opérations terrestres en novembre dernier. Selon Al Jazeera English, le nombre de victimes à Al-Shifa depuis lundi dernier a atteint au moins 160 martyrs. Vendredi, les bombardements israéliens avaient repris tôt dans la matinée sur plusieurs zones de la bande de Ghaza, notamment à Rafah au sud, à Deir al-Balah, dans le centre, et sur différentes zones de la ville de Ghaza. Un correspondant d'Al Jazeera a déclaré, hier, que 8 Palestiniens sont tombés en martyrs tôt dans la journée de vendredi, à la suite d'un raid israélien visant une maison qui abritait un grand nombre de personnes dans le quartier d'Al-Nasr, au nord-est de la ville de Rafah, dans le sud de Ghaza. Le journaliste a ajouté que parmi les martyrs se trouvaient 3 enfants et 3 femmes, sans compter de très nombreux blessés, dont l'un était dans un état critique, précisant que les personnes visées dans la maison étaient des déplacés de Khan Younes. Un correspondant d'Al Jazeera a également rapporté le martyr de 10 Palestiniens dans le bombardement de la maison de la famille Al-Quqa au nord-ouest de Ghaza et a également confirmé que l'armée d'occupation avait lancé un raid près du carrefour Al-Shabi'a, dans le centre de la ville.

Des bombardements d'occupation de l'ouest de la ville de Ghaza ont fait plusieurs martyrs et des blessés, a également indiqué Al Jazeera. Le bombardement a visé une maison près de la mosquée Al-Soussi dans le camp Al-Shati. Le correspondant a précisé que l'armée israélienne bombardait constamment les zones occidentales de la ville de Ghaza.

Durant la journée de jeudi, l'armée sioniste a bombardé une voiture dans la ville de Bani Suhaila, à Khan Younes, dans le sud de Ghaza, faisant au moins 3 martyrs et des blessés dans l'explosion. Durant la même journée, le bombardement de l'armée sioniste contre une maison de la famille Abu Al-Arabi, à l'ouest du camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza, a fait au moins 9 martyrs et plusieurs blessés, affirme un journaliste d'Al Jazeera ajoutant que de violents bombardements ont également visé la zone d'Al-Matahin, au sud de Deir Al-Balah. Le journaliste a aussi confirmé que l'artillerie de l'occupation bombardait des bâtiments résidentiels dans la rue Al-Rashid et dans la zone portuaire, à l'ouest de la ville de Ghaza.

Al-Shifa: 160 martyrs au 5e jour de l'assaut sioniste

Le siège de l'hôpital Al-Shifa par l'armée israélienne s'est poursuivi vendredi pour le cinquième jour consécutif. Plus de 160 personnes ont été tuées et 600 arrêtées au cours de l'opération. Parmi les personnes arrêtées figurent également des membres du personnel médical et des personnes déplacées dans cet hôpital de la ville de Ghaza où se réfugiaient plusieurs milliers de déplacés. En plus des personnes tuées par l'armée sioniste, au moins 13 malades ont été tués après avoir été privés de médicaments, d'oxygène et de nourriture, par l'armée israélienne, a affirmé le bureau des médias de Ghaza. A proximité du complexe Al-Shifa, les bombardements israéliens continus provoquent la destruction de plusieurs maisons voisines. Le correspondant a également expliqué que les forces d'occupation faisaient exploser et incendiaient un certain nombre de maisons du côté nord des environs du complexe Al-Shifa. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé, dès jeudi soir, avoir perdu le contact avec le personnel de l'hôpital Al-Shifa. Tedros Adhanom Ghebreyesus a écrit sur la plateforme X (ex-Twiter) : « Nous recherchons des informations sur l'état des patients et s'ils reçoivent les soins nécessaires ». « Il est désormais impossible d'accéder à Al-Shifa et des informations font état d'arrestations et de détentions d'agents de santé. Nous le répétons encore une fois : les hôpitaux ne sont pas des champs de bataille. Ils doivent être protégés conformément au droit international humanitaire », a-t-il ajouté dans plusieurs tweets.

Observatoire Euro-Med: Israël commet des crimes à Al-Shifa

L'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme a déclaré, hier, que l'armée de l'occupation israélienne mène une « horrible campagne qui verse le sang des civils palestiniens dans la ville de Ghaza », « incendiant leurs maisons et leurs biens ». L'Observatoire a documenté des informations faisant état de «crimes systématiquement commis par les forces israéliennes dans la ville de Ghaza au cours des dernières 24 heures», notamment des « homicides prémédités, des exécutions extrajudiciaires, des coupures de communications et des bombardements intenses visant les zones et les maisons entourant le complexe médical Al-Shifa ». L'Observatoire ajoute que l'armée d'occupation a arrêté environ 400 personnes, parmi lesquelles des personnes déplacées, des équipes médicales et des journalistes, les a forcées à être complètement dénudés et les a torturées pendant l'enquête, avant de les habiller avec de minces vêtements blancs, tandis que plus de la moitié des détenus ont été transférés sous la menace et de manière dégradante dans des camions et des véhicules militaires vers des centres de détention israéliens.

Selon les témoignages cités, « les attaques israéliennes ont également consisté à fouiller à nu les civils et à les utiliser comme boucliers humains », à « attaquer des maisons d'habitation, à procéder à des arrestations arbitraires et à torturer des résidents, notamment des femmes et des enfants, qui ont été forcés d'évacuer sans la présence de membres masculins de leur famille vers les zones centrales et méridionales de la bande de Ghaza, avant d'incendier leurs maisons ». Une des témoins, Roula Saad a déclaré : « Nous avons vu la mort sous nos yeux. Ils ont pris d'assaut le bâtiment résidentiel où réside ma famille et soudain nous avons trouvé 50 soldats armés au milieu du salon. Ils ont ordonné aux hommes de se déshabiller et aux femmes de les suivre. Ils nous ont emmenés au premier étage, où ils ont placé les hommes dans une pièce à côté de nous avant de les emmener à l'hôpital Al-Shifa. Quant à nous, les femmes, ils nous ont ordonné de descendre et de nous diriger vers les zones sud de la bande de Ghaza ».

Echec d'une résolution américaine favorable à Israël

Le Conseil de sécurité de l'ONU était convoqué vendredi à une réunion pour voter sur un projet de résolution américain qui affirme l'« impératif » d'un cessez-le-feu à Ghaza, sans le demander clairement, et qui appelle à la « libération sans conditions » des otages. Bien avant le vote, il était clair que le projet de résolution allait échouer étant donné que plusieurs membres du Conseil de sécurité avaient exprimé leur insatisfaction de la « formulation », qui ne va pas jusqu'à « exiger » un cessez-le-feu. Sans surprise, trois pays, la Chine, la Russie et l'Algérie ont rejeté le projet de résolution des Etats-Unis. Amar Bendjama, ambassadeur de l'Algérie auprès des Nations unies, a déclaré que le texte était « inadéquat » et « ne tenait pas compte des immenses souffrances endurées par les Palestiniens ». Le représentant de l'Algérie reproche au texte américain de ne pas citer l'entité sioniste comme responsable des carnages qui ont lieu depuis près de six mois.

«Ceux qui croient que la puissance occupante israélienne choisira de respecter ses obligations juridiques internationales se trompent. Ils doivent abandonner cette fiction ».

Le représentant de la Chine au Conseil de sécurité, Zhang Jun, a également critiqué le projet de résolution américain sur Ghaza, affirmant qu'il a « éludé la question la plus centrale, celle du cessez-le-feu ».

« Le texte final du projet de résolution américain reste ambigu et n'appelle pas à un cessez-le-feu immédiat », affirme le représentant de la Chine. « Cette résolution ne répond pas aux attentes de la communauté internationale », a-t-il ajouté. « Le projet américain, au contraire, pose des conditions à un cessez-le-feu, ce qui revient à donner le feu vert à la poursuite des massacres, ce qui est inacceptable », affirme encore M. Jun. « Le Conseil de sécurité s'agite et n'a pris aucune mesure pour cesser le feu à Ghaza.

Ce qui compte maintenant, c'est l'action visant à parvenir à un cessez-le-feu et à promouvoir une solution permanente à la question palestinienne », conclut le représentant de la Chine. La Guyane, seul pays membre à s'être abstenu lors du vote, a déclaré que le texte proposé « manquait d'attribution dans un certain nombre de domaines clés ». « À qui s'adresse la demande de respect des obligations découlant du droit international ? Qui empêche l'utilisation de tous les itinéraires disponibles vers la bande de Ghaza ?

Qui ne respecte pas les mécanismes de déconfliction et de notification ? », s'est interrogée l'ambassadrice Carolyn Rodrigues-Birkett, la représentante de la Guyane.

« Nous connaissons les réponses à ces questions... Pourquoi alors les demandes pertinentes de cette résolution n'ont-elles pas été clairement adressées à la puissance occupante, ne serait-ce qu'une seule fois ? », a-t-elle ajouté.