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Agression sioniste: Israël continue d'affamer Ghaza

par Mohamed Mehdi

  Le ministère de la Santé de l'enclave de Ghaza a annoncé dimanche que l'armée de l'occupation israélienne a commis 9 massacres, durant les précédentes 24 heures, faisant 90 martyrs et 177 blessés. Ce bilan porte à 30.410 le nombre de martyrs et à 71.700 celui des blessés depuis le 7 octobre 2023.

Le ministère de la Santé a également précisé, hier, que 2 autres personnes, parmi les 760 blessés de l'attaque meurtrière de jeudi contre un convoi humanitaire, près de la ville de Ghaza, ont succombé à leurs blessures au Complexe médical al-Shifa, portant à 118 le nombre de martyrs de cette attaque. «Le nombre de victimes pourrait encore augmenter car des dizaines de personnes souffrent de blessures potentiellement mortelles en raison d'une grave pénurie de fournitures médicales», affirme encore le communiqué. Assurée de son impunité et du soutien inconditionnel des Etats-Unis, l'entité sioniste a continué, hier, à cibler les convois humanitaires. On estime à au moins 8 martyrs après qu'Israël a bombardé un camion d'aide à Deir el-Balah dans le centre de l'enclave de Ghaza, selon l'Agence palestinienne d'information Wafa. Le correspondant d'Al Jazeera a déclaré que l'occupation avait bombardé le camion humanitaire à Deir al-Balah avec deux missiles, «alors même qu'il portait des signes clairs indiquant qu'il transportait de l'aide».

Le journaliste a confirmé que le bombardement du camion humanitaire a eu lieu alors que les citoyens se rassemblaient autour, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de victimes. Le directeur du Bureau des médias du gouvernement à Ghaza, Ismail Al-Thawabta, dans une interview à Al Jazeera, a dénoncé le nouveau massacre commis par l'occupation à Deir Al-Balah en visant un camion humanitaire, affirmant que cet acte barbare «s'inscrit dans le cadre de la guerre d'anéantissement en cours que commet Israël».

Des dizaines de martyrs

L'armée sioniste a mené dans la nuit de samedi à dimanche plusieurs dizaines de raids aériens sur Khan Younes, dans le sud de l'enclave de Ghaza. Al Jazeera rapporte, citant le journal israélien Yedioth Ahronoth, que l'armée d'occupation «a lancé plus de 50 frappes aériennes sur Khan Younes en seulement 6 minutes». Le journal a également confirmé que l'armée israélienne avait entamé une (autre) opération terrestre dans la ville de Hamad, au nord de Khan Younes. Pour rappel, le déluge de bombes et de missiles sur ce gouvernorat du sud de Ghaza est incessant depuis la fin décembre 2023.

A Rafah, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté, hier à la mi-journée, que le nombre de martyrs des bombardements israéliens, au cours des précédentes 24 heures, s'est élevé à 31 martyrs et des dizaines de blessés, dont des enfants. Hier, la Protection civile palestinienne était toujours en train de récupérer les personnes coincées sous les décombres d'une maison de trois étages à l'est de la ville de Rafah.

Au nord de la ville de Ghaza, le bombardement de deux maisons dans le camp de Jabalia et dans la zone d'Al-Saftawi, a fait 20 martyrs, durant la nuit de samedi à dimanche, dont les corps ont été transférés à l'hôpital Kamal Adwan qui est déjà hors service. A Khan Younes également, les villes de Hamad et d'Al-Qarara, étaient assiégées hier depuis les premières de la matinée par l'armée israélienne, en préparation à une incursion dans les zones du nord, selon un correspondant d'Al Jazeera. La même source a indiqué que les habitants des deux zones demandaient à être évacués.

Des médias locaux, cités par Al Jazeera, ont rapporté que des avions israéliens diffusaient des messages exigeant des habitants de se déplacer vers d'autres endroits, que l'armée a auparavant bombardés. Les villes de Hamad et d'Al-Qarara sont déclarées des «zones de batailles».

Hôpitaux dans un état lamentable

Le nombre d'enfants décédés est passé à 15 martyrs des suites d'une grave déshydratation et de malnutrition, ainsi que du manque de soins et de carburant à l'hôpital Kamal Adwan, au nord de la bande de Ghaza, en raison du blocage de l'aide humanitaire par l'entité sioniste, a déclaré dimanche le ministère de la Santé. La même source a exprimé ses craintes pour la vie de 6 autres enfants, souffrant de grave malnutrition et de déshydratation, en soins intensifs à l'hôpital Kamal Adwan. Par ailleurs, un porte-parole de l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à Deir Al-Balah, au centre de Ghaza, a déclaré dimanche à Al Jazeera que «le nombre de patients dépasse 5 fois le nombre de lits de l'hôpital». «L'hôpital est le seul disponible dans le Gouvernorat Central. Nous avons accueilli plus de 70 blessés, depuis hier samedi. Nous appelons le monde à mettre fin à l'agression et à fournir une aide à la population et des fournitures médicales», a-t-il ajouté, expliquant qu'il y a un «grand nombre de martyrs et de blessés sur le site de l'attaque (dimanche, ndlr) du camion à Deir al-Balah».

De son côté, le Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a déclaré que l'occupation poursuit son siège et son ciblage de l'hôpital Al-Amal à Khan Younes «pour le 42e jour consécutif», ajoutant que cela a conduit une grave détérioration des conditions dans cet hôpital. «Les réserves de nourriture et de carburant ne sont pas suffisantes pour plus d'une semaine. Alors que la quantité d'eau potable restante ne suffit que pour trois jours», affirme le PRCS qui alerte aussi sur «la propagation de maladies infectieuses parmi les personnes déplacées en raison de l'accumulation de déchets». La même source fait état également du «manque de produits de base tels que le lait, les couches et les langes pour les bébés», ainsi que «la pénurie de consommables médicaux, de médicaments pour les maladies chroniques et de fournitures de laboratoire».

Largage d'aide par les États-Unis : Une «opération de relations publiques»

Plusieurs organisations humanitaires ont estimé que les efforts du gouvernement américain seraient bien plus utiles en exerçant des pressions sur Israël pour qu'il ouvre davantage de points de passage terrestres et assure la sécurité afin que l'aide qui passe par ses frontières terrestres puisse effectivement être distribuée.

De nombreuses ONG demandent également aux États-Unis de ne pas larguer par voie aérienne du matériel sur Ghaza, car ils estiment que cela est dangereux pour les personnes qui se trouvent sur le terrain.

Les largages aériens sont «presque le pire moyen d'acheminer l'aide», a déclaré un ancien responsable américain des secours en cas de catastrophe. «On ne recourt aux largages aériens que lorsque quelque chose au sol nous empêche d'utiliser de meilleurs moyens de transport», a déclaré à Al Jazeera Jeremy Konyndyk, président de Refugees International et ancien responsable des secours en cas de catastrophe dans les administrations de Barack Obama et de Joe Biden. Ces largages «sont très coûteux» et «trop dangereux», parce qu'il y a «beaucoup de choses qui peuvent mal tourner au moment d'atteindre le sol», en plus «ils ne fournissent qu'un très petit volume d'aide».

«Il faut se demander pourquoi c'est nécessaire. Eh bien, c'est nécessaire parce qu'au cours des cinq derniers mois, l'offensive militaire israélienne a rendu pratiquement impossible l'existence d'opérations humanitaires normales à Ghaza», a ajouté M. Konyndyk. Ajoutant : «Ils pourraient ouvrir davantage de postes-frontières, mais ils ont refusé de le faire. Même les deux points de passage du sud qui sont ouverts ont vu leur volume diminuer au cours des dernières semaines».

De son côté, Mohamad Elmasry, analyste à l'Institut de Doha pour les études supérieures, a déclaré à Al Jazeera que la décision des Etats-Unis de larguer de l'aide par avion est une «opération de relations publiques» qui est «grossièrement inefficace».

«Ils vont larguer l'équivalent de deux camions d'aide, alors que Biden vient de dire que des centaines de camions sont nécessaires chaque jour», a ajouté M. Elmasry.

Le Conseil de sécurité approuve un projet proposé par l'Algérie

Les membres du Conseil de sécurité ont approuvé, samedi soir, à l'unanimité un projet de déclaration à la presse proposé par l'Algérie après l'horrible massacre commis par l'armée d'occupation dans la ville de Ghaza contre des civils palestiniens qui attendaient l'aide humanitaire, a indiqué hier l'APS.

Dans une déclaration à la presse sur le récent incident meurtrier dans la ville de Ghaza, publiée samedi soir, les membres du Conseil de sécurité ont exprimé «leur profonde préoccupation face aux informations faisant état de plus de 100 morts et de centaines de blessés, notamment des personnes blessées par balles, comme l'a confirmé le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, lors d'un incident impliquant les forces israéliennes au cours d'un grand rassemblement entourant un convoi d'aide humanitaire au sud-ouest de la ville de Ghaza». Les membres du Conseil de sécurité ont exhorté l'entité sioniste à «maintenir ouverts les postes frontaliers pour permettre à l'aide humanitaire d'entrer à Ghaza», à «faciliter l'ouverture de points de passage supplémentaires pour répondre aux besoins humanitaires à grande échelle» et à «soutenir l'acheminement rapide et sûr des articles de secours à la population dans toute la bande de Ghaza».

Le Conseil de sécurité a aussi appelé à s'abstenir de priver la population civile dans la bande de Ghaza des services de base et de l'assistance humanitaire indispensables à sa survie, exprimant sa «profonde préoccupation quant à l'estimation du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) selon laquelle les 2,2 millions d'habitants de Ghaza seraient confrontés à des niveaux alarmants d'insécurité alimentaire aiguë».