« Dans l'unité de nos nations repose l'avenir glorieux de nos peuples. »(1)

L'histoire de l'Algérie, depuis la Numidie jusqu'à la Révolution du 1er Novembre 1954, a toujours été caractérisée par un troc de sang de Chouhada, offert en sacrifice sur l'autel de la liberté en contrepartie d'une souveraineté totale jalousement défendue... ! Cette terre sacrée qui avait abrité et accueillit les êtres humains sans distinction ethnique ou religieuse en leur permettant d'y vivre heureux durant des siècles comme le confirme élogieusement feu Roger Hanin2 , dans ce témoignage: « Je suis juif et je dois une gratitude éternelle à l'Algérie d'avoir gardé sur sa terre et dans sa chair, des centaines de milliers de Juifs pendant des siècles et des siècles jusqu'à l'arrivée des Français, qui ont trouvé en envahissant le pays une communauté israélite intacte, heureuse et différente. »3

Chemin révolutionnaire faisant, la crue du sang coulant sous les ponts des sacrifices – y compris de la Seine de Maurice Papon, l'illusionniste de liberté, égalité, fraternité – a fini par emporter la délégation française jusqu'aux abords d'Evian pour y rencontrer, forcée par les héritiers légitimes du Groupe historique des 22, la délégation du GPRA présidée par Krim Belkacem et composée de : Taïeb Boulahrouf , Saâd Dahlab, Mohamed Seddik Benyahia, Benmostefa Benaouda, Redha Malek, Lakhdar Bentobal et M'Hamed Yazid. Bien qu'elle ne soit formée que dans les monts des Aurès, Djurdjura, Ouarsenis, Djebel Amour..., cette dernière a su gérer les discussions des Accords d'Evian au grand dam des énarques et ceux formés dans les prestigieuses et spéciales écoles supérieures françaises !

En effet, les négociateurs français, qui convoitaient les richesses du sous-sol et ambitionnaient de préserver les sites pour les essais nucléaires, voulaient imposer une indépendance d'une Algérie amputée de son Sahara... ! Cependant, tant s'en faut, ils se heurtèrent à une Algérie jalouse de tous les grains de sable, constituant son polygone étoilé !

Deux grands évènements majeurs caractérisèrent cette circonstance historique !

En premier lieu, les manifestations du 27 Février 1962, à Ouargla, la capitale des Oasis, qui constituèrent une force décisive qui avait balisé le terrain pour les négociateurs algériens, pour affirmer fermement la position algérienne sur l'intégrité territoriale, socle de la souveraineté et l'unité nationale comme stipulé dans la Déclaration sacrée du 1er Novembre 1954 !

En second lieu, une anecdote racontée par le ministre des Affaires étrangères du GPRA et membre de la délégation algérienne, Saad Dahleb, Rabbi Yarhmou. Il déclara dans une interview réalisée par la Télévision algérienne consacrée aux sources de Novembre, que voyant que les négociations se heurtaient sur le sujet du Sahara que la délégation française le considérait comme français, il se leva de sa place et à la stupeur de tous, alla rejoindre cette dernière non sans justifier son acte en disant : puisque le Sahara est français et vu que je suis originaire du Sahara, je ne sais pas ce que je fais avec la délégation algérienne ! Un acte dont la charge sémantique avait incontestablement bouleversé la donne des négociations... !

Aujourd'hui, le 27 février 2024, qui coïncide tant avec l'inauguration de la Grande Mosquée d'Alger, un symbole de « l'État algérien souverain, démocratique et social, dans le cadre des principes islamiques », qu'avec la poursuite de l'édification de l'Algérie nouvelle, comme l'a stipulé la déclaration du 1er Novembre 1954 et l'avaient souhaité nos chouhada !

Alors, ne sommes-nous pas dans le devoir et le droit d'espérer que cette date historique du 27 février soit une fête et officialisée comme Journée de l'Unité nationale ? La philosophe Simone de Beauvoir4, signataire du manifeste des 121, explique la fête nationale comme suit « La fête nationale est le moment où notre histoire et notre avenir se rencontrent dans un élan de fierté et d'espoir ».

Il est grand temps ! Vivement le 27 février journée de l'Unité nationale ! Amen...



*Dr. Maitre des conférences, Université Kasdi Merbah Ouargla

Notes

1- Simon Bolivar, Général, Homme d'Etat, Homme politique, Militaire, Président (1783 - 1830)

2- Roger Hanin, acteur, réalisateur, producteur et écrivain français, né le 20 octobre 1925, à Alger et mort le 11 février 2015 à Paris.

3- Roger Hanin, l'Humanité, culture et savoir, publié le 1.04.99.

4- Simone de Beauvoir, (1908-1986), philosophe, romancière, mémorialiste et essayiste française.