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Professionnalisme en Algérie: Des milliards évaporés sans contrepartie !

par M. Zeggai

En juillet 2020, la Direction de contrôle de gestion et des finances (DCGF) de la FAF a relevé 1.000 milliards de centimes de déficit cumulé, pour les clubs de la Ligue 1 professionnelle, dans le cadre des examens effectués par cette structure depuis son installation en octobre 2019. L'attaquant soudanais Chiboub, l'ex-attaquant du CSC, réclame 3 milliards 500 millions de centimes après avoir eu gain de cause dans le litige qui l'a opposé à son ancien club de Cirta. La JSK a été obligée de payer la somme d'un milliard 200 millions de centimes à son ex-coach tunisien, Zelfani, et 530 millions de centimes à Fakhri pour «licenciement abusif». Le NAHD a été contraint par la FIFA de payer 3 milliards 600 millions de centimes au joueur mauritanien Yali Dellahi. Sans compter le DRB Tadjenanet qui a cumulé, selon une source proche du club, au fil des années, une dette d'environ 400.000 euros auprès de certains joueurs étrangers qui ont fini par obtenir gain de cause auprès de la FIFA. Nabil El Kouki, l'entraîneur tunisien actuel du CRB, réclame, selon certaines informations, de son ancien club, l'ES Sétif, la bagatelle de 272.000 euros représentant ses arriérés. L'autre technicien tunisien, Kaïs Yaâgoubi, exige trois milliards de centimes pour résilier son contrat. A l'USMBA, on parle de dettes accumulées par le club auprès de la Chambre nationale de résolution des litiges (CNRL) avoisinant les 31 milliards de centimes. A Annaba, on parle d'une ardoise de 27 milliards de centimes de l'USM Annaba.

Le CAB Bordj Bou Arréridj, lui, a, paraît-il, dépassé les quinze milliards de centimes de dettes. Le MCO avoisine les 14 milliards de centimes à la situation arrêtée au mois d'avril dernier par la CNRL. Le MC Saïda a cumulé, selon un proche du club, des dettes de l'ordre de neuf milliards de centimes. Pour sa part, le RC Relizane enregistre un déficit de 23 milliards de centimes au mois de février dernier. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, tous ces clubs sus-cités ont totalement échoué sur le plan sportif et se retrouvent aujourd'hui dans le lot des équipes appelées à disparaître du concert du football national. Il est certain que si les instances concernées avaient exercé des contrôles périodiques dans la gestion financière des clubs, la situation ne serait pas arrivée à son paroxysme.

La gestion catastrophique des affaires des clubs algériens a plongé les fans dans le désarroi mais n'a jamais suscité la réaction des concernés pour exiger des comptes et mettre fin à ces incohérences dans la gestion qui risquent de mettre à mal le sport-roi en Algérie. Des sociétés sportives par actions doivent de l'argent à beaucoup de joueurs et entraîneurs, poussant les plaignants à saisir le tribunal arbitral du sport pour recouvrer leurs droits. L'Etat doit intervenir avant la mise en application du cahier des charges, élaboré par la CAF et la FIFA pour l'octroi de la licence professionnelle.

Car, chez nous, du professionnalisme, il n'y a que le nom. Sinon comment expliquer que les sociétés sportives, devant être en principe à caractère commercial et posséder des actions, existent uniquement grâce aux subventions de l'Etat ? En somme, la gestion catastrophique de nos clubs est tellement confuse qu'il est très difficile de parvenir d'équilibrer le rapport recettes-dépenses et assainir par la même la situation financière. Une véritable faillite généralisée à tous les niveaux et pratiquement tous les clubs sont déficitaires avec des milliards évaporés et une gestion à l'emporte-pièce, une situation qui a vraiment trop duré et qui constitue un frein au développement du football en Algérie. Il est donc grand temps de prendre les mesures qui s'imposent. « Aux grands maux les grands remèdes », dit un adage populaire.