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Les salaires et la quadrature vicieuse du cercle

par Abdou BENABBOU

La confirmation par le président de la République des augmentations des salaires et des allocations chômage est une bonne nouvelle pour les ménages à quelques semaines de la rentrée sociale. On ignore leurs ordres de grandeur mais ils constituent en soi une aubaine pour que le pouvoir d'achat soit arrondi un tant soit peu en cette période de crise économique pénible obligeant le monde entier à plier ses genoux. Insuffler un léger mieux dans les salaires vient à point pour une large population qui a déjà l'esprit braqué sur une flambée des prix inouïe présagée de tous les frais scolaires se liguant et amplifiant la grande douleur des élémentaires et inévitables besoins, imposée par le marché des produits de première nécessité.

Mais on ne peut occulter en la circonstance un débat permanent accaparant avec force responsables politiques et économistes de tous les bords les enjoignant à départager avec sérieux et circonspection l'élan de largesse financière d'un gouvernement et ce que produit son peuple comme richesse nécessairement soumise à l'équité du partage.

Le président Tebboune note que sa décision est due à une bienfaitrice nouvelle aisance de la tirelire nationale. Des détails et des précisions sont attendus pour que l'on sache comment elle sera appliquée. D'ores et déjà on devine que le secteur public sera le premier bénéficiaire de la mesure. Or la problématique des salaires n'est pas simple et en la matière les acteurs créateurs et producteurs de richesse sont censés être les premiers concernés. Le privé a régulièrement occupé une place prépondérante dans l'activité économique du pays. Cependant, les crises successives et l'enfer de la pandémie l'ont sérieusement atrophiée. Des milliers de travailleurs ont embrassé le chômage et des unités de production privées ont été fermées. Dès lors, il n'est pas anodin que l'allocation chômage soit aussi concernée par la nouvelle largesse du Trésor algérien.

Si la paix sociale doit être une préoccupation majeure pour tous, les accommodements décidés quel qu'en soit le prix ne sont qu'un investissement passager à court terme et ne peuvent constituer une arme pour une dynamique pérenne pour l'économie.

Il est certain que des efforts conséquents et variés, législatifs et financiers ont été consentis au secteur productif privé. Mais, il semble que la contrariété de l'absence du génie créateur a mis un bémol à ces nombreux efforts. Cette quadrature vicieuse du cercle est sans doute un des vrais problèmes du pays.