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Assassinat de trois Algériens à Bir Lahlou: L'Algérie saisit les organisations internationales

par R.N.

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, a saisi jeudi dernier plusieurs organisations internationales pour leur souligner «la gravité extrême de l'acte de terrorisme d'Etat en question qu'aucune circonstance ne saurait justifier».

«L'acte de terrorisme d'Etat en question » est pour rappel, l'assassinat le 1 er novembre dernier, «de trois ressortissants algériens en territoire sahraoui libéré par les forces d'occupation marocaines », comme rapporté jeudi par un communiqué de la présidence de la république. Les messages du MAECNA ont été envoyés au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, au Président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, au Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Ahmed Aboul Gheit, et au Secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique, Youssef Ben Ahmed Al-Othaimeen. Tout porte à croire que l'Algérie a opté, du moins pour une première action, pour la saisine des organisations internationales en vu de les prendre à témoin en les informant de ce fâcheux et grave événement et pour les amener en conséquence, à en faire porter la responsabilité au royaume du Maroc sur la base des premiers éléments que Lamamra a mis dans ses messages. "L'emploi par l'Etat occupant d'un armement sophistiqué meurtrier pour entraver la libre circulation de véhicules commerciaux dans un espace territorial sur lequel il n'a aucun droit, constitue un acte de fuite en avant porteur de risques imminents pour la sécurité et la stabilité au Sahara Occidental et dans toute la région", leur a fait savoir le chef de la diplomatie algérienne. Ceci étant dit, Lamamra n'a pas manqué de leur noter "la volonté et la capacité de l'Algérie d'assumer ses responsabilités en matière de protection de ses ressortissants et de leurs biens en toutes circonstances".

«Accusations et menaces» de l'entité sioniste

Les entrevues accordées jeudi dernier par Lamamra aux ambassadeurs accrédités auprès de l'Algérie l'ont été certainement pour donner davantage de précisions à la communauté internationale sur la mort des trois civils algériens dans les territoires libérés du Sahara Occidental. La présidence de la république a affirmé dans son communiqué que «leur assassinat ne restera pas impuni". Le même jour, une dépêche de l'APS, l'agence officielle de presse, a prévenu dans ce sens que « l'implication du makhzen dans l'assassinat de trois ressortissants algériens(?) aura atteint le paroxysme de ses provocations directes et indirectes contres l'Algérie et franchi avec son impudence habituelle, une spirale de tension, qui risque d'ouvrir la voie à toutes les éventualités, mais dont le prix sera très cher payé ».

Après la rupture par l'Algérie le 24 août dernier de ses relations diplomatiques avec le Maroc, son refus de toute médiation ou toute tentative de rapprochement entre les deux pays, sa décision d'interdiction de survol de son espace aérien par tout aéronef marocain, le président de la république a tenu il y a quelques semaines à souligner que "l'Algérie sait bien ce que coûtent les guerres, car elle compte des millions de chouhada. Nous sommes un peuple résistant qui ne cherche pas la guerre, mais plutôt la paix. Cependant, celui qui cherche la guerre...celui qui nous agressera, le regrettera amèrement".

Au-delà de toutes les provocations du royaume rappelées par les autorités algériennes, celles toutes récentes de l'été dernier qui ont été exprimées à Rabat sous forme d'accusations et de menaces contre l'Algérie par la voix du ministre des affaires étrangères aux côtés de son homologue marocain, Nacer Bourita, en sont les plus dangereuses. L'assassinat des trois algériens est venu, si besoin est, en démontrer le danger et le péril.

La normalisation avec Israël et l'étincelle de la guerre au Maghreb

«L'emploi par l'Etat occupant d'un armement sophistiqué meurtrier » pour l'assassinat des trois civils algériens, comme noté par la présidence de la république et le MAECNA, est une précision qui peut à elle seule désigner implicitement un instigateur qui a, sans nul doute, décidé de mettre le feu dans la région du Maghreb comme il le fait déjà au Moyen-Orient depuis de très longues années et dans plusieurs pays arabes et musulmans. L'entité sioniste a dû jouer un rôle décisif dans cette escalade marocaine contre l'Algérie. Si l'Algérie et le Maroc déclarent tous deux qu'ils refusent la guerre, il est évident qu'une partie tierce cherche à la provoquer en allumant l'étincelle. Toutes les officines nationales et internationales savent que le monde arabe et musulman est inscrit dans un plan d'émiettement de ses territoires, qui figure dans le remodelage du monde sous l'appellation du GMO (Grand Moyen-Orient) qui va de Kaboul à Tanger. L'idée n'est pas une vision d'optique tant elle se vérifie de jour en jour par notamment l'avancée dangereusement audacieuse de l'entité sioniste dans sa mise au pas de nombreuses hautes autorités de pays arabes et son intrusion effrénée et son accaparement de territoires arabes au vu et au su de la Communauté internationale et des Nations-Unies.

« Essoussa dakhlet (le charançon est entré », constatent des dignitaires algériens à propos de l'officialisation par des pays arabes de leurs relations avec Israël. Le Maroc l'a fait l'été dernier avec une grande ferveur. Le rappel de certains pays du Golf dont l'Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar, le Bahreïn et autres du Moyen-Orient la Jordanie, de leur soutien ferme et indéfectible au plan d'autonomie du Maroc et leur protection de ses intérêts laissent clairement penser qu'ils se mettront de son côté au cas où les choses dégénèrent avec l'Algérie. Les tentatives d'encerclement du pays n'ont rien d'illusoire. Les repositionnements des forces militaires françaises au Mali sous la pression d'éventuelles intrusions tout aussi militaires de la Russie et des Etats-Unis, les affrontements diplomatiques et militaires des Occidentaux sur le sort de la Libye, les retournements de situation en Syrie, en Irak et le lâchage de la cause palestinienne, le retrait américain de l'Afghanistan, en montrent clairement le côté «face». C'est la fin d'un cycle qui a cru aux décolonisations, au non alignement et au front du refus dont l'Algérie est le dernier pays qui continue à résister contre les forces qui ont entamé une mise au pas de ce qu'ils ont toujours appelé de tiers monde.