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Une sécurité routière à rebâtir

par Abdelkrim Zerzouri

Que faire pour venir à bout de l'hécatombe routière ? Dire plutôt qu'est-ce qu'on n'a pas fait pour réduire le nombre des accidents de la circulation ? Les pouvoirs publics ont effectivement tout tenté dans ce sens, ou presque, sans arriver à des résultats probants. L'impact des mesures coercitives visant la réduction des accidents de la circulation allant des peines privatives de liberté dans le cas des homicides involontaires, au retrait des permis de conduire et aux amendes financières, n'ont eu aucun impact positif. Toutes les campagnes de sensibilisation initiées cycliquement en direction des conducteurs s'avèrent également vaines, pure perte des énergies déployées par les services de sécurité et le mouvement associatif. En témoignent les statistiques macabres en hausse continue, qui ne prêtent guère à l'optimisme.

Plus de 18 000 accidents de la circulation survenus durant les neufs premiers mois de l'année en cours, ont fait plus de 2500 morts et plus de 24.000 blessés, selon un communiqué rendu public le 3 nombre 2021 par la Délégation nationale à la sécurité routière (DNSR). Voilà pourquoi ni l'abandon ou le maintien de la sanction de retrait des permis de conduire, qui a fait couler beaucoup d'encre ces derniers jours, ni la révision à la hausse de la sanction pécuniaire ne peuvent avoir une quelconque heureuse incidence sur le nombre des accidents de la route. Des pistes sans issues qui incitent à explorer d'autres solutions. Dans le cours de ces tristes bilans, la tendance est généralement prompte à regarder le haut du classement mondial, les pays champions qui enregistrent le plus grand nombre d'accidents de la circulation, où l'Algérie occupe les premières loges, mais il y a mieux à faire si on focalise sur les pays où les accidents de la circulation ne surviennent que très rarement, et apprendre comment ils sont arrivés à ces résultat ? Ces pays, à l'exemple de la Norvège (une centaine de morts par an dans des accidents de la circulation), ont adopté des politiques de sécurité routière à moyen et long terme très efficaces, avec des objectifs clairement établis, afin d'en vérifier annuellement l'efficience. Ainsi, les pays européens ont planifié un objectif de « zéro accident mortel » à l'horizon 2050, en y associant un « zéro tolérance » sur les interdits ou le respect absolu du Code la route. Les solutions qui peuvent épargner le pays de cette hécatombe routière, aux conséquences graves en matière de pertes en vies humaines et de dépenses publiques, peuvent-elles être confinées au niveau des seules sanctions financières ?

La réalité confirme l'impossibilité d'arriver à moins d'accidents de la circulation en axant la stratégie de la sécurité routière uniquement sur le volet des sanctions financières. Les sanctions financières renflouent, certes, les caisses étatiques, tout comme elles sont indispensables et logiques sur le plan du prix à payer pour toute entorse à la réglementation, mais cela n'a jamais donné un coup de frein aux accidents meurtriers sur les routes. N'est-ce pas une raison convaincante pour sonder d'autres voies et moyens, mettre en œuvre une stratégie durable, pour rebâtir la sécurité routière ?