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Le personnel de la santé en colère

par M. Aziza

Répondant à l'appel de l'intersyndicale, les blouses blanches ont marqué hier leur journée de protestation par des sit-in au sein des hôpitaux et dans différentes structures sanitaires à travers le pays.

Et ce pour exiger en priorité l'application des directives du président de la République, décidées pour récompenser les efforts du personnel soignant qui s'est donné à fond dans la lutte contre la pandémie, parfois au péril de leur vie.

Lors d'une conférence de presse, tenue concomitamment avec le rassemblement des différents corps de la santé, dans l'enceinte de l'hôpital Mustapha, au siège de SNUCHU, le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a affirmé que le personnel soignant continue à enregistrer des décès dans ses rangs, en dépit du fléchissement de la pandémie. Il dira que pas plus tard qu'hier, un médecin à l'hôpital de Constantine est décédé suite à des complications de la Covid-19.

Et de rappeler que le personnel médical a payé un lourd tribut depuis le début de la pandémie. «Pas moins de 432 agents de santé ont trouvé de la mort après avoir contracté le virus de la Covid-19 dont deux tiers sont du corps médical». Et de préciser qu'en l'espace de deux mois, le corps de la santé a perdu 110 personnes du secteur en raison de la virulence de la troisième vague. Le secrétaire général du syndicat algérien des paramédicaux, Lounes Gachi, a précisé pour sa part que sur les 432 victimes de la pandémie, 77 sont des paramédicaux.

Le Pr Pr Kamel Hail, chef d'unité Covid- 19 au CHU Mustapha Bacha et membre du SNECHU, a affirmé qu'au-delà des décès, le personnel soignant a subi et subit toujours les répercussions de la pression qui prévaut dans les structures sanitaires notamment dans les services de lutte contre la pandémie. En précisant que si le personnel soignant a été soutenu lors de la première vague, il a été malheureusement livré à lui-même durant les deuxième et troisième vagues. «On était obligés de se rendre chez nos familles avec le risque de contaminer nos proches». Les représentants des trois syndicats ont affirmé qu'ils ne sont pas là seulement pour évoquer le décès de leurs confrères, mais plutôt pour leur rendre hommage et exiger l'application des directives du président prises. Notamment la directive présidentielle relative à l'indemnisation financière que devaient percevoir les familles de victimes des blouses blanches pendant la pandémie. Le Dr Lyes Merabet s'insurge en affirmant qu'il n'est pas du tout normal d'organiser des rassemblements ou des grèves pour réclamer à chaque fois le versement de la prime exceptionnelle liée à la Covid-19, pourtant celle-ci est officiellement décrétée par le président de la République. Il a dit espérer des réponses positives de la part des pouvoirs publics après cette journée de protestation, en affirmant que dans le cas contraire le personnel de la santé décidera des actions à mener après cette première forme de protestation.

La pandémie n'est pas derrière nous

Le Pr Kamel Hail a mis en garde contre le relâchement et le non-respect du protocole sanitaire avec une baisse d'adhésion aux campagnes de vaccination. En précisant que les conséquences peuvent être fâcheuses en cas de la survenue d'une quatrième vague. Le Pr a affirmé que la pandémie n'est pas derrière nous, elle est juste à côté, en Europe plus exactement. Et d'alerter : «nous n'avons pas tiré des conclusions et on n'a pas fait des analyses sur les précédentes vagues. Nous avons dénoncé le manque de moyens de lutte contre la pandémie, depuis rien à changer. Une évaluation exhaustive sur ce qui a été fait et sur les dysfonctionnements constatés depuis le début de la pandémie en Algérie sera présentée lors d'une conférence nationale au CIC».

Les trois syndicats membres de l'intersyndicale ont été conviés à ladite conférence, organisée aujourd'hui par le ministère de la Santé au CIC.