L'école avait-elle besoin d'une nouvelle secousse pour laisser enfants, parents, enseignants et responsables de l'éducation désemparés dans un véritable désarroi ? Les grèves cycliques entamées par les syndicats renvoient par leurs causes et leurs justifications à un malaise national qui ne concerne pas uniquement le secteur de l'éducation. Ceux qui revendiquent aujourd'hui des salaires décents, des logements, des conditions de travail conformes à leur mission ne sont pas dupes car ils sont conscients que leurs situations sociales ne leur sont pas particulières et que le problème concerne l'ensemble du monde du travail.

Dans l'obligation de veiller à tout et tenu de répondre à ses engagements, l'Etat n'a que le loisir de tergiverser car la politique salariale nationale ne peut être fractionnaire, les enseignants étant des fonctionnaires régis par le statut de la fonction publique. Le ministère de l'Education n'ayant absolument pas la latitude de faire cavalier seul en matière salariale n'est pas autorisé à trifouiller les grilles des salaires, sujet large et complexe nécessitant presque une refondation des fiches de paie de l'ensemble du secteur public.

Si les revendications des enseignants sont légitimes, elles sont toutes identiques à celles de millions de travailleurs qui, eux aussi, tiraillés par la pression du renchérissement du coût de la vie, sont en droit de réclamer une attention particulière de la part de l'Etat. La crise économique aidant, le gouvernement est dans une situation délicate. Il n'a pas les coudées franches pour faire face à une énorme demande sociale ne se permettant pour faire bonne figure que de rogner sur la fiscalité.

Le grand danger est cependant ailleurs. Le phénomène de la grande corruption dont ont été auteurs de hauts responsables de l'Etat a ouvert la voie à une frénésie de revendications sociales semant une mortelle culture dans l'esprit des Algériens. Tant qu'à faire et puisque des chefs de gouvernement, des ministres et des walis ont versé dans le vol et la rapine, le sens de la responsabilité et de la mesure ne serait pas de mise.

Des pays aujourd'hui laminés par la forte pression des revendications très mal entretenues ont été imbus par cette mentalité.