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Troisième dose, quelle priorité ?

par Abdelkrim Zerzouri

Il y a un mois à peine, l'introduction d'une 3ème dose de vaccin dans la campagne nationale de vaccination anti Covid-19 était impensable. «Pas à l'ordre du jour» en Algérie, où «l'objectif primordial consiste à vacciner les 70 % de la population», selon des déclarations livrées aux médias, à la fin du mois de septembre dernier, par le Pr Riad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l'épidémie de Covid. Soulignant dans ce sillage que l'OMS ne la recommande pas, et que scientifiquement, il n'est pas prouvé que la 3ème dose soit indispensable. Pour sa part, le ministre de la Santé avait, dans la même période, écarté toute possibilité d'introduction de la 3ème dose dans la campagne nationale de vaccination anti Covid-19. Indiquant dans ce contexte que plusieurs pays «n'ont pas encore examiné la possibilité d'administrer une troisième dose de vaccin».

Que s'est-il passé, alors, dans ce laps de temps d'une trentaine de jours, pour que l'Algérie introduise cette dose de rappel (3e dose de vaccin), officiellement lancée en ce début du mois de novembre à travers tous les centres de vaccination ? Une 3ème dose qui ne fait pas l'unanimité au sein de la Communauté scientifique et qui, dans la plupart des pays l'ayant adoptée reste uniquement recommandée chez les personnes de plus de 65 ans, celles à haut risque de forme grave de Covid-19 et chez les professionnels de santé, au moins 6 mois après la 2ème dose. Reste l'explication de la panne qui freine la campagne nationale de vaccination, et qui aurait incité les autorités à la relancer par le biais d'une dose de rappel. La précision dans ce sens du Pr Mahyaoui corrobore en filigrane cette explication quand il soutient que «si on fait le 3ème dose ce n'est pas uniquement pour écouler les stocks». Ainsi, à cause certainement des conditions drastiques de conservation et de stockage des vaccins anti Covid-19, l'écoulement des doses disponibles demeure un souci majeur aux côtés, bien-sûr, d'autres considérations d'essence purement thérapeutiques, puisqu'il est prouvé, à travers des études scientifiques que l'immunité diminue considérablement six mois après la prise des deux doses de vaccin anti Covid-19.

Combien de personnes sont concernées par cette dose de rappel ? C'est l'indice révélateur du stock de vaccins qu'on devrait écouler si jamais les concernés daignent répondre à l'appel. Sur la population ayant reçu les deux doses de vaccin anti Covid-19, seulement quelques milliers seraient concernés par la dose de rappel, ou le seraient dans les prochaines semaines, six mois après avoir reçu la deuxième dose. Soit les personnes complètement vaccinées aux mois de février, mars et avril, période durant laquelle le taux de vaccination était vraiment faible (ce n'est qu'à partir de la seconde moitié du mois d'août que la courbe a connu une hausse relativement forte). Sauter ainsi à la dose de rappel n'a rien de sérieux si la campagne de vaccination n'est pas foncièrement axée sur les deux premières doses.