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Pour dénoncer la pénurie: Les pharmaciens boycottent les distributeurs

par Khaled Boumediene

Les pharmaciens sont de nouveau en grève, aujourd'hui, pour protester contre la pénurie insoutenable des médicaments qui prévaut actuellement. Aujourd'hui, la majorité des officines de l'ensemble du territoire boycotteront les distributeurs de médicaments, dans le cadre d'une grève à laquelle a appelé un groupe de pharmaciens de Constantine, pour mettre en garde contre la situation alarmante qui caractérise, depuis plusieurs mois, le marché des médicaments. Le syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (SNAPO) a annoncé dans un communiqué une « grève blanche » aujourd'hui contre les distributeurs de médicaments. «Dimanche 21 février sera la deuxième journée où les demandes de médicaments ne seront pas formulées aux distributeurs de médicaments de l'ensemble du pays. Cette fois-ci, le mouvement est national, tous les bureaux SNAPO des wilayas sont appelés à y participer activement. Nous rappelons que le principe de cette grève blanche s'exprime par le boycott de toutes les commandes. Aucun pharmacien ne passera sa commande auprès des fournisseurs. C'est une grève nationale qui tient à exprimer le désarroi des pharmaciens en raison de leur quotidien professionnel difficile et aussi à cause des problèmes rencontrés en matière d'approvisionnement de leurs officines». Le syndicat des pharmaciens a, dans ce contexte, rappelé la mission principale du pharmacien qui est celle d'assurer l'accessibilité des médicaments aux citoyens. «Cette mission est malheureusement compromise à cause de l'indisponibilité, depuis plusieurs mois, des dizaines de médicaments. La liste des médicaments en situation de rupture dépasse à ce jour quelque 335 médicaments recensés par nos officines pharmaceutiques et ce, malgré toutes les correspondances envoyées pour alerter les responsables concernés. Cette situation reste inchangée, bien au contraire, nous enregistrons, chaque jour, la disparition d'autres médicaments du marché et des étalages de nos pharmaciens. Nous tenons à rappeler que le SNAPO a eu recours à ce genre de mouvement de grève blanche pour ne pas pénaliser les malades. Notre démarche d'arrêter chaque dimanche l'approvisionnement auprès des distributeurs ne risque, en aucun cas, d'engendrer des conséquences négatives sur l'accessibilité de nos concitoyens aux médicaments, puisque nos officines vont devoir continuer de fonctionner avec leurs stocks disponibles».

En observant une grève, aujourd'hui, les pharmaciens espèrent également exercer une pression sur les autorités concernées qui ne peut qu'être dans l'intérêt du patient, selon le SNAPO. «Nous voulons, à travers ce mouvement, lancer un signal fort pour amener les responsables de ce secteur à se pencher sérieusement sur ces problèmes qui touchent un domaine stratégique et sensible, celui du médicament. La régularité de la disponibilité des médicaments n'est pas garantie malgré qu'il s'agisse d'une question de sécurité sanitaire. L'accès équitable de tous les pharmaciens au médicament n'est pas garanti non plus. Les ruptures réelles ou provoquées entraînent des pratiques inadmissibles sur le marché du médicament dont les pharmaciens sont victimes. Le problème n'est pas lié uniquement à la pénurie de médicaments, mais il concerne aussi l'éthique et la déontologie qui doivent sévir au sein du secteur de la distribution. Elles doivent être imposées à tous les niveaux du secteur du médicament. L'élaboration des textes de ce secteur doit aussi faire l'objet d'une véritable concertation ouverte à tous les acteurs concernés par le médicament. Les difficultés rencontrées aujourd'hui sont le fruit et les conséquences des décisions prises de manière unilatérale et en dehors de toute concertation». Il faut noter qu'un nombre de médicaments sont introuvables dans les officines pharmaceutiques, particulièrement ceux destinés à soigner les maladies chroniques, comme le diabète, l'hypertension, les maladies cardiaques ou les atteintes graves comme le cancer, les rhumatismes, l'Alzheimer. Les spécialistes craignent surtout que cette situation de pénurie de médicaments qui risque de se poursuivre encore ne soit compliquée ces jours-ci par la ruée des patients sur les médicaments par peur de probables ruptures d'approvisionnement.