Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Motifs «impérieux»

par Abdelkrim Zerzouri

L'Algérie a ouvert un vasistas dans son espace aérien, fermé depuis le 17 mars 2020, pour permettre à ses ressortissants de se déplacer à l'étranger uniquement pour motif impérieux. Depuis le jeudi 18 février 2021, les citoyens algériens ont la possibilité d'introduire en ligne, sur une plateforme numérique du ministère de l'Intérieur, une demande d'obtention d'autorisation de sortie du territoire national. C'est plus convenable que la procédure initialement adoptée et qui consistait à déposer la demande en question en main propre au niveau de l'accueil du ministère de l'Intérieur. Mais, il ne s'agit pas moins d'un « visa de sortie », qui nous transporte dans un lointain voyage dans le temps, vers l'époque du rideau de fer, où certains pays exigeaient de leurs ressortissants ce document pour pouvoir quitter le territoire ? Peut-on, donc, pour autant parler d'une reprise des vols commerciaux internationaux ?

Officiellement, rien n'a changé par rapport à la décision des pouvoirs publics, prise au début du mois de décembre dernier, concernant la reprise des vols domestiques mais pas les vols commerciaux internationaux de et vers l'Algérie, qui demeurent suspendus jusqu'à nouvel ordre. Et, le dernier discours du Président Tebboune, qui a défendu ce choix de la fermeture des frontières, laisse clairement entendre que la question d'une reprise des vols internationaux n'est absolument pas à l'ordre du jour. Des dessertes extérieures étaient bien inclues dans les programmes des vols de la compagnie nationale, mais elles concernent uniquement le rapatriement des citoyens bloqués à l'étranger. En réalité, donc, il n'y a pas de reprise des vols commerciaux internationaux par la compagnie nationale Air Algérie, car les déplacements des Algériens à l'étranger sont permis dans des cas où les raisons du voyage sont impératives (dossier médical, dossier d'études, ordre de mission, déplacement pour affaires?), documents nécessaires à l'appui, et tout déplacement se fera avec les compagnies étrangères qui assurent des liaisons aériennes avec Alger.

Des avis largement partagés parlent d'un véritable parcours du combattant pour quitter le pays ou y revenir. En premier lieu, on reste pendu à la réponse du ministère de l'Intérieur, ensuite il s'agit de remuer ciel et terre pour trouver une place dans un avion quand on obtient le fameux quitus de sortie du territoire national. Quant à ceux qui veulent rejoindre l'Algérie à partir de pays étrangers, il n'y a que la possibilité d'un rapatriement ou le recours à une compagnie étrangère, où il n'est pas aisé de trouver un siège libre dans les programmes des vols. Un calvaire insupportable. Mais, force est de reconnaître que ce calvaire est imposé par des motifs non moins impérieux, soit le risque d'une résurgence de la pandémie du Covid-19 avec l'apparition de nouveaux variants qui sèment inquiétude et désarroi sous d'autres cieux. Même si ses dégâts collatéraux sont très durs à supporter, le temps a donné raison à cette décision souveraine de la fermeture des frontières, qui a épargné au pays un probable désastre sanitaire.