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A l'arrêt jusqu'à nouvel ordre: Enquête sur le bracelet électronique

par El-Houari Dilmi

«Réforme phare» du temps de Tayeb Louh, la technique du bracelet électronique, dont devaient bénéficier les individus poursuivis en justice en attendant que leurs dossiers soient tranchés par les juridictions compétentes, avait, en effet, été annoncée en grande pompe en novembre 2017, avant de virer au flop total aux relents de scandale.

Le directeur de la prospection et de l'organisation au ministère de la Justice avait même assisté à l'utilisation de cette «nouvelle technique» sur un individu poursuivi en justice, indiquant que «cette mesure qui intervient dans le cadre des derniers amendements contenus dans le code de procédures pénales est à même de renforcer les libertés individuelles et consacrer le principe de présomption d'innocence, en remplaçant la surveillance judiciaire classique par une surveillance électronique». Intervenant jeudi devant l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, a annoncé «l'arrêt de l'utilisation» du bracelet électronique, car «le dossier d'acquisition fait actuellement l'objet d'une enquête judiciaire au tribunal de Sidi M'hamed», a-t-il indiqué. Belkacem Zeghmati a fait état de «l'arrêt du bracelet électronique jusqu'à nouvel ordre», précisant qu'une enquête judiciaire «a été diligentée au niveau du tribunal de Sidi M'hamed sur l'opération d'acquisition à des sommes colossales en devises alors que des problèmes techniques empêchent son utilisation», a-t-il révélé. «Nous fondions de grands espoirs sur l'utilisation du bracelet électronique, mais ces espoirs se sont évanouis après la constatation de problèmes techniques empêchant la mise en œuvre de ce dispositif», a-t-il expliqué. En réponse à une autre question relative «au refus» de certaines administrations l'exécution de décisions de justice définitives, le ministre a souligné que la loi est «claire, tout agent public ou administratif qui refuse de se conformer à la loi s'expose à des poursuites judiciaires», a-t-il indiqué, appelant «les concernés à se rapprocher du parquet compétent pour déposer plainte». A une question sur la nécessité de fermer l'établissement pénitentiaire de Bel-Air à Sétif, en raison de sa proximité des agglomérations, le ministre a écarté cette éventualité pour le moment «par souci de préserver le bon fonctionnement des établissements pénitentiaires et judiciaires», soulignant que cet établissement réservé à la détention préventive «revêt une grande importance, de par sa proximité de la cour de justice de Sétif, en attendant la réalisation d'un autre plus moderne», a-t-il affirmé.

Belkacem Zeghmati a rappelé, dans ce sens, que «l'activation des mécanismes nécessaires à la réduction de la surpopulation carcérale à travers la construction d'autres établissements pénitentiaires en prenant en compte tous les aspects, notamment l'éloignement des agglomérations, figure parmi les priorités des autorités du pays». Par ailleurs, et concernant la vente aux enchères et les mesures garantissant une large publication des annonces, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a indiqué que «la loi avait statué sur la publication des annonces portant vente aux enchères», rappelant, au passage, que la procédure «se fait par tous les moyens adéquats à l'importance des biens saisis, à savoir par voie d'affichage au niveau des tribunaux, des communes, des places publiques, des recettes des impôts et des bureaux de poste».

«Les annonces devront être, également, publiées dans les journaux quand la valeur des biens est supérieure à 200.000 DA», a expliqué Belkacem Zeghmati, soulignant «qu'en cas de lacunes enregistrées concernant la publication ou l'annonce, la préoccupation doit être soumise à la commission concernée au niveau du ministère, qui s'attelle actuellement à la révision du code de procédure civile et administrative». Le ministre a indiqué, dans ce sens, «qu'en vertu du code de procédure civile et administrative, le montant de la mise à prix et l'estimation sur le marché, en ce qui concerne l'immobilier ou les droits réels immobiliers, est fixé par un expert immobilier sur ordre du président du tribunal, conformément à la demande d'un huissier de justice et du créancier poursuivant». «L'estimation des biens immobiliers est confiée au commissaire-priseur, et ce, en vertu de la loi de 2016 portant organisation de la profession de commissaire-priseur», a-t-il conclu.