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L'autre peur (?) du peuple

par Belkacem-Ahcene Djaballah

J'ai remarqué, tout dernièrement, avec le démarrage de la nouvelle saison sportive (football pro'), que les équipes en déplacement gagnaient bien plus largement (ou facilement) leurs rencontres que lorsqu'elles jouaient à domicile et, donc, que pas mal perdaient leurs matches lorsqu'elles jouaient chez elles. En Algérie et à l'étranger, mais en Algérie plus qu'à l'étranger. Bizarre, non ?

On se perd en conjectures pour savoir le pourquoi du comment, bref les causes des exploits et/ou les raisons des échecs.

Des joueurs plus performants ? Des arbitres plus tolérants ou plus compétents ? Des dirigeants moins intervenants ? Des entraîneurs plus motivants ? Des terrains au gazon mieux tondu ? Des ballons plus glissants ? Des souliers plus adaptés ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non! De tout un peu et un peu de tout.

Voila donc du «grain à moudre» pour nos consultants sportifs qui écument les plateaux de télés et du «pain sur la planche» pour nos sociologues et psycho-sociologues du sport (et autres) avec un sujet en or s'ils se sortent, bien-sûr, de leurs laboratoires et se mettent à la recherche sur le terrain (appliquée).

A mon humble avis (d'ancien pratiquant et d'ancien supporter de foot assez modeste, il est vrai et d'ancien juge de touche d'un match de réserves abandonné au bout de vingt minutes, vous comprenez pourquoi ), la cause est due à cette saloperie de Covid 19 dont le premier cas (importé) est apparu le 25 février 2020 et qui, avec son ampleur actuelle (plus de 109.000 contaminations et plus de 2.900 décès comptabilisés officiellement et des confinements répétés) a, petitement mais sûrement, comme tout ennemi invisible et encore insaisissable, commencé à faire régner sinon la terreur du moins la crainte ou la peur.

Tous les sports, collectifs ou individuels, ont besoin d'une foule de spectateurs et de groupes de supporters, ces derniers allant du sympathisant aux ultras, ces derniers, hélas parfois manipulés par des «forces occultes» ou déclarées (des dirigeants déçus ou écartés, d'autres qui cherchent un «investissement» populaire ou même affairiste et politique, des grands joueurs «ratés», des commentateurs partisans...) pouvant devenir, dans les tribunes ou à l'extérieur, à la moindre déception (une mauvaise passe, un tir mal cadré, un but raté, un but contre son camp, un arbitre hésitant, un juge de touche au drapeau trop leste, une défaite), une foule en colère, dévastatrice, vociférant des menaces et des insultes...et, hélas, parfois suivies de «casse». Bien loin du «hirak béni» !

Une telle foule, présente dans les tribunes, supporte, encourage, et «fait peur». Ce qui oblige les joueurs à se «défoncer» et les arbitres à être «compréhensifs» à l'égard de l'équipe du coin et donc à gagner presque toujours. En tous cas, toutes les chances sont de son côté pour sortir du stade sans problèmes ou regagner son domicile sans blessure physique ou psychologique. Pas de public, plus de peur. Ni chez les visiteurs, ni chez les locaux, ni chez l'arbitre, ni même chez l'entraîneur, les supporteurs se trouvant seulement sur les réseaux sociaux, les menaces et les insultes sont toutes virtuelles. L'égalité des chances presque parfaite et le (bon) jeu favorisant le meilleur. Le rêve ! Avec le vaccin qui arrive ce qui mettra un terme aux confinements dans les stades, ce sera la fin. Heureusement ?