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Des prières à formuler

par Abdou BENABBOU

La plupart des hôteliers pestent et manifestent avec amertume leur désarroi. Ils se tournent vers l'Etat pour réclamer un retour à des normes d'activités conformes avec les investissements qu'ils ont engagés et on doit comprendre leurs insupportables situations. Leurs difficultés actuelles cependant ne représentent pas un cas isolé et ne pourraient être détachées du reste d'un vrai naufrage économique que le monde entier vit aujourd'hui. Le secteur du tourisme a été le premier frappé par une mise à mort inattendue.

Maillon essentiel de l'économie, l'hôtellerie a été prise en charge par des opérateurs dotés d'un courage certain avec un volontarisme spectaculaire et la plupart ont dû avoir recours à des crédits banquiers conséquents qu'ils ne sont plus en mesure d'honorer. Pour leur déconvenue, la catastrophique pandémie a mis par terre toutes les projections et a faussé tous les calculs établis par l'ensemble des acteurs de l'immobilier.

L'énorme déficit en infrastructures dans ce domaine a été largement comblé en de courtes années et la fluidité confortable des nuitées a engendré une satisfaction que les voyageurs recherchaient. La lourde rengaine des hôtels en permanence complets n'est plus qu'une vieille histoire à oublier. Mais on se rend compte aujourd'hui que l'activité hôtelière n'est pas allée plus loin que le bout de son nez. Séduite par le dynamisme des affaires induit par un activisme marchand dû à une montée passagère au plus haut du prix du pétrole, l'hôtellerie n'a pas tenu compte de la névralgie du tourisme algérien.

Qu'en est-il alors des pays autrement plus outillés et qui n'ont que le label hôtelier comme seul et unique moyen de survivance ? Leur drame est complet, si total qu'il va falloir se dépêtrer pour tenter de donner un nouveau sens et un habit original aux déplacements et aux voyages tant il est certain que le tourisme, avec l'ensemble des attributs qui l'articulent, voit maintenant son visage totalement défiguré.

Les frontières partout closes et les avions cloués pour encore une longue durée, les opérateurs du secteur, devant ce dramatique fait accompli, n'ont certainement plus que des prières à inlassablement formuler ou à changer de vie.