Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Ni aide de l'Etat ni «Omra» en vue: Les voyagistes broient du noir !

par Abdelkrim Zerzouri

On voyait chez les agences de voyages des signes, même hésitants, d'une reprise du petit pèlerinage (Omra) comme une bouée de sauvetage, avant que le couperet de son arrêt jusqu'à une date inconnue, ne tombe officiellement pour tuer le peu d'espoir de survie. Pas de Omra à l'horizon. En tout cas, selon les dispositifs mis en place par les autorités saoudiennes, qui viennent de restreindre les voyages et renforcer les mesures préventives intérieures, et le maintien de la fermeture des frontières algériennes, cela ne sera pas pour le prochain Ramadhan comme on l'espérait, à cause de la demande très forte en cette période, qui aurait pu sauver les meubles ! Rien ne semble venir au secours des agences de voyages, qui vivent tous les malheurs du temps depuis l'apparition de la Covid-19. « Un virus anti voyages », ironise-t-on. Pis, le drame des agences de voyages se déroule dans une indifférence royale des pouvoirs publics qui se confinent dans un silence assourdissant face aux cris de détresse des professionnels du secteur, le plus impacté économiquement par la crise sanitaire. Nombreux sont les voyagistes qui n'ont pas pu encaisser le choc de l'arrêt brutal des déplacements entre pays suite à la fermeture des frontières, et ont dû abandonner le créneau, alors que ceux qui tentent de résister à travers l'exploitation des circuits touristiques internes, le sud du pays exclusivement, ne réussissent même pas à couvrir les frais de fonctionnement et assurer l'extrême minimum des salaires. Très difficile de trouver une agence qui n'a pas encore baissée rideau. L'important tissu constitué par les agences de voyages, près de 4.000 en activité avant la pandémie, risque de disparaître complètement si aucune aide n'arrive en urgence. Les aides de l'Etat ? « Il n'y a absolument rien ! », s'offusque le président par intérim du syndicat national des agences de voyages (SNAV), Nadir Belhadj, propriétaire de l'agence de voyages ?Numidia'. « Et, encore si on ne nous demande pas de payer les charges sociales et les impôts, alors que l'activité est en berne depuis une année ! », ajoute-t-il.

Notre interlocuteur nous a indiqué que le syndicat a adressé des correspondances à plusieurs ministères concernés par ce drame qui se déroule à huis clos, et qu'il espère attirer leur attention sur la lente agonie des agences de voyages.

La sonnette d'alarme est tirée, si l'Etat ne fait rien pour accompagner les agences de voyages dans ces dures conditions, c'est la mort inévitable et quasi général des agences de voyages. L'heure est grave, tous les professionnels du secteur en conviennent sur ce point, mais encore faut-il s'unir au sein d'un seul syndicat pour tenter de trouver des solutions durables. L'objectif principal est effectivement de regrouper tous les professionnels au sein du SNAV, nous a confié M. Nadir Belhadj. Relevant qu'il existe quelques six ou sept associations des agences de voyages en activité, qui vont en rangs dispersés, discuter avec les compagnies de voyages, parce que le remboursement des billets réservés et non utilisés est une autre catastrophe qui pèse sur les têtes, ainsi qu'avec les pouvoirs publics sur les voies et moyens à emprunter pour sauver les agences de voyages d'un naufrage définitif, sans arriver à rien de concret à cause de la faiblesse représentative, soutenant dans ce sens qu'il est primordial de rassembler tout le monde au sein du SNAV, afin de faire parvenir, d'une seule voix, nos préoccupations, soutiendra-t-il. Non sans présager que l'activité des agences de voyages, en elle-même, ne sera plus jamais comme avant. La notion de tourisme en entier changera en cas d'une relance du secteur dans les prochains mois. Sur un autre registre, intimement lié, les travailleurs du secteur qui ont perdu leur gagne-pain vivent dans le désarroi total. « L'Etat nous a abandonné », se désole-t-on. Contrairement à d'autres créneaux d'activité touchés économiquement par la crise sanitaire, les travailleurs qui occupaient des postes dans les agences de voyages et qui se sont retrouvés au chômage par centaines, n'ont eu droit qu'à une prime de solidarité de 30.000 dinars (répartie sur 3 mois à raison de 10.000 dinars/mois durant une année), et encore la prime en question n'a été attribuée qu'aux seuls travailleurs mariés. « Les célibataires qui ont perdu leur emploi dans les agences de voyages, contrairement à d'autres professions, ont été injustement exclus de toute aide financière, sans aucun état d'âme ou considération pour ceux qui ont à charge des familles sans être mariés », s'insurgent les concernés. En attendant que la population soit vaccinée à hauteur de 60%, condition sine qua none pour l'ouverture des frontières, les voyagistes broient du noir.