Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Compétition où es-tu ?

par Abdelkrim Zerzouri

Tant de pistes défrichées, tant de débats académiques et de mues vers des formations professionalisantes, mais les difficultés de trouver des solutions concrètes à la problématique des opportunités d'employabilité des diplômés universitaires restent entièrement posées.

Un énorme casse-tête pour les pouvoirs publics que d'avoir chaque année un peu plus de diplômés qui viennent grossir les rangs des chômeurs. Est-ce logique dans un pays vierge, où tout reste à faire, d'avoir à gérer ce problème ? Pourquoi nos jeunes diplômés dans diverses filières trouvent-ils des débouchés dans le monde du travail sans grande difficulté sous d'autres cieux et pas chez eux ? Une réalité qui va de pair avec la saignée de la fuite des cerveaux.

Encore, donc, un dommage collatéral à amortir. Certainement, comme le préconise le ministre de l'Enseignement supérieur, Abdelbaki Benziane, qu'il est important de connecter l'université à son environnement socioéconomique pour multiplier les opportunités d'employabilité des diplômés universitaires, mais que n'a-t-on pas fait dans ce sens sans aboutir à quelques satisfactions ? Le changement de la cartographie de la formation à mettre en adéquation avec les exigences de l'heure, totalement tournées vers le numérique, pourrait également contribuer au renforcement des possibilités de dénicher un emploi pour les diplômés universitaires, mais cela resterait toujours insuffisant tant que la compétition et la transparence demeurent des concepts étrangers à la réalité de l'environnement socioéconomique. La compétition est la clé de la réussite. Les entreprises, grandes et petites, ainsi que les administrations publiques, les ministères et les universités, elles-mêmes, devraient créer un climat de compétition entre les futurs diplômés pour les inciter à bosser durement durant leur cursus universitaire, et ne pas leur apprendre à faire la queue pour avoir un diplôme qui ne pèse pas plus qu'un bout de papier. Comment ? C'est à ce niveau que devrait intervenir le rôle de l'environnement socioéconomique.

Les chefs d'entreprises et les responsables à tous les niveaux devraient se rapprocher de l'université et procéder au recrutement des plus performants sur place, tant que les étudiants sont sur les bancs des amphis. Le recrutement des majors de promos serait alors un enjeu important, voire stratégique, pour les grandes sociétés qui vont rivaliser en offres alléchantes pour embaucher les meilleurs parmi les diplômés. C'est une pratique courante dans les pays développés, et qui cherchent à garder leur suprématie dans le concert des nations en misant sur les meilleurs, quitte à les chercher hors de leur pays. Vraiment, croit-on qu'on pourrait arriver à quelque chose de sérieux si les derniers réussissent à trouver des emplois, et laisser en rade les majors de promos ? Rien de mieux pour briser la confiance, cet autre paramètre moral qu'il est indispensable de recouvrer.

Quels que soient les efforts déployés pour tenter de trouver des solutions à la faible employabilité des diplômés, l'université ne peut pas évoluer hors du climat politique et social du pays. N'est-il pas grand temps de faire basculer les choses d'une ambiance quantitative à celle qualitative ? Un diplôme n'ouvre pas droit au travail sans le sésame de la compétence.