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MC Alger: Un monument victime de sa popularité

par M. Zeggai

Juillet dernier, les supporters du MCA avaient manifesté devant le siège de la FAF pour protester contre l'octroi du titre de champion de Ligue 1 au CRB. Avant-hier, des pseudo-supporters du Mouloudia ont vandalisé le siège de Sonatrach, l'actionnaire majoritaire du club. Mécontents, ces derniers exigeaient le départ de la firme pétrolière. Dans une déclaration, Abdenacer Almas, le président du CA du MCA, a condamné avec fermeté ces actes de vandalisme, «perpétrés par des supporters manipulés», selon lui. Eternel recommencement et le MCA est en train de vivre les moments les plus noirs de son histoire.

Pourquoi ? Là est toute la question. A notre avis, la Sonatrach doit impérativement se limiter à la gestion administrative et financière du club pour suivre et contrôler les deniers publics. La gestion technique exige la présence de connaisseurs, de la compétence et l'expérience des terrains. Pour de nombreux observateurs, cette firme pétrolière a porté beaucoup de préjudices au club comme en témoigne cette instabilité au niveau technique et administratif. Combien d'entraîneurs et présidents se sont succédé à la tête du MCA ? Aussi, certains médias ont leur part de responsabilité dans cette confusion. Dans quel intérêt ? La médiocrité a atteint son paroxysme au Mouloudia d'Alger des regrettés Aouf, Abdelkader Drif, Smaïl Khabatou, Ali Benfeddah, Abdelhamid Kermali, Aouedj et la liste serait très longue. Il y a un conflit d'intérêts dans le choix de certains joueurs, ce qui a créé un esprit de favoritisme par certains clans. Des joueurs sont même accusés d'être en contact avec des personnes extérieures du club qui font de la manipulation. Le MCA est devenu un «jouet» entre les mains de certains opportunistes qui ne se soucient guère de l'histoire de ce prestigieux club qui a défrayé la chronique en 1976.

Voilà ce qui arrive quand on pousse vers la porte de sortie un monument historique de la trempe de Bachi, champion d'Afrique en 1976 et figure emblématique.

C'est ce qui explique la réaction des supporters que nous ne cautionnons pas d'ailleurs.

Saccager un patrimoine national est un acte à réprimander, d'autant plus que cela ne résoudra jamais le problème. Tout est parti après la sortie médiatique du coach Nabil Neghiz, qui a justifié la mauvaise série des résultats de son équipe par la non régularisation des salaires impayés des joueurs. Cette sortie n'a pas été appréciée par les responsables de Sonatrach qui ont jugé ces propos «irresponsables». La direction n'a, semble-t-il, pas apprécié l'immixtion dans les affaires administratives par Neghiz, qui devait se limiter seulement au volet technique. Cet enchaînement d'évènements n'est pas fait pour calmer les esprits au MCA, au contraire, il risque de déstabiliser l'équipe, les joueurs et leur coach.

Une réaction jugée maladroite à quelques jours du grand derby contre l'USMA, dimanche prochain. Pour sa part, le président Abdenacer Almas a catégoriquement démenti l'information relative à sa démission. A présent, la direction du MCA a renouvelé sa confiance à l'entraîneur Neghiz, tout en lui demandant de «redresser la situation le plus tôt possible», croit-on savoir.

C'est la triste réalité du Mouloudia d'Alger qui prévaut. Aujourd'hui, le moment est venu pour mettre en place un organigramme et faire appel à des compétences et aux anciens joueurs pour mettre à profit leur vécu footballistique pour tracer une feuille de route à la mesure de la grandeur du Mouloudia et de la ferveur populaire qu'il suscite. Pour quel projet sportif ces nombreux changements ont-ils été opérés ? Les centaines de milliards de centimes investis ont-ils été dépensés pour un véritable projet sportif ? Là est toute la question.