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Sortir des chemins tortueux

par Abdelkrim Zerzouri

Le lourd et ombrageux dossier de la fonction publique a-t-il, enfin, trouvé des bras qui ne s'encombreraient pas de l'ouvrir et disséquer ses textes en vue d'enlever toute opacité qui les enveloppe ? C'est l'une des plus dures missions à laquelle s'attaque le Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), en l'occurrence l'ouverture du dossier de la fonction publique, avec projection de lui imprégner des transformations capables de lui donner un visage plus transparent. Le CNESE cherche apparemment à bâtir une véritable fonction publique. Conscient de la difficulté de la tâche, le président du CNESE, Reda Tir, a relevé, lors de son passage à une récente émission Forum de la Radio, l'existence «d'une résistance au changement» au niveau des administrations publiques qui devront faire l'objet d'un «profond changement» de mentalités, en sus de l'ouverture du dossier de la fonction publique de manière pacifique en mettant en place des procédures transparentes. La résistance au changement pourrait avoir des ascendants politiques et réglementaires, d'où la nécessité d'engager une réforme du statut général de la fonction publique, en tant qu'élément central dans la réforme de l'Etat, devant toucher immanquablement la qualité des administrations publiques et des systèmes de gouvernance. Mais comment faire avec l'autre paramètre de l'influence politique qui pèse sur la fonction publique ? Le changement du personnel politique envisagé à travers les prochaines élections à l'ombre d'un nouveau code des élections pourrait provoquer un déclic sur ce plan, mais il faut certainement plus pour dépolitiser une administration qui a su s'adapter à tous les systèmes, voire les apprivoiser carrément et d'une manière machiavélique, bien sûr, par moments de l'histoire du pays. A l'occasion de cette intervention publique, le président du CNESE a exposé les grandes lignes des dossiers qui focalisent les attentions. Non sans témoigner que «le Conseil jouit de l'autonomie pour la première fois depuis les années 90", et que cet organe «n'existe pas pour consacrer des pratiques politiques ou politiser des chiffres économiques». La vérité sans complaisance ? Le CNESE, qui finalise dans ce sens un diagnostic d'alerte de la situation qui prévaut dans le pays, ne se cache pas de jouer à l'avenir un fort rôle de médiation entre les entreprises économiques et le gouvernement, de même que d'apporter sa contribution au règlement des contentieux socioéconomiques des citoyens et la création d'espaces de concertation regroupant les différentes catégories sociales, économiques et syndicales.

Le CNESE ne manque pas également de mettre le doigt sur une autre plaie qui a toujours défiguré les enquêtes sociales, à savoir le système statistique national, jugé obsolète et qu'il faut impérativement réformer. Sans des statistiques fiables, aucune action du gouvernement n'aurait l'impact recherché. Franchement, un travail laborieux que celui auquel s'attelle le CNESE. Et on y va avec détermination et à pleins gaz, ça passe ou ça casse !