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UN SACCAGE ET DES «CHNAOUA»

par Abdou BENABBOU

L'entendement est dépassé quand, sous le coup d'humeurs fétides, des zombies saccagent le siège d'une grande entreprise. Ceux qui avec un profil indéfinissable s'en sont pris à Sonatrach ne sont pas des désespérés et s'il fallait déceler en eux un motif de désespoir, il serait à trouver dans la dégénérescence de leurs âmes. Le saccage a quelque chose de suicidaire, mais le suicide ne débouche pas sur l'extinction d'êtres barbares mais sur la mort de tout ce qu'ils ont de raison humaine.

Inutile d'aller chercher des explications alambiquées pour comprendre cette rage juvénile, cadrée par les difficultés financières d'un grand club de football algérois. Il n'est peut-être même pas indiqué d'y entrevoir la tentative de destruction du siège d'un symbole accusé par certains d'être à l'origine des malheurs du pays.

Les motifs du saccage et du caillassage reposent sur des griefs à l'encontre d'un conseil d'administration d'un club dans lequel la société pétrolière est très impliquée. C'est de cette implication dont il doit être d'abord question pour tenter de comprendre pourquoi Sonatrach se mêle-t-elle de la gestion d'une association sportive alors qu'elle a d'autres préoccupations autrement plus vitales à affronter. Il est à croire que pour les autorités publiques ce qui se passe dans les stades obéit à un domaine de haute stratégie mais, ce faisant, un large échantillon de la jeunesse algérienne s'abreuve d'une diversion jusqu'à en être droguée. L'Etat comme les jeunes s'autorisent, la main dans la main, à s'engouffrer dans un rite improductif sans se rendre compte que le retour du boomerang est désastreux.

S'abriter ensemble sous les arènes sportives sans nulle perspective de gains politiques ne peut présager que la déroute. A défaut de solutions adéquates pour accompagner la jeunesse à se forger une personnalité capable d'affronter la vie, elle est encouragée avec entêtement et artifices politiciens à se familiariser avec les humeurs destructrices. Pour preuve, les saccageurs du temple de Sonatrach se complaisent dans leur qualificatif de «chnaoua».