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Tlemcen: La retenue d'eau préoccupe les habitants de Souani

par Khaled Boumediene

Cinquante ans après l'abandon du projet de la retenue d'eau de Souani, les habitants de cette commune frontalière de la daïra de Bab El-Assa (70 km du chef-lieu de la wilaya de Tlemcen), gardent toujours l'espoir pour relancer l'exploitation de cet ouvrage qui revêt un caractère récurrent à chaque évènement où l'occasion se présente pour la population, notamment les agriculteurs, qui ne cessent de réitérer leur revendication pour une réelle prise en charge de cette importante infrastructure. Ce projet grandiose qui est malheureusement tombé à l'eau a laissé des traces indélébiles entre les citoyens qui misaient fort sur cette importante retenue destinée à couvrir les besoins en eau de toute la région ouest de la wilaya.

Selon des sources émanant de la direction des ressources en eau de la wilaya, c'est au cours des années 1970 et compte tenu des retombées positives du projet du périmètre irrigué de Maghnia qu'il a été décidé de procéder à une extension de 3.000 hectares sur la base d'un programme qui comportait la réalisation de la retenue de Souani, la réalisation d'une conduite maitresse de diamètre 1.250 mm sur une longueur de 20 kilomètres. Pour couvrir les besoins en eau de cette extension, ce système hydraulique nécessitait un apport annuel de l'ordre de 17 hm³ qui devait parvenir du barrage de Béni-Bahdel (2,6 à 7 hm³ par an), des forages de la nappe de Maghnia (5,6 hm³) et de Kef, une partie du bassin de la Tafna située en aval du barrage de Béni-Bahdel (4,4 à 8,8 hm³ par an). Au début, un ordre de service de commencement des travaux a été remis à une entreprise mais les travaux ont été interrompus après l'achèvement des travaux de la retenue avec les ouvrages annexes et la réalisation de 9 km sur les 20 prévus de la conduite maitresse.

Les mêmes sources ajoutent que le réseau du périmètre de Maghnia a connu au début des années 1990 une situation d'abandon faute de ressources en eau, en raison de deux importants facteurs qui sont une régression du niveau de précipitations (30% enregistrée sur la partie ouest du pays, 20% au Centre et 15% à l'Est) et d'un difficile arbitrage entre les besoins en eau des populations sans cesse croissant et une agriculture en quasi déclin, qui ont fait que l'essentiel des réserves d'eau du barrage de Béni-Bahdel étaient exclusivement destinées à l'AEP des agglomérations oranaises qui avaient entamé un long processus de crise d'eau.

Par ailleurs, la surexploitation de la nappe de Maghnia qui s'est traduite par une baisse drastique des niveaux d'exploitation ne pouvait offrir d'alternative aux eaux du barrage de Béni-Bahdel. Ce n'est qu'à partir de 2011 avec l'avènement du barrage de Boughrara que la situation a connu un bouleversement sur le plan de la réponse aux besoins en eau. Aujourd'hui, les responsables de la DRE de Tlemcen considèrent que pour répondre à la question de l'utilité du barrage de Souani, il y a lieu de procéder à une expertise de cette retenue, la reprise de la totalité de la conduite maitresse et le règlement de la question de l'affectation des eaux du barrage de Hammam Boughrara dont le volume régularisable est de 59 hm³, pour irriguer la Tafna et les Issers (1714 hectares), offrir de l'eau à Maghnia (15 hm³ par an), soutenir Dzioua qui alimente en eau potable les villes d'Oran et Ain Témouchent (20 hm³ par an) et irriguer le périmètre de Maghnia et son extension (15 hm³).

Dans ces conditions, le barrage de Béni-Bahdel répondra aux besoins de l'AEP du couloir ouest (7 hm³ par an) engendré par l'arrêt de la production de la station de dessalement de Souk Tleta et aussi pour soutenir l'AEP de Tlemcen et les agglomérations de la zone est et sud de la ville (10 hm³ par an). L'excédent de la réserve du barrage de Béni-Bahdel qui est estimé selon la DRE de Tlemcen à quelque 5 à 10 hm³ par an sera affecté au périmètre de Maghnia et ce, en fonction de l'année hydrologique. Au stade actuel et pour répondre à la demande de la wilaya, l'ONID a été chargé d'examiner le dossier visant l'extension du périmètre irrigué de Maghnia sur 2.500 hectares à partir du barrage de Hammam Boughrara tout en procédant ensuite à une expertise de l'ouvrage en question.