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LE VIOL DE L'ACTE POLITIQUE

par Abdou BENABBOU

Malmené, bafoué, perverti, violé, l'acte politique a été dévoyé depuis l'ancestrale civilisation grecque pour figer un rite donnant un sens difficilement convenu à la démocratie. Remontant à la nuit des temps, la définition de celle-ci s'impose dans la réalité comme la prédominance de la majorité sur une minorité et s'établit dans les faits comme une dictature de la majorité. Le sujet a fait et continue toujours de faire débat sans que la société humaine trouve une issue. L'acte de voter reste incontournable pour souligner la rigueur d'un choix paradoxalement à l'opposé de l'unanimité.

Quand un mal ou peu élu prend pour premier engagement d'être le représentant de tous, il met le doigt sur une anomalie représentative source de toutes les inconvenances et perturbations qui secouent en permanence la majorité des peuples de ce monde. On le voit bien, l'universalité de la culture électorale a pris des rides sérieuses et la citoyenneté est de plus en plus dépourvue de bases rigoureuses pour se déployer. L'alternance politique pour le transfert des pouvoirs si réclamée et l'offre d'un rôle à une opposition pour garantir une bienséance à ce qui est compris jusqu'ici comme démocratie a, on le voit avec clarté, une recette s'avérant inopérante pour répondre aux multiples attentes des peuples.

L'étiolement des structures politiques classiques et la montée des extrêmes prouvent que l'accompagnement des populations dans leurs exigences quotidiennes a besoin d'une profonde innovation dans la compréhension de la démocratie et que l'acte politique réclame avec insistance une nouvelle définition. Les perturbations sociales généralisées qui secouent de plus en plus le monde entier poussent irrémédiablement vers cette nécessité.

L'unanimisme est certainement impossible car les êtres sont différents. Mais aussi différents qu'ils soient, à la faveur des préoccupations communes et du partage obligé de l'espace commun s'érige fatalement un intérêt commun.

Pour tous les Algériens, il est dans la recherche de la garantie du bonheur futur de leurs enfants. Pour ce faire, si la philosophie de la touiza pourrait être un socle rénovateur pour une réelle démocratie, elle donnera un sens à l'acte politique.