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La gestion des déchets dangereux, en débat du jour, au CRASC: «Il faut expertiser tous les bâtiments construits avant 2005»

par S. M.

  Toutes les constructions réalisées en Algérie avant 2005 contiendraient de l'amiante, une matière hautement cancérigène. C'est ce qui a été révélé, mercredi, dans un point de presse animé par le Pr Ouardas Tayeb, expert international en Géorisque, Environnement et Risques majeurs, au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC). Cet expert international a précisé que l'amiante, jadis qualifiée de matière miracle pour ces caractéristiques d'isolement thermique, acoustique et électrique, était utilisé dans la fabrication de plus de 3.000 matériaux de construction.

Ce matériau largement utilisé dans le bâtiment car peu onéreux a toutefois, de graves inconvénients pour la santé humaine. L'inhalation de fibres d'amiante est dangereuse pour la santé. Il suffit d'une ou deux fibres au maximum pour provoquer un cancer du poumon. De 400 à 500 fois moins épaisses qu'un cheveu, les fibres d'amiante sont invisibles dans les poussières de l'atmosphère.

Inhalées, elles peuvent se déposer au fond des poumons et provoquer des maladies respiratoires graves : plaques pleurales, cancers des poumons et de la plèvre (mésothéliome), fibroses (ou asbestose)... Certaines maladies peuvent survenir après de faibles expositions mais la répétition de l'exposition augmente la probabilité de tomber malade. Les effets sur la santé d'une exposition à l'amiante surviennent souvent plusieurs années après le début de l'exposition. Les effets peuvent se manifester jusqu'à 40 ans après le début de l'exposition, y compris après le départ à la retraite. Le conférencier a ainsi préconisé d'expertiser tous les bâtiments construits avant 2005, date de la mise en vigueur de la réglementation interdisant l'utilisation de ce produit.

Concernant la gestion des déchets dangereux et en particulier les déchets hospitaliers, le conférencier a tenu à souligner que les « incinérateurs » opérationnels dans les établissements hospitaliers, à travers le territoire national sont en réalité des « brûleurs » qui produisent des gaz hautement toxiques. Sur sa lancée, il a signalé que l'incinération est une option coûteuse pour l'environnement et le Trésor public, tout en ajoutant qu'un seul incinérateur industriel coûte en moyenne 200 millions de dollars. Le conférencier a recommandé ainsi l'équipement des grands établissements hospitaliers par des banaliseurs industriels pour régler définitivement le problème de traitement de ces déchets extrêmement dangereux. Les banaliseurs industriels permettent de transformer les déchets potentiellement contaminés en déchets de type ordures ménagères (OM). La banalisation des déchets d'activité de soins est une alternative économique à l'incinération. Le procédé garantit, par ailleurs, une sécurité maximale, en limitant le transport de déchets dangereux sur la route et en réduisant de plus de 80 % le volume des déchets.

La nouvelle technologie garantit la stérilisation à cœur, grâce au brassage des déchets pendant tout le cycle de traitement, des coûts d'exploitation faibles grâce à une consommation d'eau réduite. Elle assure une évacuation séparée des liquides et des solides en fin de cycle qui limite les odeurs.

Cette nouvelle technique, dite banaliseur, est un procédé qui supplée l'incinérateur, et est apte à neutraliser complètement les germes. Le banaliseur, comparativement aux incinérateurs conventionnels y compris ceux dotés de filtres, offre, en outre, un meilleur rapport qualité/environnement, et permet de réduire les déchets dans leur tonnage et leur forme, en les rendant assimilables aux ordures ménagères.