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De nouvelles mesures dans un à deux mois: Tour de vis pour juguler le terrorisme de la route

par Houari Barti

Le ministère des Travaux publics et des Transports a finalement décidé de sévir en durcissant les mesures coercitives contre les chauffards et autres «terroristes» de la route, a annoncé hier un communiqué du ministère des Transports.

Le ton a été donné dès lundi dernier, lors des travaux du Conseil des ministres, où le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avait ordonné «le durcissement, de concert avec le ministère de la Justice, des mesures de dissuasion et de répression contre tout comportement criminel dans la route, notamment à l'encontre des transporteurs collectifs. Le chef d'Etat a ainsi donné instruction pour le recours aux moyens technologiques de contrôle à distance de la vitesse, mettant en avant la nécessité de passer à la double dissuasion en vue de préserver les vies humaines. Outre le retrait immédiat, à titre conservatoire, des documents d'exploitation des transporteurs à l'origine de ces accidents, le ministère des Transports a annoncé, selon la même source, une batterie de mesures coercitives en vue de juguler «le terrorisme des routes» à l'origine de la mort de milliers de citoyens par an. Des brigades mixtes composées d'éléments relevant des services des directions des Transports de wilayas (DTW) et des services de sécurité seront ainsi chargées d'effectuer des contrôles inopinés sur l'ensemble du réseau routier et des gares routières. Les transporteurs exerçant sur les lignes de longue distance seront obligés d'avoir un deuxième conducteur et à respecter le temps de conduite et de repos obligatoire. Aussi, un fichier par wilaya de l'ensemble des conducteurs de transport de personnes et de marchandises sera mis en place pour assurer un suivi particulier des conducteurs occasionnant des accidents, a indiqué le ministère dans son communiqué. Dans ce sillage, on annonce également l'entrée en service «prochainement» d'un numéro vert permettant aux voyageurs de signaler les infractions liées à la circulation.

Des mesures qui ont été abordées et expliquées avant-hier à Alger par le ministre des Travaux publics et des Transports, Farouk Chiali, qui a annoncé leur mise en exécution dans un à deux mois. «Des mesures rigoureuses seront prises, dans un à deux mois, à l'encontre des conducteurs responsables de la mort de voyageurs ou de piétons», a déclaré M. Chiali lors d'une visite d'inspection à la gare routière du Caroubier. Selon M. Chiali, l'auteur d'un accident de circulation sera puni en tant que «criminel» si sa responsabilité directe est établie, notamment l'infraction avérée et préméditée au code de la route entraînant des victimes. Dans son plaidoyer contre la criminalité routière, le ministre des Travaux publics a souligné le rôle du facteur humain comme étant à l'origine de la majorité des accidents de la route enregistrés avec 96,4% contre 1,7% en raison de l'état des routes. «Certains conducteurs mettent des vies humaines en péril à l'effet de gagner un peu de temps sans réfléchir aux conséquences désastreuses qui peuvent découler de leur comportement, à savoir des morts, des blessés, des veuves et des orphelins en plus des problèmes sociaux engendrés», a-t-il dit. La mesure la plus à même à dissuader les chauffards reste, cependant, selon les spécialistes de la route, celle obligeant les camions et les bus de transport de voyageurs à se doter de chronotachygraphes, des appareils qui font fonction de «mouchard» ou de «boîte noire», permettant de vérifier la distance parcourue, la vitesse, le temps de conduite et les temps de repos. Les coûts de ces appareils, a fait savoir le ministre, seront supportés par l'Etat. A ce titre, il importe de rappeler que l'article 49 de la loi 05-17 du 16 février 2017 relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière stipule que «les véhicules de transport de marchandises, dont le poids total autorisé en charge ou poids total roulant autorisé est supérieur à 3.500 kilos et les véhicules de transport de personnes de plus de neuf (09) places, y compris celle du conducteur, doivent être équipés d'un chronotachygraphe», en vue de les contrôler. Dans le même article, les conducteurs son assujettis, dans l'exercice de leur activité, au respect des temps de conduite et de repos réglementés. «Il est inconcevable qu'un chauffeur conduise pendant plus de 10 heures d'affilée. Tout chauffeur, aussi compétent soit-il, ne peut échapper à la fatigue, ce qui augmente les probabilités d'accidents» a déclaré M. Chiali.

Ces décisions, rappelle-t-on, interviennent dans un contexte marqué par une recrudescence tragique des accidents de la route, notamment celui ayant causé la mort de 08 personnes et des blessures plus ou moins graves de 22 autres mardi dernier sur la route reliant Annaba et Souk-Ahras.