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Prévisibles
et attendues, les catastrophes routières se multiplient et les explications sur
les drames engendrés à travers tout le territoire national se confinent avec
une simplicité déroutante sur des histoires de fatigue, de non-respect du code
de la route quand ce n'est pas la primaire inconscience qui est montrée du
doigt. L'hécatombe qui emporte aujourd'hui des familles regroupées pour un
fatidique mauvais sort a des origines autrement plus profondes, et le fait
qu'une charrette tirée par un âne sur un boulevard bénéficie de commodes égards
et oblige qu'on lui accorde toutes les priorités symboliserait à lui seul un
véritable décalage civilisationnel. Le taire ou le cacher serait une fuite en
avant certaine et il n'est pas profitable de se cacher derrière des
explications usitées pour définir les comportements assassins de plus en plus
de conducteurs de véhicules.
La transgression des règles élémentaires du code de la route naît d'abord d'un dérèglement mental provoqué par une multitude de contraintes sociales qui rendent difficile le partage tranquille de l'espace commun. Le chauffeur d'autobus qui conduit ses passagers vers la mort n'est pas seulement victime d'un manque de sommeil. Derrière sa conduite suicidaire s'imposent souvent à lui tous les constituants économiques et sociaux qui ont fait de lui une pâte humaine propice à ne prodiguer que le drame. Dans bien des cas, sa contestable adaptation au marché du travail a fait de lui un piètre cordonnier habilité à opérer un malade. Une multitude de distorsions sociales, comme celle de la conduite sur les routes, empoisonnent et entravent la fluidité des comportements censés installer une citoyenneté confortable. La violence routière comme toutes les autres est le signe de l'absence d'arguments pour signifier une existence quand l'éducation, le savoir, la culture et tous ces attributs qui font d'une société une société civilisée viennent à manquer. Dans un tel cas de figure, malheureusement, il ne reste comme paravent que la violence de la loi. |
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