Le professeur Kamel Bouzid,
chef de service d'oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), a estimé
hier que le «manque de budget n'est pas une excuse valable pour justifier
l'insuffisance de médicaments destinés au traitement du cancer».
Invité à l'émission
«L'invité de la matinée» de la radio chaîne 1, le Pr Bouzid considère que cette
«justification» est «inacceptable», expliquant que ce problème «s'est accentué»
durant l'année dernière, alors que «sa résolution est facile et rapide». «Cette
justification est totalement inacceptable, surtout si l'on sait qu'au cours de
la période 2015-2019, la Caisse de sécurité sociale a financé ses homologues
française et belge pour environ 30 millions d'euros par an, soit 150 millions
en cinq ans, un montant très important qui aurait pu être utilisé pour financer
des médicaments destinés aux hôpitaux publics et privés algériens», note le Pr
Bouzid. L'invité de la radio a également souligné que cette pénurie fait non
seulement souffrir les malades du cancer, mais pousse «les plus aisés parmi
eux» à s'approvisionner «en Turquie, au Maroc ou en France pour environ 6.000
euros par séance», alors qu'il faut 12 séances. «En d'autres termes, dit-il,
celui qui a de l'argent est traité, alors que les pauvres meurent par manque de
soins». Cependant, l'intervenant estime que «la prise en charge des cancéreux
s'est quelque peu améliorée depuis la mise en œuvre du Plan national de lutte
contre le cancer durant la période 2015-2019». Cette amélioration est due,
selon lui, à la réalisation de «50 centres anti-cancer au niveau national,
contre seulement 7 en 2011», dit-il encore. Concernant le nombre de cancéreux,
le professeur Kamal Bouzid a révélé que l'Algérie a enregistré «50.000 nouveaux
cas et 20.000 décès en 2019», notant que le cancer du sein dépasse les autres
types de cancers chez les femmes avec 12.000 nouveaux cas avant le cancer du
côlon, alors que le cancer du côlon est chez l'homme (depuis 2015) plus
fréquent que celui du poumon. Ajoutant que «1.500 nouveaux cas de cancer ont
été recensés chez des enfants de moins de 16 ans». Selon lui, les registres du
cancer de l'Institut national de santé publique (INSP) prévoient «d'enregistrer
environ 60.000 nouveaux cas par an à l'horizon 2025 et environ 70.000 cas/an à
l'horizon 2030».