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Le gouverneur de la Banque d'Algérie: Les réserves de change à 62 milliards de dollars

par R.N.

Les réserves de change de l'Algérie ont reculé pour atteindre 62 milliards de dollars actuellement, a indiqué hier à l'APS le Gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Aïmen Benabderrahmane, en estimant que ce niveau de réserves était «appréciable». «Nous sommes à 62 milliards de dollars de réserves et c'est un niveau appréciable», a déclaré le gouverneur à l'issue d'une réunion de concertations avec les PDG des banques de la place. A fin avril 2019, les réserves de change du pays étaient de 72,6 milliards de dollars (mds USD), contre 79,88 mds USD à fin 2018 et 97,33 mds USD à fin 2017. La loi de finances (LF) de 2019 tablait sur 62 mds USD de réserves de change à la fin de l'année écoulée alors que la LF de 2020 prévoit une contraction des réserves à 51,6 mds USD (soit 12,4 mois d'importation) à la fin de l'année en cours.

Par ailleurs, Aïmen Benabderrahmane a appelé les banques de la place à faire de l'inclusion financière leur préoccupation majeure et quotidienne afin de pouvoir capter l'importante épargne non bancarisée. Le gouverneur, installé la mi-novembre à la tête de la Banque Centrale, a souligné que l'inclusion financière «ne doit plus rester un vœu pieux» mais constituer en revanche «la préoccupation majeure et quotidienne» des banques. L'ouverture des comptes bancaires, tant en monnaie nationale qu'en devises étrangères, doit ainsi être «facilitée et encouragée», tout comme l'accès au crédit, a-t-il préconisé. La place bancaire algérienne, avec à peine 1664 agences et un taux de couverture d'une agence pour 27.587 habitants, alors que la norme mondiale est d'une agence pour 5.000 habitants, se positionne dans un piètre classement. Pour M. Benabderrahmane, la situation actuelle du secteur bancaire en Algérie mérite de «s'y appesantir et d'engager une réflexion profonde à même de permettre à ce secteur de s'émanciper et d'intégrer les standards internationaux en termes de Gouvernance, de processus de gestion mais aussi et surtout de mobilisation et d'utilisation de l'épargne».

Ce dernier aspect «doit nous interpeller au plus haut niveau», a-t-il soutenu, en soulignant les faibles performances du secteur en la matière. Ces contreperformances sont dus «certainement à des facteurs exogènes, mais aussi à des pratiques internes, imprégnées de certains reflexes bureaucratiques, notamment lorsqu'il s'agit de dépôts ou de retrait de gros montants». C'est que les déposants de ces montants hésitent généralement à recourir à des dépôts importants, de crainte de ne pouvoir récupérer leurs avoirs au moment voulu, ce qui induit une méfiance du grand public envers le secteur bancaire, analyse de gouverneur.  

Revoir le mode de fonctionnement des banques

Pour pallier les défaillances, notamment en matière d'inclusion bancaire, il faudrait, selon lui, «regagner la confiance des usagers, des opérateurs et des clients» en passant par une révision des modalités et des modes de fonctionnement des banques et des établissements financiers. De plus, l'amélioration de la qualité des services, l'accompagnement des clients dans leurs projets, l'activité de conseils, les actions régulières de marketing doivent prévaloir dans les processus de gestion quotidienne des banques et des établissements financiers.

Des actions de proximité sont souhaitables, poursuit M. Benabderrahmane, pour familiariser le citoyen avec l'environnement bancaire, mais particulièrement avec les activités bancaires et à l'apport éventuel de ces dernières dans sa vie quotidienne. La modernisation des banques à réseau, en exercice actuellement en Algérie, doit, en outre, s'accommoder avec la conversion numérique pour capter des parts de marchés certaines.      

«La digitalisation ne doit plus être une allégorie, mais une réalité accessible», a-t-il dit en invitant les banques à faire montre de plus d'agressivité, d'imagination et d'innovation pour asseoir une politique de digitalisation assurée. Et tout comme la gouvernance, la gestion des risques gagnerait à être améliorée, notamment en ce qui concerne la norme réglementaire de liquidité, a encore recommandé le gouverneur.        

Le non-respect par certaines banques de cette norme est «la conséquence directe de la détérioration de la qualité des portefeuilles détenus par elles, ce qui signifie à la base, une insuffisante des dispositifs de gestion des risques», a-t-il affirmé. Les risques bancaires sont donc appelés à «être constamment mis à jour et renforcés, à travers notamment une révision de leur cartographie».