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En représailles à l'assassinat de Soleimani: L'Iran tire des missiles sur des bases américaines en Irak

par R. N. et Agences

L'Iran a mené hier des frappes contre des bases militaires américaines en Irak, en représailles à l'assassinat du général Qassem Soleimani, chef des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution visé par une frappe de drone à Bagdad.

Des missiles ont été tirés sur des bases abritant des soldats américains en Irak. Une riposte attendue qui marque une «nouvelle phase». L'«opération Martyr Soleimani», a été lancée dans la nuit, à l'heure à laquelle le puissant général iranien a été tué vendredi dernier. En tout, 22 missiles sol-sol se sont abattus sur deux bases américaines d'Aïn al-Assad (ouest) et Erbil (nord), où sont stationnés des soldats US parmi les 5.200 déployés en Irak. Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a salué une «gifle à la face» des Etats-Unis. Et d'ajouter qu'il est nécessaire que «la présence corrompue des Etats-Unis dans la région prenne fin».»Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre, mais nous nous défendrons», a abondé Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie qui a indiqué que les représailles «proportionnées» de la nuit, qui ont notamment ciblé «une base d'où ont été lancées des attaques lâches contre nos citoyens et officiers de haut rang», étaient «terminées».

Trump minimise

Ces raids, qui selon l'armée irakienne n'ont pas fait de victime dans ses rangs, n'avaient pas suscité de riposte immédiate, beaucoup redoutent toutefois une escalade dans la région. Pour le spécialiste des groupes chiites armés Phillip Smyth, «des missiles balistiques ouvertement lancés depuis l'Iran sur des cibles américaines marquent une nouvelle phase». L'Iran «a envoyé une réponse publique et d'ampleur», «un signal». La suite, affirme-t-il à l'AFP, pourrait être confiée «aux agents de l'Iran», à savoir les nombreuses factions armées pro-Téhéran en Irak, au Liban, en Syrie ou ailleurs.

Pour sa part, l'Irak a indiqué en avoir été prévenu par «un message verbal» de Téhéran, «au moment» où les Américains appelaient pour indiquer que des missiles s'abattaient sur les bases où ils se trouvent. La France et la Grande-Bretagne, dont des forces sont présentes en Irak dans le cadre de la «coalition internationale antidjihadistes», ont indiqué que ces frappes n'avaient pas fait de victime dans leurs rangs. Londres a néanmoins exprimé sa «préoccupation» quant à des «informations faisant état de blessés». Le site internet de la télévision d'Etat iranienne, citant une «source informée» au sein des Gardiens de la Révolution, a évoqué la mort de «80» Américains. Mais ce bilan n'a pas du tout été étayé. Réagissant dans un premier temps à ces tirs de missiles, Trump a indiqué que «l'évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu'ici, tout va bien!». Il est intervenu plus tard dans la journée pour affirmer qu'aucun Américain n'avait été touché dans les frappes iraniennes en Irak et que l'Iran «semble reculer», avant de s'en féliciter. Il a par la suite annoncé de nouvelles sanctions «immédiates» contre l'Iran.

Selon des informations de presse citant un responsable américain, les forces de la coalition ont été prévenues à l'avance des frappes mais la provenance de cet avertissement n'était pas claire.

«Via nos canaux de renseignement, nous avons été avertis qu'une possible attaque était imminente», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'armée norvégienne, qui compte environ 70 soldats sur la base d'Aïn al-Assad.

A la suite de ces nouvelles violences, l'agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) a interdit aux avions civils américains le survol de l'Irak, de l'Iran et du Golfe, de même qu'Air France, Lufthansa ou encore KLM. Peu après, un Boeing ukrainien s'est écrasé après son décollage de Téhéran en direction de Kiev, faisant environ 170 morts -majoritairement des Iraniens et des Canadiens- sans que la cause de ce crash ne soit connue.

Washington appelée à rappeler ses troupes

Les Gardiens de la révolution ont conseillé à Washington de rappeler ses troupes du Moyen-Orient pour «éviter de nouvelles pertes». Ils ont aussi menacé «des gouvernements alliés» des Etats-Unis, en premier lieu les Etats du Golfe, pris entre Iran et Irak, et Israël.

Avant même les frappes de la nuit, plusieurs Etats membres de la coalition antidjihadistes emmenée par les Etats-Unis ont annoncé sortir leurs soldats d'Irak, après des dizaines de tirs de roquettes depuis des semaines sur des bases les abritant. Si la France et l'Italie disent rester, Canadiens et Allemands ont redéployé une partie de leurs troupes vers la Jordanie et le Koweït. L'Otan a décidé de retirer temporairement une partie de son personnel. Trump écarte tout départ, alors que le Parlement irakien réclame l'expulsion des troupes étrangères. Le raid qui a tué Soleimani a galvanisé le sentiment antiaméricain au Moyen-Orient et créé un rare consensus contre Washington. Le Parlement iranien a décrété toutes les forces armées américaines comme «terroristes».