Une pluie fine, accompagnée
par une baisse sensible des températures, et ce sont les premiers signes de la
saison hivernale. De toute manière, de nombreux fellahs se sentent soulagés, à
l'orée de la campagne labours-semailles qui vient de démarrer. Le froid, lui,
fait changer quelques comportements chez les gens et ramène avec lui son lot de
gestes et reflexes que certains commencent déjà à assimiler. Tôt le matin,
l'air frisquet donne l'idée au Tébessi d'aller chez
baba Youcef déguster un bol de pois chiche bien assaisonné, quand d'autres
préfèrent un beignet encore chaud. Donc, les habitudes culinaires prennent une
autre allure. Pour se protéger du froid, il faut bien manger, disait une
sagesse. Pendant ce temps-là, les rues du centre-ville s'enlisent dans les eaux
pluviales boueuses. Les déchets drainées viennent à leur tour boucher les
quelque avaloirs encore opérationnels. Les cafés font le plein. On s'y entasse
comme on peut. Les discussions ne s'arrêtent pas. Les dernières décisions du
gouvernement font réagir les gens, l'ANSEJ, la permanisation
des jeunes bénéficiaires des contrats du pré-emploi, la hausse des pensions des
handicapés, avec comme toile de fond, un commentaire sur la situation générale
du pays. Dehors, la pluie continue de tomber. Quelques piétons martèlent le
bitume. Rapidement ils se dirigent les uns vers leurs lieu
de travail, les autres au marché couvert de la ville.
Les enfants hâtent le pas en
rentrant chez eux. Tébessa en ce mois de novembre donne l'impression d'une cite
recroquevillée sur elle-même. les habitants s'estiment
quelque peu heureux. Faute de mieux, la vie fait son bonhomme de chemin. Pas
beaucoup de perspectives. Enfin les lendemains seront moins incertains. Sur
cette note teintée d'optimisme, le voisin de la table du café Essaâda conclut sa réflexion, pincée d'un humour noir
corrosif.