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L'étude du plan d'aménagement finalisé depuis des mois: Le projet d'ouverture du port d'Oran sur la ville tarde à voir le jour

par H. S.

  Finalisée et devant être soumise à débat depuis plusieurs mois, l'étude du plan de réaménagement du port d'Oran en vue de son ouverture sur la ville, sous l'effet d'entraînement que provoquera inévitablement le passage de la pénétrante autoroutière en voie d'achèvement, n'a pas été encore présentée à la wilaya pour son approbation.

L'intérêt qu'il revêt et l'enjeu qu'il présente étant trop importants pour qu'il soit réduit en une petite séance technique en vase clos, le plan d'aménagement du port d'Oran devait être, on s'en souvient, faire l'objet d'un débat général, d'après l'annonce faite en avril 2019 par le précédent wali d'Oran, Mouloud Cherifi. On se rappelle de sa phrase : « la ville a au moins un droit de regard sur le devenir de son port » en guise d'argument pour la tenue d'une rencontre-débat, ponctuée par la présentation de l'étude du plan d'aménagement du port, qui devait être organisée dès la finalisation « à très brève échéance » de ce document.

Ayant eu un feedback largement positif, y compris sur les réseaux sociaux, quelques avis avaient même suggéré qu'il serait souhaitable, dans la forme, que le « workshop » prévu quitte les murs de l'hémicycle pour aller s'installer au sein même du port, histoire de voir les choses en 3D, en réel, après (ou avant) la projection vidéo de l'étude. Histoire aussi, voire d'abord, de donner cette symbolique de vouloir faire fondre les frontières entre la ville urbaine et la ville-port, entre la chose publique « lato sensu » et la chose portuaire « stricto sensu ». Il y a lieu de rappeler en outre que la première étude a été ficelée il y a près de sept mois et a été présentée à deux reprises au wali de l'époque, qui avait promis qu'« une fois l'étude finale me sera remise, elle fera l'objet d'une grande séance de présentation ». Sans s'attarder sur le contexte et les objectifs de ce projet, sur lesquels il s'était étalé à maintes occasions, l'ex-wali avait évoqué une « petite contrainte », selon lui, à savoir « les abris de pêche que nous devrions déplacer dans la perspective d'ouvrir tout cet espace, mais que les marins-pêcheurs veulent qu'ils soient près d'eux, dans leur voisinage immédiat ».

LA « GRANDE » PRESENTATION QUI N'A JAMAIS EU LIEU

« Nous avons ainsi demandé au bureau d'études de nous faire deux ou trois propositions afin d'élargir notre champ d'intervention, ce à quoi il s'attelle. Deux ou trois variantes sont en cours de maturation par le maître d'œuvre avec l'ensemble des services portuaires. Je leur ai dit que si une proposition ne fait pas l'objet d'adhésion de tout le monde, elle est alors vouée à l'échec. Lors de ma dernière sortie en date au port, j'ai cru déceler un semblant d'adhésion générale autour de ce que nous envisageons. Il reste à espérer que tous les acteurs concernés concourront, chacun de son côté, à la mise à niveau et la modernisation de cet espace ». Y aurait-il une échéance pour la mise en œuvre du plan d'aménagement ? « Une fois l'étude finale présentée et soumise à approbation, nous serons fixés », avait-il répondu encore.

Selon nos sources, l'étude définitive a été ficelée et remise par le maître d'œuvre. Entre-temps, une délégation ministérielle s'est déplacée sur les lieux à deux ou trois reprises dans le but de dégager des solutions consensuelles aux problèmes qui se posaient dans le cadre de la mise en œuvre du plan de réaménagement du port d'Oran, et ce avec le concours de tous les intervenants dans le processus, dont en premier lieu l'Entreprise portuaire d'Oran (EPO) sous la tutelle du ministère des Transports et dont le portefeuille est géré par la GSP SERPORTS SPA. En attendant de connaître les éléments-clés de ce plan d'aménagement lors d'une éventuelle séance de présentation qui lui sera consacrée prochainement, il ne fait aucun doute que ce plan devra apporter un design soigné aux différents espaces de l'enceinte portuaire dont, bien sûr, le port de pêche.

Avec à la clé un traitement paysager tout au long de la ligne de la grille longeant la route du port jusqu'au tunnel de la pêcherie, qui adoucit visuellement cette fonction de barrière et offre par transparence une vue sur les activités d'industrie portuaire, de trafic de marchandises, de transport de voyageurs et de pêche, lequel équipement doit répondre en outre aux contraintes de sécurité internationales des zones portuaires (code ISPS). La réalisation d'une «terline» ferait partie intégrante éventuellement du projet, c'est-à-dire la création et/ou du réaménagement de zones tampons autour de cette zone portuaire pour favoriser son intégration avec une ville en expansion.

UN PORT INTEGRE DANS LA CITE ET NON RENFERME SUR LUI-MEME

Son impact visuel depuis plusieurs points de vue différents devrait être soigneusement évalué. Les pleins et les vides, les perspectives, les hauteurs des bâtiments et leurs formes volumétriques,... sont autant d'éléments sur lesquels il est possible d'intervenir pour optimiser l'intégration des sites d'interface ville/port dans le contexte urbain et portuaire existant. Les réflexions permettront de préserver et/ou créer des perspectives visuelles sur l'eau, les bassins, sur le patrimoine portuaire réutilisé, sur le port et ses activités. Il faut noter par ailleurs qu'une étude a été lancée il y a quelques mois pour l'aménagement d'une petite marina au niveau du port d'Oran, selon la direction de l'Entreprise de gestion des ports et abris de pêche (EGPP) d'Oran. L'étude en question aura à déterminer les futures constructions à bâtir et leurs vocations et à définir également les aménagements urbains à apporter ainsi que les constructions d'utilité publique à réaliser comme un poste de police, le siège de l'EGPP, une antenne de la direction de la Pêche et des Ressources halieutiques et des cases pour les pêcheurs. Les anciennes bâtisses donnant sur la mer seront rasées pour dégager la vue et seront remplacées par des restaurants, des terrasses, une aire de repos et autres structures qui ne doivent pas altérer la vue panoramique qu'offre ce site. Le budget, la durée des travaux et d'autres détails techniques devaient être définis à l'issue de la finalisation de l'étude de faisabilité. S'agissant d'un projet plutôt « léger » qui ne demande pas beaucoup de temps, il devra être réceptionné bien avant les JM-2021.

EN ATTENDANT... LE PORT DE PECHE DANS UN ETAT HONTEUX

En attendant, il est pour l'heure « urgent » de fédérer les compétences pour trouver des solutions garantissant une gestion pérenne de l'aire portuaire dédiée à la pêche et à la plaisance. Le port de pêche d'Oran est pour le moins dans une situation déplorable. Son plan d'eau offre aujourd'hui une image repoussante avec des huiles, des sachets et des bouteilles en matière plastique qui flottent en surface, de la boue et parfois même des épaves jonchées sur le terre-plein et dans le fond marin, sans parler des lacunes en matière de prestations et autres problèmes créés par les professionnels et les plaisanciers. Les actions de portée limitée n'ont pas apporté les éléments de réponse appropriés aux problèmes de cet espace, qui connaît une situation de saturation. Ultrasécurisé, recroquevillé sur lui-même dans une ville accueillante et en pleine métamorphose, le port d'Oran donne enfin des signes d'une volonté de s'entrouvrir, de passer au-dessus de ses barrières et de se noyer dans le milieu ambiant. Ce déclic quasi-inespéré, le mérite en revient à l'actuel wali. Certes, il n'y a pas une incompatibilité -encore moins une contradiction - entre la fonctionnalité du port et l'aspect sécuritaire qui lui est lié d'avec son ouverture sur la ville, mais certaines contraintes, au premier rang desquelles figure l'exiguïté de l'enceinte, sont de nature à limiter et à modérer les aménagements intérieurs susceptibles de donner à la marina un caractère touristique et convivial dans une certaine mesure.