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KHALIDA TOUMI ET LES PIQUE-ASSIETTES

par Abdou BENABBOU

L'ancienne ministre de la Culture a été finalement mise en prison. De sérieuses présomptions pèsent sur sa tête. Elles sont identiques, mot pour mot, aux griefs opposés à ses anciens collègues gouvernementaux incarcérés. Grosso modo, il s'agit de dilapidation de l'argent public, passe-droit et corruption. Il n'est pas nécessaire de s'attarder sur le parcours politique de la baroudeuse d'un temps du RCD ni sur la virevolte d'un militantisme connu. Tirer sur une ambulance n'est pas non plus conseillé car il est devenu patent que tous ceux qui sont inquiétés aujourd'hui n'ont été que de simples artificiers obéissant à un grand manœuvrier dont on ne sait pas ce qu'il est advenu de lui.

Khalida Toumi croyait dur comme fer comme ses compagnons d'infortune qu'elle était le pouvoir alors qu'elle n'a été qu'une désaffection calculée par une roublardise bien ordonnée.

A la vérité, ce que l'on lui reproche voile mal une dilapidation autrement plus dantesque que la distribution de quelques enveloppes légères pour graisser des pattes volontaires. Le réel sujet est le voyage déluré d'un chef omnipotent aveuglé par la recherche d'une gloire aléatoire pour se gaver des honneurs surfaits. On ne connaît pas encore combien de centaines de milliards ont coûté les parades ubuesques des Tlemcen et des Constantine qu'un homme a voulu transformer en capitales mondiales avec des qualificatifs surréalistes. On sait par contre que de telles manifestations n'ont servi qu'au bonheur des pique-assiettes et aux chapardeurs des serviettes et savonnettes des hôtels.

Puis il y a le reste. Tout le reste. Du totem mal fagoté aux w.-c. en marbre massif des temples des tsars alors que des milliers d'enfants entassés par soixantaines n'ont pas de chauffage en classe.

A la limite, la raison mal gardée peut fermer l'œil sur les incartades des bords ombragés de la grande autoroute, mais devait-on pour autant dans la lancée en prendre prétexte pour gaver des égos avec des artifices graveleux et licencieux que la bonne raison ne pouvait tolérer ?

L'ancienne ministre de la Culture devrait être jugée pour avoir été une marionnette au service de la culture de l'immoralité.