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Tébessa: Des discussions autour des élections présidentielles

par Ali Chabana

  Tout un chacun admet que la situation que traverse notre pays, l'Algérie, ne laisse personne indiffèrent, faut-il le répéter. Tout citoyen est sensible à l'actualité nationale dans son ensemble et les gens de toutes les catégories sociales ne cessent de l'exprimer, avec beaucoup d'émotions et d'interrogations, à travers les discussions improvisées çà et là.

Sur les terrasses des cafés, l'Algérie s'invite comme par enchantement ou par devoir de mémoire dans les débats, qu'on le veuille ou non. L'Algérie avec ses hauts et ses bas, ses déboires et ses espoirs, les avis se partagent et divergent. Les opinions s'entrechoquent, on est pour ou contre, chacun fait de sa propre analyse, parfois teintée de préjugés ou d'idées reçues.

La politique, l'économie, le social, la vie locale ou encore le foot sont passés en revue, ce sont les ingrédients de tous les jours. Ces gens viennent s'attabler pour déguster le café du matin, alors c'est l'occase pour vider son sac, d'une actualité encore brûlante, on fait dérouler le film des événements. « Quoi de neuf, aujourd'hui ? », apostropha l'un d'eux son voisin de table. « Combien de candidats entreront-ils en lice, pour les prochaines présidentielles, après l'élimination des quelques fanfarons ? », fera remarquer le jeune homme debout, son verre de café tenu droit. On fait défiler les noms des postulants pour faire dire aux autres que la fonction de président de la République n'est pas l'affaire de tout le monde et n'est guère une sinécure, et que le poste convoité demeure hautement sérieux et symbolique, exigeant tant de compétences et de probité intellectuelle.

Un vieux retraité, fervent de la scène politique, qui en épluchant ses journaux voulait se montrer devant ses camarades comme le mieux informé, avança son avis, avec hésitation, peut-être pour ne pas entrer en confrontation avec les autres, le débat contradictoire n'est pas notre fort. De quoi sera fait demain ? « Allons-nous faire comme nos voisins tunisiens, qui doucement mais sûrement tiennent le bon chemin, en instaurant les premiers jalons de traditions et pratiques politiques nouvelles, une expérience fort courageuse, pour édifier un Etat respectueux des droits civiques et sociaux ». Son intervention laissait quelques-uns dubitatifs.

Qu'en serait-il de nous, parviendrons-nous à remettre sur les rails nos institutions ? « Il faudra y bien penser, ça va de l'avenir de nos enfants », dira le monsieur en face, tout en lissant sa moustache et d'ajouter « ce sont les institutions de l'Etat, fortes et crédibles, qui feront les outils fiables pour construire l'avenir de la nation, attention encore à l'improvisation », avertit-il.

D'autres interlocuteurs intervenaient pour insister sur le rôle de la jeunesse, ses capacités de changement des mécanismes de gouvernance, sans porter atteinte à la stabilité et la sécurité du pays. Une jeunesse débordant de vitalité et de soif pour apporter sa contribution à l'édification d'une Algérie nouvelle, démocratique et ambitieuse. Le mouvement citoyen en marche est venu rappeler certaines vérités et bouleverser des clichés et des dogmes d'un pays immobile, bien englué dans ses problèmes qui n'en finissent plus. Le débat se prolongeait pour évoquer l'incontournable actualité locale de nos élus qui se dérobaient, de l'état des lieux d'une wilaya qui se cherchait encore, quand il s'agissait de projets de développement, de la gestion approximative et aléatoire de nos villes, livrées à elles-mêmes. Finalement, pour dire que l'Etat ça commence aussi par le nivellement par le bas. Et puis, la discussion se poursuivit pour aborder d'autres sujets, les dernières informations des joueurs algériens évoluant en Europe, les performances des uns et des autres et de leurs équipes respectives, quelques digressions de temps à autre, afin de dérider le débat dans la bonne humeur. Les commentaires acides vont bon train et font rire tous, nos amis se donnent rendez-vous pour demain, même heure, même lieu, car la discussion ne fait que commencer, d'autres faits viendront l'alimenter et la pimenter !