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Vendredi 1er Novembre, un wali et un hirak

par El Yazid Dib

Un vendredi exceptionnel qui tente de convoquer l'histoire à son secours, voire à sa résistance. Il était déjà ce vendredi programmé depuis le vendredi 5 juillet. Pour l'observateur, il aura à retenir hors Hirak et loin de tout vendredisme, une autre filouterie qui persiste à flouer encore la masse croyant toujours à sa niaiserie et qui consiste à exploiter avec populisme dénoncé la sacralité du 1er Novembre. Coïncidence calendaire à l'appui.

Ce wali d'ici ou d'ailleurs guette cette date et bien d'autres à charge de nationalisme pour offrir des logements à languir et finis depuis belle lurette ou croire inaugurer à l'occasion quelques choses et le comble aller en compagnie de sa cravate constater la douleur d'une veuve de chahid ou la souffrance d'un des derniers moudjahidine. Si le geste en soi relève de l'élégance morale et de la reconnaissance humaine, ce qui est par ailleurs insuffisant, il est mal ressenti quand il se fait pour le besoin d'une information médiatique. Pour une page facebook.

Il est censé à défaut d'anonymat, se faire en discrétion, à huis clos. L'humilité du responsable trouve toujours son expression intégrale dans le strict respect de la dignité d'autrui. Aller donc faire aussi du henné et de l'encens à Aïn Fouara durant ce Mouloud pointant et dire c'est là une mission de service public.

Cependant si l'intention fonctionnelle était de glorifier les acquis de Novembre, de rendre hommage à ses artisans et lui éviter les affres de l'amnésie, il aurait mieux fait de s'investir dans leur écriture, d'encourager les travaux de recherche et d'asseoir le souvenir douloureux sur des supports objectifs et pérennes.

Chaque année le même scénario, chaque année une cible. Il est devenu, ce wali du pays, le gardien de mémoire au lieu de sauver l'instant de la l'amère quotidienneté qui ronge ses administrés. La mémoire est une chose immatérielle, collective, impersonnelle.

Il ne doit pas faire des apparitions populistes, parfois folkloriques, privilèges des partis, mais avoir du souci quant à l'épanouissement de l'individu.         La démagogie n'a jamais été dans la grandeur des légendes. Elle s'échoue au fur et à mesure de sa disposition en allant en finalité vers les abysses de la déjection.

On a beau à offrir par des visites ministérielles ou de sorties de walis du spectacle cherchant à confirmer que l'Etat existe. Cette existence que personne ne nie ni ne renie n'a pas à survivre sur des effluves que tout le monde tend à oublier sinon mettre dans le passif d'un passé pas trop anobli. L'Etat doit être visible dans le droit et dans la confiance citoyenne.

Pas en Novembre ou en quelques dates dites officiellement nationales. L'Algérie s'étend sur l'année, le jour et la nuit. C'est aussi une réappropriation du grand symbole fondateur de la nation mis depuis longtemps dans des enclos politiciens. Novembre n'est pas un attribut de poste d'un wali ou d'un ministre. C'est la naissance de toute fibre qui croît en chacun de nous.

Ce vendredi du hirak s'est embryonné depuis février, il est déjà né dans l'euphorie du jeudi. Il aurait vu de toutes les couleurs. En prime les couleurs nationales. C'est justement par cet étendard que les foules de tout bord scandent encore l'envie d'être plus libres, plus libérées et c'est pour lui seulement qu'elles appellent à la loyauté envers le serment de celles et ceux qui l'ont cousu de fer, de sang et de morts.

Ce vendredi 1er Novembre on y a tout vu. Il nous a fait voir un peuple, un rêve, une communion et aussi une frustration, une peur. Un avenir chancelant, mais prometteur et radieux. Il y a aussi dans l'air de vendredi, un air de malveillance et de goût à la déstabilisation des institutions encore debout. La perception que quelque chose se trame contre l'union du peuple, la symbiose de la nation dans sa pluralité est ressentie comme une menace, un péril. Il nous dicte que tout doit changer et doit se faire tel que promis dans son acte institutif. Une république unie, ni régence, ni khilafat. Démocratique, ni oligarchique, ni despotique.