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Des dégâts et des interrogations

par M. Aziza

  L'automne n'est pas encore là, mais le même scénario vécu durant les années précédentes se répète de la même manière, avec presque les mêmes dégâts et les mêmes interrogations.

Les secours de la protection civile sont intervenus suite aux fortes chutes de pluies qui se sont abattues sur plusieurs wilayas du pays, notamment à travers les wilayas de Laghouat, Djelfa, Bechar, Médéa, Tissemsilt, Tiaret, Tébessa et Sétif, durant les dernières 48 heures.

Plusieurs opérations d'épuisement des eaux pluviales ont été effectuées dans plusieurs wilayas. La Protection civile fait aussi dans la prévention en collaboration avec l'Office national de la météorologie, en publiant à chaque fois le bulletin spécial (BMS) de l'office sur les réseaux sociaux. Elle a dans ce sens, publié hier sur sa page Facebook, un bulletin d'alerte de l'Office national de météorologie, prévoyant une activité orageuse accompagnée d'averses de pluie et de grêle, qui devait affecter hier plusieurs wilayas de l'Est du pays. Les wilayas concernées citées, Bejaïa, Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf, Souk Ahras, Guelma, Oum El Bouaghi, Constantine, Mila, Sétif, Bordj Bou Arreridj, Batna, nord de Tébessa et nord de Khenchela, précise le BMS, ajoutant que les cumuls prévus atteindront ou dépasseront localement 30 mm. Des pluies orageuses ont été également prévues dans plusieurs wilayas de l'ouest et le centre du pays.

Un bulletin d'alerte contre les inondations suffit-il ?

Lors des dernières intempéries, l'Office national de la météorologie a prévenu, quarante-huit heures avant l'émission du BMS, sur sa carte vigilance, les régions qui seront affectées par la pluviométrie. Météo Algérie tente de mobiliser ses moyens techniques et son savoir-faire afin d'alerter les citoyens et les pouvoirs publics lorsqu'une situation météorologique pourrait constituer une menace directe ou indirecte pour l'intégrité des personnes. Mais, force est de constater qu'en dépit de ces alertes, plusieurs cités ont été entièrement inondées par les eaux, causant des dégâts énormes. Les internautes se sont indignés à travers les réseaux sociaux, en diffusant des images de l'ampleur des dégâts causés par les intempéries dans différentes régions et différentes cités.

Certes, les prévisions météorologiques ne sont pas une science exacte mais restent un indicateur phare dans le système d'alerte et de prévention qu'il faut inévitablement prendre en considération. Or, même avec ces bulletins d'alerte, le pire n'est pas évité. Les unités d'intervention de la Protection civile ont été mises en alerte dès la réception des BMS. De même, des dispositifs mobiles ont été déployés dans les zones à risques, à proximité des oueds notamment. Mais, est-ce que tout cela suffit, certainement pas, puisque pratiquement chaque année nous enregistrons le même scénario.

Pourtant l'Algérie dispose d'un arsenal juridique assez important en la matière, une loi relative à la prévention des risques majeurs et des catastrophes existe depuis 2004. Une conférence nationale sur la gestion des risques de catastrophe a été tenue suite aux intempéries qui ont affecté plusieurs régions du pays en automne dernier, laquelle a abouti à l'élaboration d'une stratégie nationale de prévention des risques. Le département des ressources en eau avait même annoncé, en février dernier, la mise en place d'un réseau national de prévision des inondations à travers la réalisation de plusieurs stations dotées de technologies de pointe au niveau des sites exposés à ce risque. Il a identifié plus de 700 sites à risque d'inondation en Algérie dont la majorité de ces zones étaient sous contrôle.

Le décret exécutif n° 17-317 du 13 Safar 1439 correspondant au 2 novembre 2017 portant organisation de l'administration centrale du ministère des Ressources en eau définit clairement les missions de la direction de l'assainissement et de la protection de l'environnement. Celle-ci est chargée, en effet, d'élaborer et de mettre en œuvre, en concertation avec les structures et secteurs concernés, la politique nationale relative à la prévention, à la prévision et à la réduction des risques relatifs aux inondations. La même direction doit selon le décret, veiller au fonctionnement normal des infrastructures et des installations de protection des villes contre les inondations et d'élaborer et de mettre en œuvre, en concertation avec les structures concernées, le programme de mise en place des plans de prévention du risque inondation (PPRI), de suivre et d'évaluer les programmes de protection contre les inondations.

Sans parler du rôle des collectivités locales à propos des avaloirs bouchés, des lits d'oued voire des villes jonchées d'ordures, des routes défoncées, des travaux et des chantiers inachevés dans parfois l'anarchie la plus totale.