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«Aigle Azur» annule tous ses vols: Des «milliers» de passagers bloqués, l'Algérie affectée

par Moncef Wafi

La compagnie aérienne française «Aigle Azur» a annoncé, jeudi, l'annulation de tous ses vols à compter de vendredi soir, sans dédommagement garanti pour ses clients, et doit trouver un repreneur d'ici à lundi midi pour ne pas sombrer.

Une annonce qui laisse en rade des milliers de passagers bloqués, en Algérie ou au Mali. «La situation financière de la société et les difficultés opérationnelles en résultant, ne permettent pas d'assurer les vols au-delà du 6 septembre au soir», a précisé, dans un communiqué, la spécialiste des liaisons vers l'Algérie, qui représentent 50 à 60% de son activité. L'entreprise a, en outre, prévenu ses clients devant effectuer un vol retour au-delà de vendredi qu'ils seraient «contraints d'acquérir un autre billet retour. La situation financière de la société ne permet pas de garantir un dédommagement.» Après avoir interrompu, plus tôt, jeudi les liaisons en provenance ou à destination du Mali, du Brésil et du Portugal, ?Aigle Azur' a annoncé en fin de journée, d'abord à ses salariés, puis à ses clients, n'avoir d'autre choix que de clouer au sol l'ensemble de ses appareils.

Pour la dernière journée, vendredi, 44 vols ont été maintenus, tous à l'exception d'un seul reliant la France et l'Algérie. De son côté, l'Etat français cherche des solutions pour rapatrier «des milliers» de passagers affectés par l'arrêt des vols d'Aigle Azur, en redressement judiciaire, a déclaré, hier, le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari. «Nous discutons avec des compagnies aériennes françaises, avec le groupe Air France, pour mettre en place les solutions les plus appropriées et pour qu'aucun passager qui se trouve aujourd'hui, hors du territoire français, ne se retrouve sans solution», a-t-il expliqué. Pour rappel, plus de 200 passagers ont été bloqués à l'aéroport d'Alger, 2 jours durant, attendant le vol retour pour Toulouse. Mardi 3 septembre, «Aigle Azur a annoncé un retard, puis un départ prévu à 23h45. Dans cette attente, la compagnie a transféré les voyageurs dans un hôtel d'Alger. Ce mercredi matin, même scénario. Les passagers ont passé leur journée dans l'aérogare, toujours à l'affût d'un hypothétique vol retour», avait rapporté ?France Info'. Jean-Baptiste Djebbari a souligné que l'Etat français avait également, «gelé un certain nombre de dettes sociales et fiscales de manière à préserver l'activité le plus longtemps possible pour permettre, notamment, le rapatriement des passagers et la continuation de l'activité dans l'attente d'un projet de reprise». Un projet qui pourrait intéresser plusieurs repreneurs potentiels dont Lionel Guérin et Philippe Micouleau, anciens dirigeants du groupe Air France, selon des sources syndicales. Le nom du groupe Dubreuil, propriétaire d'Air Caraïbes, a également été évoqué. «L'Etat accompagne et tente de susciter des projets de reprise», a déclaré M. Djebbari. Il a souligné être «en contact avec d'autres compagnies mais aussi avec d'autres opérateurs aériens pour voir dans quelle mesure la reprise de l'activité peut s'opérer». En déplacement à Strasbourg, le ministre de l'Economie français Bruno Le Maire a évoqué, hier, «une offre principale» de reprise, sans toutefois dévoiler l'identité de ce repreneur potentiel. «Il y a une offre principale sur laquelle nous travaillons» mais «je ne peux pas vous en dire plus parce que je souhaite qu'elle aboutisse et je ne veux pas affaiblir les discussions qui sont en cours», a-t-il déclaré à la presse.

D'autres offres «sérieuses» sont «envisageables» et «sur la table», a-t-il affirmé. L'accélération des événements est due à la dégradation de la trésorerie, loin des 25 millions d'euros évoqués en août par l'ex-P-dg Frantz Yvelin (il a démissionné mercredi dernier), selon Martin Surzur, président du syndicat de pilotes SNPL d'Aigle Azur et membre du comité d'entreprise. Il affirme qu'environ 15 millions d'euros sont bloqués, en Algérie, et «difficilement rapatriables» alors que Matignon a assuré que l'ambassade française, à Alger, faisait «toutes les démarches possibles» pour faciliter le rapatriement des fonds. Un problème déjà posé en 2015 lorsqu'Aigle Azur réclamait à Alger le rapatriement de 35 millions d'euros de recettes accumulées, entre 2002 et 2011, sur les ventes de billets en Algérie. Aigle Azur compte 1.150 employés, dont 350 en Algérie. La compagnie dispose d'une flotte de 11 avions et a transporté 1,88 million de passagers en 2018, année pendant laquelle elle a réalisé un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros.