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LE TRIANGLE CREATEUR DU PROGRES

par Abdou BENABBOU

La mission du panel de concertations chargé de formuler des propositions pour cimenter une des bases de l'avenir du pays tire, semble-t-il, à sa fin. On ne sait pas encore de quelle couleur serait peint le bétonnage. Les citoyens lambda que nous sommes ne savent que quelques bribes de ses activités sinon que le bien infortuné panel n'a pas rencontré la considération nécessaire au succès de son entreprise et que par moments il a même buté contre la ferme réticence de ceux qui l'ont désigné. Nous sommes tentés de déduire que son rôle a été circonscrit à celui d'un intermédiaire tenu de se limiter et à s'en tenir à être un docile porte-voix. De fait, il était sans doute inutile d'embarrasser des personnes choisies, engageant leur bonne foi pour prétendre préfigurer une recette politique susceptible de dégager le pays de la profonde crise dans laquelle il est empêtré.

Le breuvage âcre et amer que les Algériens boivent depuis des décennies ne peut de toute évidence s'édulcorer avec une sucrette et tout le monde sait que la gangrène recommande une franche amputation.

La nette impression de tourner en rond est évidente car pour tenter de la solutionner, l'équation algérienne ne saurait se suffire d'un changement de gouvernement quels que soient les griefs qui lui sont adressés ni d'un nouveau président de la République dûment habilité quand bien même il serait un messie. Les lourds impondérables perfusés durant plus d'un demi-siècle au cœur de la société sont si ancrés qu'il est indispensable de commencer par le bon sens. Tous les faits, gestes et comportements quotidiens sont déglingués pour que la rationalité soit la grande absente dans le pays. Sans elle, point de citoyenneté et sans la citoyenneté il est illusoire de parler de nation.

La citoyenneté suppose la justice équitable, l'ordre et la discipline. Ce triangle artisan du progrès ne peut s'établir sans des institutions fortes et crédibles. L'objectivité, la sagesse et les faits indiquent, malgré les manœuvres et les détours politiciens, que la seule institution encore debout reste l'armée et que rien ne pourra être entrepris sans elle. Mais tout en démontrant qu'elle est bien forte et debout, elle traîne avec elle depuis l'indépendance des tares qui ont fait la faiblesse du pays. Si elle dispose de la force, à elle aujourd'hui de se redorer d'une crédibilité.