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Ténès: Des membres d'une exploitation agricole craignent d'être expropriés

par Bencherki Otsmane

  D'une superficie de 30 hectares, dont la moitié est constituée de vignoble notamment du célèbre Muscat, les 18 membres de l'exploitation agricole collective (EAC) vivent toujours dans la crainte de voir leurs terres expropriées à tout moment au détriment de six investisseurs porteurs de projets dans le domaine du tourisme. Tout a commencé à la fin de l'année 2016 lorsqu'une commission dépêchée par un ex-wali et composée de représentants des secteurs du Tourisme, des Services agricoles et des Domaines s'est rendue sur le site pour informer les membres de cette EAC que leur terre qui borde la mer a fait l'objet d'une expropriation en vue de réaliser des infrastructures hôtelières. Une indemnisation a été même prévue d'un montant de 3 milliards de centimes.

Dans un premier temps les fellahs ont opposé un niet catégorique à cette proposition. Selon Elfraihi Mérouane, porte-parole de cette EAC, «devant le refus de céder nos terres, des menaces et des pressions sont devenues plus persistantes au point où la force publique et la justice ont été envisagées pour aboutir à la concrétisation du projet touristique». La situation était insoutenable, dira M. Elfraihi, à tel point que 12 personnes sur les 18 finiront par céder aux pressions et à accepter l'indemnisation. Les six autres membres restants de cette EAC ont eux aussi fini par capituler en janvier 2017 pour accepter l'indemnisation. En octobre 2018, un bureau d'études d'Alger s'est rendu sur le site pour effectuer les relevés topographiques et surtout délimiter les lots pour chacun des six entreprises en charge de la réalisation des différentes structures touristiques. Entre-temps et loin de s'avouer vaincus, les membres de cette EAC ont saisi le ministère de l'Agriculture. En mai 2019, la commission interministérielle (CIM) rend son verdict et adresse une lettre au wali actuel pour l'informer de surseoir au projet de construction en cours et de désigner des terrains autres que celui de cette EAC pour réaliser les différents projets. Selon M. Elfraihi, «cette décision de la CIM nous rassure et nous réconforte mais on vit toujours dans la crainte dans la mesure où nous avons perçu les indemnisations et que nous sommes prêts à rembourser à tout moment». Notre interlocuteur souhaite «la compréhension du wali à l'égard de notre démarche d'accepter l'indemnisation qui s'est faite sous la menace». M. Elfraihi tient à nous rappeler que pour cette année près de 1.000 quintaux de ce raisin de grande qualité ont été récoltés.