Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le système, où et quand ?

par Moncef Wafi

Qui de mieux qu'un enfant du système pour mieux dresser les contours du système ? Dans une contribution adressée à la rédaction de deux quotidiens, l'ex-chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, nous renvoie à cette triste réalité du système à l'algérienne, système «liberticide, antipolitique, anti-militance, anti-gouvernance, anti-institutions, anti-organisation et antinational», écrit-il, «que certains veulent préserver coûte que coûte». Hamrouche dissèque une matrice fondée sur des réseaux mafieux qui ont détruit l'économie nationale et noyauté les plus hautes sphères décisionnelles du pays. Il propose des définitions sur des aspects de la gouvernance que le 22 février a contribué à dénoncer et noircit une image déjà peu glorieuse de ce modèle qui n'en est pas un puisque ne ressemblant à aucun autre.

«C'est un non-système appelé système pour indiquer ses complexes négations», suggère l'ancien chef du gouvernement qui, quoi qu'on en dise, ne peut pas se dédouaner aux yeux des Algériens puisqu'il a fait partie de ce même système algérien. L'exercice est en lui-même fastidieux et on peut prêter à Hamrouche le courage de la critique mais le mal est fait, profond, vieux de l'âge de l'indépendance ou un peu plus tôt et n'était-ce ces milliers de paires de jambes qui ont marché et qui marchent depuis le 22 février, nous en serions toujours à vivre sous l'implacable joug de ce système que décrie Hamrouche dans sa contribution. Le diagnostic étant fait, connu depuis longtemps déjà, il est fort à craindre que la bonne volonté ne suffise plus aujourd'hui et que le rôle de spectateur ressemble à s'y méprendre à un acte de désertion devant l'ennemi. Parce que ce système, que Hamrouche dézingue, entretient encore sa capacité de nuisance, la preuve en est cette faculté à parasiter toutes les propositions de sortie de crise autres que celles imposées actuellement.

«Pour sa survie, il finira par briser la cohésion de l'ANP», alerte Hamrouche pour souligner le caractère exceptionnel du danger qui guette la stabilité du pays puisqu'il n'est un secret pour personne que la seule institution solide qui existe encore en Algérie reste l'armée. Et tout indique que les prochains jours devront acter le passage en force d'une présidentielle dont les conséquences seront une reconduite de facto de ce système que Hamrouche et tous les Algériens n'ont de cesse de dénoncer.