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Loi de finances 2020: Comment concilier rigueur et paix sociale ?

par R. N.

  L'avant-projet de la loi de finances 2020 sera soumis au gouvernement la semaine prochaine. Le président de l'APN, Slimane Chenine, avait estimé mardi important que cette prochaine loi ne comporte pas de hausses impactant le pouvoir d'achat des citoyens, tout en préservant les grands équilibres de l'Etat. Dans ce cadre, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah a «instruit le Gouvernement à la rigueur et à la rationalité dans l'élaboration de la loi de finances 2020, sans que cela ne se fasse au détriment de la politique sociale de l'Etat», selon un communiqué de la Présidence de la République. Le Premier ministre, Noureddine Bedoui, reçu mardi par Bensalah, a présenté un exposé sur les préparatifs de la loi de finance 2020 et les mesures adoptées par le Gouvernement pour la maîtrise de la dépense publique et la résorption du déficit budgétaire. Bensalah a insisté sur l'impératif d'éviter les dépenses, économiquement et socialement, injustifiées. «La rigueur et la rationalité, au titre de la loi de finance 2020, quand bien même elles sont une nécessité impérieuse dictée par la conjoncture difficile au double plan interne et externe, ne doivent pas se faire au détriment de la politique sociale de l'Etat, qui sera maintenue en ciblant les catégories démunies», selon le chef de l'Etat.

Par ailleurs, il a été question des mesures pour la pérennité des activités des entreprises privées dont les patrons font l'objet de poursuites judiciaires. A ce propos, le ministre des Finances, Mohamed Loukal, a indiqué à la presse au sujet des travailleurs des entreprises concernées, que leurs salaires seront versés «dans les prochains jours» et que «toutes les situations en suspens seront réglées». A la question de savoir si les emplois dans ces entreprises seront préservés, le ministre a réaffirmé qu'«aucun emploi ne sera supprimé; les emplois seront même consolidés grâce aux administrateurs». Le ministre du Commerce Saïd Djellab pour sa part avait indiqué, en réponse à une question sur les importations gelées de ces entreprises en raison du gel de leurs comptes bancaires, que «la désignation d'administrateurs à la tête de ces entreprises allait permettre de régler ce problème».

L'avant-projet de la loi de finance 2020 intervient dans un contexte très particulier, marqué par les manifestations populaires en cours depuis le 22 février et les poursuites judiciaires engagées contre plusieurs hommes d'affaires. Le président de l'Assemblée populaire nationale, Slimane Chenine, a averti mardi que la situation économique du pays était «de plus en plus tendue».

«Aujourd'hui, la prudence est requise quant à la situation économique de plus en plus tendue suite aux politiques inopérantes suivies par le passé, et qui étaient basées sur le monopole et l'économie de rente profitant à une clique au détriment du reste des citoyens», a affirmé M. Chenine lors de la séance d'ouverture de la session ordinaire du Parlement. Il ajoutera que cette situation était aggravée par «l'attentisme, l'absence d'esprit d'initiative et une frilosité excessive». Chenine a appelé à «l'accompagnement des entreprises économiques pour la reprise de leurs activités et le traitement de tout ce qui est susceptible de les entraver à travers des solutions économiques et non seulement administratives». Par ailleurs, M. Chenine a appelé à «tenir compte de la situation sociale difficile que connaît le pays avec la régression du pouvoir d'achat et le recul de certains indicateurs économiques». Il a souligné qu'il est «inacceptable la récurrence de problèmes qu'on croyait réglés, comme les coupures d'eau et d'électricité, les mauvaises prestations sanitaires et d'autres maux qui empoisonnent le quotidien des citoyens au moment où nous aspirons à une bonne rentrée sociale».